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| = césure
HRV_1/HRV2
Henriette HERVÉ
DILECTION
1925
SUIVANT L'HUMEUR DES JOURS
J'AVAIS RÊVÉ D'UN GRAND BONHEUR SILENCIEUX
J'avais rêvé d'un grand bonheur silencieux 6+6 a
Où nous aurions glissé sans connaître d'adieux, 6+6 a
Comme les flots de deux rivières 8 b
Coulent un jour d'é sous la pleine lumière, 6+6 b
5 Distincts et confondus, murmurants et muets, 6+6 a
Chaque goutte un monde secret… 8 a
Tu m'aurais possédée alors comme l'eau noie, 6+6 b
Et de toi seul j'aurais reçu toute ma joie ! 6+6 b
Puis j'ai rêvé de ce bonheur qui tremble un peu, 6−6 a
10 Comme au-dessus des champs vacille l'air en feu… 6+6 a
Mais je savais la moisson prête, 8 b
Tu pouvais la faucher en dépit des tempêtes… 6+6 b
Je te voyais debout, tout prêt à recevoir 6+6 a
Les lourds épis gonflés d'espoir 8 a
15 Où se mêlaient des fleurs et la frcheur des herbes… 6+6 b
Et tes bras seuls pouvaient lier toute la gerbe 6+6 b
Et puis, j'ai cru que le bonheur pouvait pleurer… 6−6 a
Qu'à ton front s'appuierait mon front désespéré, 6+6 a
Que mes larmes silencieuses 8 b
20 Fleuriraient sur tes doigts leurs pâles scabieuses, 6+6 b
Et que, devant la tombe où dormirait l'amour, 6+6 a
Je sentirais mon cœur trop lourd 8 a
Retentir sur le tien dans un rythme si tendre, 6+6 b
Que même seule, ah ! j'aurais pu, toujours l'entendre ! 4+4+4 b
25 Plus tard, j'ai su que la douleur devait parler… 6−6 a
J'ai retrouvé les mots de tous les exilés 6+6 a
Et leur goût de cendre et d'argile… 8 b
Je n'ai pu t'ébranler, ô toi ! force tranquille, 6+6 b
Qui voulais ignorer jusqu'à tes vrais désirs. 6+6 a
30 Qui déchirais pour désunir, 8 a
Et qui fis s'étrangler tout écho de ma plainte, 6+6 b
Quand pour toi seul, elle sonnait, moins indistincte ! 4+4+4 b
Alors j'appris que la douleur pouvait crier ! 6−6 a
Et j'ai violé moi-même un secret meurtrier 6+6 a
35 Où s'étouffait mon cœur malade ! 8 b
Oui, j'ai pleuré, gémi, hurlé, comme on s'évade !… 6+6 b
Et pourtant je ne sais encore si j'atteins 6+6 a
L'unique but que je veux mien !… 8 a
D'autres ont entendu clamer mon chant farouche, 6+6 b
40 Fait pour toi seul, pour que le dise enfin ta bouche, 6+6 b
Et j'ai senti qu'on profanait toute douleur ! 4+4+4 a
Je t'ai sacrifié cette ultime pudeur… 6+6 a
…Dans chaque strophe qui reflète 8 b
Un peu de mon amour, de mon âme secrète. 6+6 b
45 Quand d'autres m'auront vue, ah ! le seul vrai danger 6+6 a
C'est que leurs souffles étrangers 8 a
Aient terni le miroir chaque jour davantage 6+6 b
Et que toi seul, tu méconnaisses mon visage, 4+4+4 b
Car j'ai rêvé que tu le voies encor plus beau 6−6 a
50 Vainqueur, quoique meurtri, sous le souple bandeau 6+6 a
D'une fille de Mnémosyne… 8 b
J'userai mes genoux à gravir la colline 6+6 b
Où croissent en plein ciel les lauriers d'Apollon… 6+6 a
De quel prix je paierai ce don, 8 a
55 Le sauras-tu jamais !… et voudras-tu nie croire 6+6 b
Que c'est pour toi, et pour t'offrir un peu de gloire ! 6−6 b
Ne pense pas que ma douleur pût s'oublier ! 6−6 a
Elle a toujours pleu sur ces brins de lauriers 6+6 a
Et plus lourde en est leur couronne… 8 b
60 J'ai voulu la tresser pour dire : « Je la donne… » 6+6 b
Tout mon secret espoir serait que tu la veuilles 6+6 a
Et que j'échange enfin ses feuilles 8 a
Pour des myrtes en fleur que tes mains m'offriraient, 6+6 b
Car leur couronne est à mon cœur la seule vraie 6−6 b
mètre profils métriques : 8, 6=6
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