Métrique en Ligne
HAR_1/HAR30
Edmond HARAUCOURT
La Légende des Sexes
Poëmes Hystériques
1882
La légende des sexes
BRUNE
À toi, Louise.
Ton corps nu, plus doré qu'un blond matin d'avril, 6+6 a
Dormait dans les parfums lascifs que tu distilles. 6+6 b
Battant l'aile et vibrant, tout mon désir viril 6+6 a
Frôlait, comme un essaim tournoyant de myrtilles, 6+6 b
5 Ton corps nu, plus doré qu'un blond matin d'avril. 6+6 a
Et tes pores brûlaient, vivantes cassolettes, 6+6 a
L'encens vénérien qui fleurit sur ta chair : 6+6 b
Dans l'air tiède, imprégné d'ambre et de violette, 6+6 a
Je humais le vertige énervant qui m'est cher, 6+6 b
10 Et tes pores brûlaient, vivantes cassolettes. 6+6 a
Brune, sur la blancheur provocante des draps, 6+6 a
Parmi les serpents lourds de ta crinière noire, 6+6 b
Tu dormais, et l'extase avait ouvert tes bras 6+6 a
Comme un vieux Christ en croix ciselé dans l'ivoire : 6+6 b
15 Brune, sur la blancheur provocante des draps ! 6+6 a
Tes seins fiers, dressant haut leur couronne cuivrée, 6+6 a
Se soulevaient au rythme égal de ton sommeil. 6+6 b
Une ondulation, calme et lourde marée, 6+6 a
Descendait lentement vers ton ventre vermeil, 6+6 b
20 Des seins fiers, dressant haut leur couronne cuivrée ! 6+6 a
Et ta tête roulait des coussins écrasés ; 6+6 a
Tes cils mal clos luisaient des larmes d'Aphrodite ; 6+6 b
Ta lèvre souriante et lasse de baisers 6+6 a
Sur l'émail de tes dents saignait, rouge et maudite : 6+6 b
25 Et ta tête roulait des coussins écrasés. 6+6 a
Oh, depuis ce soir-là, la vision me hante 6+6 a
De ton corps nu, plus pur qu'un rêve de Paros ! 6+6 b
Et quand l'obsession d'être un dieu me tourmente, 6+6 a
Quand tu crispes ma chair, Éros, Hymen Éros, 6+6 b
30 Oh, depuis ce soir-là la vision me hante ! 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite périodique
schéma : 6(ababa)
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