Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_11/HUG288
Victor HUGO
Les Rayons et les Ombres
1840
XXXIII
L'OMBRE
Il lui disait : — Vos chants sont tristes. Qu'avez-vous ? 6+6 a
Ange inquiet, quels pleurs mouillent vos yeux si doux ? 6+6 a
Pourquoi, pauvre âme tendre, inclinée et fidèle, 6+6 b
Comme un jonc que le vent a ployé d'un coup d'aile, 6+6 b
5 Pencher votre beau front assombri par instants ? 6+6 a
Il faut vous réjouir, car voici le printemps, 6+6 a
Avril, saison dorée, où, parmi les zéphires, 6+6 b
Les parfums, les chansons, les baisers, les sourires, 6+6 b
Et les charmants propos qu'on dit à demi-voix, 6+6 a
10 L'amour revient aux cœurs comme la feuille aux bois ! — 6+6 a
Elle lui répondit de sa voix grave et douce : 6+6 b
Ami, vous êtes fort. Sûr du Dieu qui vous pousse, 6+6 b
L'œil fixé sur un but, vous marchez droit et fier, 6+6 a
Sans la peur de demain, sans le souci d'hier, 6+6 a
15 Et rien ne peut troubler, pour votre âme ravie, 6+6 b
La belle vision qui vous cache la vie. 6+6 b
Mais moi je pleure ! — Morne, attachée à vos pas, 6+6 a
Atteinte à tous ces coups que vous ne sentez pas, 6+6 a
Cœur fait, moins l'espérance, à l'image du vôtre, 6+6 b
20 Je souffre dans ce monde et vous chantez dans l'autre. 6+6 b
Tout m'attriste, avenir que je vois à faux jour, 6+6 a
Aigreur de la raison qui querelle l'amour, 6+6 a
Et l'âcre jalousie alors qu'une autre femme 6+6 b
Veut tirer de vos yeux un regard de votre âme, 6+6 b
25 Et le sort qui nous frappe et qui n'est jamais las. 6+6 a
Plus le soleil reluit, plus je suis ombre, hélas ! 6+6 a
Vous allez, moi je suis ; vous marchez, moi je tremble, 6+6 b
Et tandis que, formant mille projets ensemble, 6+6 b
Vous semblez ignorer, passant robuste et doux, 6+6 a
30 Tous les angles que fait le monde autour de nous, 6+6 a
Je me traîne après vous, pauvre femme blessée. 6+6 b
D'un corps resté debout l'ombre est parfois brie. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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