MÉTRIQUE EN LIGNE

a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre

HAR_2/HAR90

Edmond HARAUCOURT

L’Âme nue

1885

LA VIE EXTÉRIEURE

LES LOIS — LES CULTES — LES FORMES

LES FORMES

SOIR D’OCTOBRE

À MADAME A. D’ARTIGUES

Les grands bois roux, au flanc│des collines prochaines,	6+6	a
Dans le souffle automnal│roulent comme une mer :	6+6	b
Et tous, les châtaigniers,│les ormes et les chênes,	6+6	a
Saisis du froid nouveau│s’endorment pour l’hiver.	6+6	b

5	La brume, serpent gris│ondulant sur le fleuve,	6+6	a
	Tord son mé andre épais│qui fuit dans les lointains ;	6+6	b
	Le soir frileux accourt│dans ses voiles de veuve,	6+6	a
	Jetant sa gaze humide│aux horizons éteints.	6+6	b

	Le soleil, écroulé│derrière les monts vagues	6+6	a
10	Où chante avec langueur│la voix des vents plaintifs,	6+6	b
	Accroche des reflets│sur la pointe des vagues	6+6	a
	Dont la crête sautille│et danse en bonds furtifs.	6+6	b

	L’eau brune qui descend│le long des pentes douces	6+6	a
	Claque très mollement│sur le sable mouillé ;	6+6	b
15	Les larmes de la nuit│s’emperlent sur les mousses ;	6+6	a
	Un hibou, loin, gémit│dans un saule effeuillé.	6+6	b

	Un calme inconsolable│et douloureux s’épanche	6+6	a
	Dans l’air où par zigzags│vont les chauves-souris ;	6+6	b
	Pour voir poindre la lune│avec sa corne blanche,	6+6	a
20	Un crapaud qui pleurait│sort des joncs rabougris :	6+6	b

Tandis qu’au plein milieu│du lit qui s’enténèbre,	6+6	a
Un noyé, raide et blanc,│suit le flot chuchoteur ;	6+6	b
Et, ses yeux sans regard│levés au ciel funèbre,	6+6	a
Silenci eusement,│il glisse avec lenteur.	6+6	b

mètre

profil métrique : 6+6