Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HAR_2/HAR125
Edmond HARAUCOURT
L’Âme nue
1885
II
LA VIE INTÉRIEURE
L’AUBE — MIDI — LE SOIR
MIDI
L’ABSENTE
Sur le coteau piqué de pins et de genièvres, 6+6 a
Parmi les rocs verdis de lichens, les genêts, 6+6 b
Et les plants de bruyère où vont brouter les chèvres, 6+6 a
Lorsque je reviens seul vers l’arbre où tu venais ; 6+6 b
5 Et dans le ravin gras, près du ruisseau des mûres, 6+6 a
Où l’eau brune, étalant l’huile de ses reflets, 6+6 b
Tremble entre les granits et filtre sans murmures, 6+6 a
Lorsque j’éveille seul l’ombre où tu m’appelais : 6+6 b
Alors, brusque, d’un coup, tu m’apparais : tu bouges, 6+6 a
10 Tu parles, tu me prends au col, et tu me tends 6+6 b
Ton chaud sourire ouvert dans tes lèvres trop rouges, 6+6 a
Et ta gorge qui bat sous mes doigts irritants. 6+6 b
Voici monter vers moi le flux de tes tendresses, 6+6 a
De tes parfums, de tes luisants rosés, bronzés… 6−6 b
15 Et le ruisseau se prend à chanter des caresses, 6+6 a
Et la brise qui glisse effeuille des baisers. 6+6 b
Puis, tu pars, secouant ta jupe provocante : 6+6 a
Et toi, la fleur du vice et des rites pervers, 6+6 b
L’âme de courtisane et la chair de bacchante, 6+6 a
20 Je te revois dans un logis à rideaux verts. 6−6 b
De gros enfants joufflus s’accrochent à ta robe ; 6+6 a
Et, ravaudant tes jours usés, tu t’assoupis 6+6 b
Dans la banali d’un ménage très probe, 6+6 a
Aux ronflements d’un chat qui dort sur le tapis. 6+6 b
mètre profil métrique : 6−6
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