Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_10/HUG160
Victor HUGO
Les feuilles d'automne
1831
XVII
Flebile nescio quid.
OVIDE.
Oh ! pourquoi te cacher ? | Tu pleurais seule ici. 6+6 a
Devant tes yeux rêveurs | qui donc passait ainsi ? 6+6 a
Quelle ombre flottait dans ton âme ? 8 b
Était-ce long regret | ou noir pressentiment, 6+6 c
5 Ou jeunes souvenirs | dans le passé dormant, 6+6 c
Ou vague faiblesse de femme ? 8 b
Voyais-tu fuir déjà | l'amour et ses douceurs, 6+6 a
Ou les illusions, | toutes ces jeunes sœurs 6+6 a
Qui le matin, devant nos portes, 8 b
10 Dans l'avenir sans borne | ouvrant mille chemins, 6+6 c
Dansent, des fleurs au front | et les mains dans les mains, 6+6 c
Et bien avant le soir sont mortes ? 8 b
Ou bien te venait-il | des tombeaux endormis 6+6 a
Quelque ombre douloureuse | avec des traits amis, 6+6 a
15 Te rappelant le peu d'années, 8 b
Et demandant tout bas | quand tu viendrais le soir 6+6 c
Prier devant ces croix | de pierre ou de bois noir 6+6 c
Où pendent tant de fleurs fanées ? 8 b
Mais non, ces visions | ne te poursuivaient pas. 6+6 a
20 Il suffit pour pleurer | de songer qu'ici-bas 6+6 a
Tout miel est amer, tout ciel sombre, 8 b
Que toute ambition | trompe l'effort humain, 6+6 c
Que l'espoir est un leurre, | et qu'il n'est pas de main 6+6 c
Qui garde l'onde ou prenne l'ombre ! 8 b
25 Toujours ce qui là-bas | vole au gré du zéphyr 6+6 a
Avec des ailes d'or, | de pourpre et de saphir, 6+6 a
Nous fait courir et nous devance ; 8 b
Mais adieu l'aile d'or, | pourpre, émail, vermillon, 6+6 c
Quand l'enfant a saisi | le frêle papillon, 6+6 c
30 Quand l'homme a pris son espérance ! 8 b
Pleure. Les pleurs vont bien, | même au bonheur ; tes chants 6+6 a
Sont plus doux dans les pleurs ; | tes yeux purs et touchants 6+6 a
Sont plus beaux quand tu les essuies. 8 b
L'été, quand il a plu, | le champ est plus vermeil, 6+6 c
35 Et le ciel fait briller | plus frais au beau soleil 6+6 c
Son azur lavé par les pluies ! 8 b
Pleure comme Rachel, | pleure comme Sara. 6+6 a
On a toujours souffert | ou bien on souffrira. 6+6 a
Malheur aux insensés qui rient ! 8 b
40 Le Seigneur nous relève | alors que nous tombons. 6+6 c
Car s'il préfère encor | les malheureux aux bons, 6+6 c
Ceux qui pleurent à ceux qui prient ! 8 b
Pleure afin de savoir ! | Les larmes sont un don. 6+6 a
Souvent les pleurs, après | l'erreur et l'abandon, 6+6 a
45 Raniment nos forces brisées ! 8 b
Souvent l'âme, sentant, | au doute qui s'enfuit, 6+6 c
Qu'un jour l'intérieur | se lève dans sa nuit, 6+6 c
Répand de ces douces rosées ! 8 b
Pleure ! mais, tu fais bien, | cache-toi pour pleurer. 6+6 a
50 Aie un asile en toi. | Pour t'en désaltérer, 6+6 a
Pour les savourer avec charmes, 8 b
Sous le riche dehors | de ta prospérité, 6+6 a
Dans le fond de ton cœur, | comme un fruit pour l'été, 6+6 a
Mets à part ton trésor de larmes ! 8 b
55 Car la fleur, qui s'ouvrit | avec l'aurore en pleurs, 6+6 a
Et qui fait à midi | de ses belles couleurs 6+6 a
Admirer la splendeur timide, 8 b
Sous ses corolles d'or, | loin des yeux importuns, 6+6 c
Au fond de ce calice | où sont tous ses parfums, 6+6 c
60 Souvent cache une perle humide ! 8 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
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