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C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_16/HUG224
Victor HUGO
LES VOIX INTÉRIEURES
1837
I
Ce siècle est grand et fort. Un noble instinct le mène. 6+6 a
Partout on voit marcher l'Idée en mission ; 6+6 b
Et le bruit du travail, plein de parole humaine, 6+6 a
Se mêle au bruit divin de la création. 6+6 b
5 Partout, dans les cités et dans les solitudes, 6+6 a
L'homme est fidèle au lait dont nous le nourrissions ; 6+6 b
Et dans l'informe bloc des sombres multitudes 6+6 a
La pensée en rêvant sculpte des nations. 6+6 b
L'échafaud vieilli croule, et la Grève se lave. 6+6 a
10 L'émeute se rendort. De meilleurs jours sont prêts. 6+6 b
Le peuple a sa colère et le volcan sa lave 6+6 a
Qui dévaste d'abord et qui féconde après. 6+6 b
Des poètes puissants, tête par Dieu touchées, 6+6 a
Nous jettent les rayons de leurs fronts inspirés. 6+6 b
15 L'art a de frais vallon où les âmes penchées 6+6 a
Boivent la poésie à des ruisseaux sacrés. 6+6 b
Pierre à pierre, en songeant aux vieilles mœurs éteintes, 6+6 a
Sous la société qui chancelle à tous vents, 6+6 b
Le penseur reconstruit ces deux colonnes saintes, 6+6 a
20 Le respect des vieillards et l'amour des enfants. 6+6 b
Le devoir, fils du droit, sous nos toits domestiques 6+6 a
Habite comme un hôte auguste et sérieux. 6+6 b
Les mendiants groupés dans l'ombre des portiques 6+6 a
Ont moins de haine au cœur et moins de flamme aux yeux. 6+6 b
25 L'austère vérité n'a plus de portes closes. 6+6 a
Tout verbe est déchiffré. Notre esprit éperdu, 6+6 b
Chaque jour, en lisant dans le livre des choses, 6+6 a
Découvre à l'univers un sens inattendu. 6+6 b
O poètes ! le fer et la vapeur ardente 6+6 a
30 Effacent de la terre, à l'heure où vous rêvez, 6+6 b
L'antique pesanteur, à tout objet pendante, 6+6 a
Qui sous les lourds essieux broyait les durs pavés. 6+6 b
L'homme se fait servir par l'aveugle matière. 6+6 a
Il pense, il cherche, il crée ! À son souffle vivant 6+6 b
35 Les germes dispersés dans la nature entière 6+6 a
Tremblent comme frissonne une forêt au vent ! 6+6 b
Oui, tout va, tout s'accroît. Les heures fugitives 6+6 a
Laissent toutes leur trace. Un grand siècle a surgi. 6+6 b
Et, contemplant de loin de lumineuses rives, 6+6 a
40 L'homme voit son destin comme un fleuve élargi. 6+6 b
Mais parmi ces progrès dont notre âge se vante, 6+6 a
Dans tout ce grand éclat d'un siècle éblouissant, 6+6 b
Une chose, ô Jésus, en secret m'épouvante, 6+6 a
C'est l'écho de ta voix qui va s'affaiblissant. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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