Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_1/HUG485
Victor HUGO
LES CONTEMPLATIONS
tome I
AUTREFOIS
1830-1843
LIVRE TROISIÈME
LES LUTTES ET LES RÊVES
XXVI
Joies du soir
Le soleil, dans les monts où sa clarté s'étale, 6+6 a
Ajuste à son arc d'or sa flèche horizontale ; 6+6 a
Les hauts taillis sont pleins de biches et de faons ; 6+6 b
Là rit dans les rochers, veinés comme des marbres, 6+6 c
5 Une chaumière heureuse ; en haut, un bouquet d'arbres ; 6+6 c
Au-dessous, un bouquet d'enfants. 8 b
C'est l'instant de songer aux choses redoutables. 6+6 a
On entend les buveurs danser autour des tables ; 6+6 a
— Tandis que, gais, joyeux, heurtant les escabeaux, 6+6 b
10 Ils mêlent aux refrains leurs amours peu farouches, 6+6 c
Les lettres des chansons qui sortent de leurs bouches 6+6 c
Vont écrire autour d'eux leurs noms sur leurs tombeaux. 6+6 b
— Mourir ! demandons-nous, à toute heure, en nous-même : 6+6 a
— Comment passerons-nous le passage suprême ? — 6+6 a
15 Finir avec grandeur est un illustre effort. 6+6 b
Le moment est lugubre et l'âme est accablée ; 6+6 c
Quel pas que la sortie ! — Oh ! l'affreuse vallée 6+6 c
Que l'embuscade de la mort ! 8 b
Quel frisson dans les os de l'agonisant blême ! 6+6 a
20 Autour de lui tout marche et vit, tout rit, tout aime ; 6+6 a
La fleur luit, l'oiseau chante en son palais d'été, 6+6 b
Tandis que le mourant, en qui décroît la flamme, 6+6 c
Frémit sous ce grand ciel, précipice de l'âme, 6+6 c
Abîme effrayant d'ombre et de tranquillité ! 6+6 b
25 Souvent, me rappelant le front étrange et pâle 6+6 a
De tous ceux que j'ai vus à cette heure fatale, 6+6 a
Êtres qui ne sont plus, frères, amis, parents, 6+6 b
Aux instants où l'esprit à rêver se hasarde, 6+6 c
Souvent je me suis dit : Qu'est-ce donc qu'il regarde 6+6 c
30 Cet œil effaré des mourants ? 8 b
Que voit-il ?… — O terreur ! de ténébreuses routes, 6+6 a
Un chaos composé de spectres et de doutes, 6+6 a
La terre vision, le ver réalité, 6+6 b
Un jour oblique et noir qui, troublant l'âme errante, 6+6 c
35 Mêle au dernier rayon de la vie expirante 6+6 c
Ta première lueur, sinistre éternité ! 6+6 b
On croit sentir dans l'ombre une horrible piqûre. 6+6 a
Tout ce qu'on fit s'en va comme une fête obscure, 6+6 a
Et tout ce qui riait devient peine ou remord. 6+6 b
40 Quel moment, même, hélas ! pour l'âme la plus haute, 6+6 c
Quand le vrai tout à coup paraît, quand la vie ôte 6+6 c
Son masque, et dit : « Je suis la mort ! » 8 b
Ah ! si tu fais trembler même un cœur sans reproche, 6+6 a
Sépulcre ! le méchant avec horreur t'approche. 6+6 a
45 Ton seuil profond lui semble une rougeur de feu ; 6+6 b
Sur ton vide pour lui quand ta pierre se lève, 6+6 c
Il s'y penche ; il y voit, ainsi que dans un rêve, 6+6 c
La face vague et sombre et l'œil fixe de Dieu. 6+6 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
logo du CRISCO logo de l'université