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HUG_1/HUG459
Victor HUGO
LES CONTEMPLATIONS
tome I
AUTREFOIS
1830-1843
LIVRE DEUXIÈME
L'ÂME EN FLEUR
XXVIII
Un soir que je regardais le ciel
Elle me dit, un soir, en souriant : 4+6 a
— Ami, pourquoi contemplez-vous sans cesse 4+6 b
Le jour qui fuit, ou l'ombre qui s'abaisse, 4+6 b
Ou l'astre d'or qui monte à l'orient ? 4+6 a
5 Que font vos yeux là-haut ? je les réclame. 4+6 c
Quittez le ciel ; regardez dans mon âme ! 4+6 c
Dans ce ciel vaste, ombre où vous vous plaisez, 4+6 a
Où vos regards démesurés vont lire, 4+6 b
Qu'apprendrez-vous qui vaille mon sourire ? 4+6 b
10 Qu'apprendras-tu qui vaille nos baisers ? 4+6 a
Oh ! de mon cœur lève les chastes voiles. 4+6 c
Si tu savais comme il est plein d'étoiles ! 4+6 c
Que de soleils ! vois-tu, quand nous aimons, 4+6 a
Tout est en nous un radieux spectacle. 4+6 b
15 Le dévouement, rayonnant sur l'obstacle, 4+6 b
Vaut bien Vénus qui brille sur les monts. 4+6 a
Le vaste azur n'est rien, je te l'atteste ; 4+6 c
Le ciel que j'ai dans l'âme est plus céleste ! 4+6 c
C'est beau de voir un astre s'allumer. 4+6 a
20 Le monde est plein de merveilleuses choses. 4+6 b
Douce est l'aurore, et douces sont les roses. 4+6 b
Rien n'est si doux que le charme d'aimer ! 4+6 a
La clarté vraie et la meilleure flamme, 4+6 c
C'est le rayon qui va de l'âme à l'âme ! 4+6 c
25 L'amour vaux mieux, au fond des antres frais, 4+6 a
Que ces soleils qu'on ignore et qu'on nomme. 4+6 b
Dieu mit, sachant ce qui convient à l'homme, 4+6 b
Le ciel bien loin et la femme tout près. 4+6 a
Il dit à ceux qui scrutent l'azur sombre : 4+6 c
30 « Vivez ! aimez ! le reste, c'est mon ombre ! » 4+6 c
Aimons ! c'est tout. Et Dieu le veut ainsi. 4+6 a
Laisse ton ciel que de froids rayons dorent ! 4+6 b
Tu trouveras, dans deux yeux qui t'adorent, 4+6 b
Plus de beauté, plus de lumière aussi ! 4+6 a
35 Aimer, c'est voir, sentir, rêver, comprendre. 4+6 c
L'esprit plus grand s'ajoute au cœur plus tendre. 4+6 c
Viens, bien-aimé ! n'entends-tu pas toujours 4+6 a
Dans nos transports une harmonie étrange ? 4+6 b
Autour de nous la nature se change 4+6 b
40 En une lyre et chante nos amours ! 4+6 a
Viens ! aimons-nous ! errons sur la pelouse. 4+6 c
Ne songe plus au ciel ! j'en suis jalouse ! — 4+6 c
Ma bien-aimée ainsi tout bas parlait, 4+6 a
Avec son front posé sur sa main blanche, 4+6 b
45 Et l'œil rêveur d'un ange qui se penche, 4+6 b
Et sa voix grave, et cet air qui me plaît ; 4+6 a
Belle et tranquille, et de me voir charmée, 4+6 c
Ainsi tout bas parlait ma bien-aimée. 4+6 c
Nos cœurs battaient ; l'extase m'étouffait ; 4+6 a
50 Les fleurs du soir entr'ouvraient leurs corolles 4+6 b
Qu'avez-vous fait, arbres, de nos paroles ? 4+6 b
De nos soupirs, rochers, qu'avez-vous fait ? 4+6 a
C'est un destin bien triste que le nôtre, 4+6 c
Puisqu'un tel jour s'envole comme un autre ! 4+6 c
55 O souvenir ! trésor dans l'ombre accru ! 4+6 a
Sombre horizon des anciennes pensées ! 4+6 b
Chère lueur des choses éclipsées ! 4+6 b
Rayonnement du passé disparu ! 4+6 a
Comme du seuil et du dehors d'un temple, 4+6 c
60 L'œil de l'esprit en rêvant vous contemple ! 4+6 c
Quand les beaux jours font place aux jours amers, 4+6 a
De tout bonheur il faut quitter l'idée ; 4+6 b
Quand l'espérance est tout à fait vidée, 4+6 b
Laissons tomber la coupe au fond des mers. 4+6 a
65 L'oubli ! l'oubli ! c'est l'onde où tout se noie ; 4+6 c
C'est la mer sombre où l'on jette sa joie. 4+6 c
mètre profil métrique : 4+6
forme globale type : suite périodique
schéma : 11(abbacc)
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