Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_1/HUG478
Victor HUGO
LES CONTEMPLATIONS
tome I
AUTREFOIS
1830-1843
LIVRE TROISIÈME
LES LUTTES ET LES RÊVES
XIX
Baraques de la foire
Lion ! j'étais pensif, | ô bête prisonnière, 6+6 a
Devant la majesté | de ta grave crinière ; 6+6 a
Du plafond de ta cage | elle faisait un dais. 6+6 b
Nous songions tous les deux, | et tu me regardais. 6+6 b
5 Ton regard était beau, | lion. Nous autres hommes, 6+6 a
Le peu que nous faisons | et le rien que nous sommes, 6+6 a
Emplit notre pensée, | et dans nos regards vains 6+6 b
Brillent nos plans chétifs | que nous croyons divins, 6+6 b
Nos vœux, nos passions | que notre orgueil encense, 6+6 a
10 Et notre petitesse, | ivre de sa puissance ; 6+6 a
Et, bouffis d'ignorance | ou gonflés de venin, 6+6 b
Notre prunelle éclate | et dit : Je suis ce nain ! 6+6 b
Nous avons dans nos yeux | notre moi misérable. 6+6 a
Mais la bête qui vit | sous le chêne et l'érable, 6+6 a
15 Qui paît le thym, ou fuit | dans les halliers profonds, 6+6 b
Qui dans les champs, où nous, | hommes, nous étouffons, 6+6 b
Respire, solitaire, | avec l'astre et la rose, 6+6 a
L'être sauvage, obscur | et tranquille qui cause 6+6 a
Avec la roche énorme | et les petites fleurs, 6+6 b
20 Qui, parmi les vallons | et les sources en pleurs, 6+6 b
Plonge son mufle roux | aux herbes non foulées, 6+6 a
La brute qui rugit | sous les nuits constellées, 6+6 a
Qui rêve et dont les pas | fauves et familiers 6+6 b
De l'antre formidable | ébranlent les piliers, 6+6 b
25 Et qui se sent à peine | en ces profondeurs sombres, 6+6 a
A sous son fier sourcil | les monts, les vastes ombres, 6+6 a
Les étoiles, les prés, | le lac serein, les cieux, 6+6 b
Et le mystère obscur | des bois silencieux, 6+6 b
Et porte en son œil calme, | où l'infini commence, 6+6 a
30 Le regard éternel | de la nature immense. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
logo du CRISCO logo de l'université