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HEU_1/HEU7
Gaston HEUX
L'INITIATION DOULOUREUSE
1er cahier
1924
Le livre puéril
III
L'Inspiration et la Pensée
… et le rêve se mêle aux pensées qu'il caresse
A Édouard de Tallenay.
PHILOSOPHIE NAÏVE
Temps où l'âme paisible alanguissait mon sein ! 6+6 a
Où les mots, ferme appui des sereines pensées, 6+6 b
S'offraient harmonieux à leurs ailes pressées, 6+6 b
Branches qui bourdonnaient d'un immortel essaim ! 6+6 a
5 Où, dorant sous les flots le vert reflet des palmes, 6+6 a
L'aurore illuminait l'onde des purs plaisirs. 6+6 b
Dont la fraîcheur, en troupe, attirait nos désirs 6+6 b
Comme des bœufs divins aux mufles lourds et calmes ! 6+6 a
Où l'espoir, Seuil riant, te confiait son nid : 6+6 a
10 Et tous deux éternels, printemps comme jeunesse, 6+6 b
Dans sa mousse odorante y retenaient sans cesse 6+6 b
L'oiseau que nul hiver n'avait encor banni ! 6+6 a
Temps où ma force vierge et ma pensée austère 6+6 a
Sondaient sans lassitude et pénétraient sans heurt 6+6 b
15 Dans ta prunelle d'or l'énigme du bonheur, 6+6 b
Nature où l'harmonie a l'attrait du mystère ! 6+6 a
Temps sereins ! renaissez à de nouveaux hasards… 6+6 a
Ah ! si pour d'autres jours l'innocence première 6+6 b
Tissait à l'existence un voile de lumière 6+6 b
20 Qui pût faire hésiter de profanes regards ! 6+6 a
Si des rayons divins doucement pénétrée, 6+6 a
Mon âme, secouant le froid de sa prison, 6+6 b
Des ailes et des yeux appelait l'horizon 6+6 b
Et noyait sa prunelle à l'aurore sacrée !… 6+6 a
25 Pour t'animer enfin, solitude du cœur, 6+6 a
Comme on trouve la nacre au plus noir de la vase, 6+6 b
Dans les jours révolus du rêve et de l'extase 6+6 b
Je cherche un souvenir suppléant le bonheur… 6+6 a
Que la matière et l'âme entre elles apaisées, 6+6 a
30 Et lasses de s'étreindre en un choc éternel, 6+6 b
Pour sceller d'un baiser leur pacte fraternel, 6+6 b
Unissent à jamais leurs lèvres embrasées ! 6+6 a
Sur ces lutteurs mêlant leurs souffles et leurs pas, 6+6 a
Entr'ouvre, Apaisement, ta grande aile sereine 6+6 b
35 Qui saurait dérider dans la paix souveraine 6+6 b
Jusqu'au front torturé de l'ange des combats ! 6+6 a
Et tout va remonter où l'idéal repose : 6+6 a
O la chair reniant ses sordides haillons 6+6 b
Et s'unissant à l'âme au milieu des rayons, 6+6 b
40 Comme dans son parfum se prolonge la rose 6+6 a
Mais quel rêve à son leurre insensé me soumet ? 6+6 a
Comme un daim familier, fils léger de la plaine, 6+6 b
Sur la roche à gravir épuise son haleine 6+6 b
Pour respirer l'air pur sur un divin sommet ; 6+6 a
45 Quand l'homme ayant gravi les cimes les plus rudes, 6+6 a
Pour couronner partout la vision d'un Dieu 6+6 b
Eût des astres du soir fait un nimbe de feu 6+6 b
Et retrempé son cœur au vent des solitudes ; 6+6 a
Par crainte de faillir après avoir vaincu, 6+6 a
50 Par crainte de sentir sa chair rassérénée 6+6 b
Aux abîmes anciens par son poids entraînée, 6+6 b
Par crainte de l'angoisse où l'esprit a vécu ; 6+6 a
Eût-il même, vainqueur des ivresses malsaines, 6+6 a
Un jour, un jour entier puisé ton vin vermeil, 6+6 b
55 Nature, cep fécond qui mûris au soleil 6+6 b
Et dont les chauds ferments ont passé dans ses veines 6+6 a
Comme il voudrait sentir par un suprême effort 6+6 a
Se séparer en lui l'essence et la matière, 6+6 b
Et refluer son être à la source première : 6+6 b
60 Nos âmes à la vie, et la chair à la mort ! 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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