Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_14/HUG223
Victor HUGO
Les Chants du Crépuscule
1835
XXXIX
DATE LILIA
Oh ! si vous rencontrez quelque part sous les cieux 6+6 a
Une femme au front pur, au pas grave, aux doux yeux, 6+6 a
Que suivent quatre enfants dont le dernier chancelle, 6+6 b
Les surveillant bien tous, et, s'il passe auprès d'elle 6+6 b
5 Quelque aveugle indigent que l'âge appesantit, 6+6 a
Mettant une humble aumône aux mains du plus petit ; 6+6 a
Si, quand la diatribe autour d'un nom s'élance, 6+6 b
Vous voyez une femme écouter en silence, 6+6 b
Et douter, puis vous dire : — Attendons pour juger. 6+6 a
10 Quel est celui de nous qu'on ne pourrait charger ? 6+6 a
On est prompt à ternir les choses les plus belles. 6+6 b
La louange est sans pieds et le blâme a des ailes. — 6+6 b
Si, lorsqu'un souvenir, ou peut-être un remords, 6+6 a
Ou le hasard vous mène à la cité des morts, 6+6 a
15 Vous voyez, au détour d'une secrète allée, 6+6 b
Prier sur un tombeau dont la route est foulée, 6+6 b
Seul avec des enfants, un être gracieux 6+6 a
Qui pleure en souriant comme l'on pleure aux cieux ; 6+6 a
Si de ce sein brisé la douleur et l'extase 6+6 b
20 S'épanchent comme l'eau des fêlures d'un vase ; 6+6 b
Si rien d'humain ne reste à cet ange éploré ; 6+6 a
Si, terni par le deuil, son œil chaste et sacré, 6+6 a
Bien plus levé là-haut que baissé vers la tombe, 6+6 b
Avec tant de regret sur la terre retombe 6+6 b
25 Qu'on dirait que son cœur n'a pas encor choisi 6+6 a
Entre sa mère au ciel et ses enfants ici ; 6+6 a
Quand, vers Pâque ou Noël, l'église, aux nuits tombantes, 6+6 b
S'emplit de pas confus et de cires flambantes, 6+6 b
Quand la fumée en flots déborde aux encensoirs 6+6 a
30 Comme la blanche écume aux lèvres des pressoirs, 6+6 a
Quand au milieu des chants d'hommes, d'enfants, de femmes, 6+6 b
Une âme selon Dieu sort de toutes ces âmes, 6+6 b
Si, loin des feux, des voix, des bruits et des splendeurs, 6+6 a
Dans un repli perdu parmi les profondeurs, 6+6 a
35 Sur quatre jeunes fronts groupés près du mur sombre, 6+6 b
Vous voyez se pencher un regard voilé d'ombre 6+6 b
Où se mêle, plus doux encor que solennel, 6+6 a
Le rayon virginal au rayon maternel ; 6+6 a
Oh ! qui que vous soyez, bénissez-la. C'est elle ! 6+6 b
40 La sœur, visible aux yeux, de mon âme immortelle ! 6+6 b
Mon orgueil, mon espoir, mon abri, mon recours ! 6+6 a
Toit de mes jeunes ans qu'espèrent mes vieux jours ! 6+6 a
C'est elle ! la vertu sur ma tête penchée ; 6+6 b
La figure d'albâtre en ma maison cachée ; 6+6 b
45 L'arbre qui, sur la route où je marche à pas lourds, 6+6 a
Verse des fruits souvent et de l'ombre toujours ; 6+6 a
La femme dont ma joie est le bonheur suprême ; 6+6 b
Qui, si nous chancelons, ses enfants ou moi-même, 6+6 b
Sans parole sévère et sans regard moqueur, 6+6 a
50 Les soutient de la main et me soutient du cœur ; 6+6 a
Celle qui, lorsqu'au mal, pensif, je m'abandonne, 6+6 b
Seule peut me punir et seule me pardonne ; 6+6 b
Qui de mes propres torts me console et m'absout ; 6+6 a
A qui j'ai dit : toujours ! et qui m'a dit : partout ! 6+6 a
55 Elle ! tout dans un mot ! c'est dans ma froide brume 6+6 b
Une fleur de beauté que la bonté parfume ! 6+6 b
D'une double nature hymen mystérieux ! 6+6 a
La fleur est de la terre et le parfum des cieux ! 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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