Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_17/HUG312
Victor HUGO
CHÂTIMENTS
1853
LIVRE PREMIER
LA SOCIÉTÉ EST SAUVÉE
XII
CARTE D'EUROPE
Des sabres sont partout | posés sur les provinces. 6+6 a
L'autel ment. On entend | ceux qu'on nomme les princes 6+6 a
Jurer, d'un front tranquille | et sans baisser les yeux, 6+6 b
De faux serments qui font, | tant ils navrent les âmes, 6+6 c
5 Tant ils sont monstrueux, | effroyables, infâmes, 6+6 c
Remuer le tonnerre | endormi dans les cieux. 6+6 b
Les soldats ont fouetté | des femmes dans les rues. 6+6 a
Où sont la liberté, | la vertu ? disparues ! 6+6 a
Dans l'exil ! dans l'horreur | des pontons étouffants ! 6+6 b
10 Ô nations ! où sont | vos âmes les plus belles ? 6+6 c
Le boulet, c'est trop peu | contre de tels rebelles ; 6+6 c
Haynau dans les canons | met des têtes d'enfants. 6+6 b
Peuple russe, tremblant | et morne, tu chemines ; 6+6 a
Serf à Saint-Pétersbourg, | ou forçat dans les mines. 6+6 a
15 Le pôle est pour ton maître | un cachot vaste et noir ; 6+6 b
Russie et Sibérie, | ô czar ! tyran ! vampire ! 6+6 c
Ce sont les deux moitiés | de ton funèbre empire ; 6+6 c
L'une est l'Oppression, | l'autre est le Désespoir. 6+6 b
Les supplices d'Ancône | emplissent les murailles. 6+6 a
20 Le pape Mastaï | fusille ses ouailles ; 6+6 a
Il pose là l'hostie | et commande le feu. 6+6 b
Simoncelli périt | le premier ; tous les autres 6+6 c
Le suivent sans pâlir, | tribuns, soldats, apôtres ; 6+6 c
Ils meurent, et s'en vont | parler du prêtre à Dieu. 6+6 b
25 Saint-Père, sur tes mains | laisse tomber tes manches ! 6+6 a
Saint-Père, on voit du sang | à tes sandales blanches ! 6+6 a
Borgia te sourit, | le pape empoisonneur. 6+6 b
Combien sont morts ? combien | mourront ? qui sait le nombre ? 6+6 c
Ce qui mène aujourd'hui | votre troupeau dans l'ombre, 6+6 c
30 Ce n'est pas le berger, | c'est le boucher, seigneur ! 6+6 b
Italie ! Allemagne ! | ô Sicile ! ô Hongrie ! 6+6 a
Europe, aïeule en pleurs, | de misère amaigrie, 6+6 a
Vos meilleurs fils sont morts ; | l'honneur sombre est absent. 6+6 b
Au midi l'échafaud, | au nord un ossuaire. 6+6 c
35 La lune chaque nuit | se lève en un suaire, 6+6 c
Le soleil chaque soir | se couche dans du sang. 6+6 b
Sur les Français vaincus | un saint-office pèse. 6+6 a
Un brigand les égorge, | et dit : je les apaise. 6+6 a
Paris lave à genoux | le sang qui l'inonda ; 6+6 b
40 La France garrottée | assiste à l'hécatombe. 6+6 c
Par les pleurs, par les cris, | réveillés dans la tombe, 6+6 c
— Bien ! dit Laubardemont ; | — Va ! dit Torquemada. 6+6 b
Batthyani, Sandor, | Poërio, victimes ! 6+6 a
Pour le peuple et le droit | en vain nous combattîmes. 6+6 a
45 Baudin tombe, agitant | son écharpe en lambeau ; 6+6 b
Pleurez dans les forêts, | pleurez sur les montagnes ! 6+6 c
Où Dieu mit des édens | les rois mettent des bagnes ; 6+6 c
Venise est une chiourme | et Naple est un tombeau. 6+6 b
Le gibet sur Arad ! | le gibet sur Palerme ! 6+6 a
50 La corde à ces héros | qui levaient d'un bras ferme 6+6 a
Leur drapeau libre et fier | devant les rois tremblants ! 6+6 b
Tandis qu'on va sacrer | l'empereur Schinderhannes, 6+6 c
Martyrs, la pluie à flots | ruisselle sur vos crânes, 6+6 c
Et le bec des corbeaux | fouille vos yeux sanglants. 6+6 b
55 Avenir ! avenir ! | voici que tout s'écroule ! 6+6 a
Les pâles rois ont fui, | la mer vient, le flot roule, 6+6 a
Peuples ! le clairon sonne | aux quatre coins du ciel ; 6+6 b
Quelle fuite effrayante | et sombre ! les armées 6+6 c
S'en vont dans la tempête | en cendres enflammées, 6+6 c
60 L'épouvante se lève ; | — Allons, dit l'éternel ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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