Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
GUE_1/GUE38
Charles GUÉRIN
Le Cœur Solitaire
1895
IV
MÉLANCOLIES A VIOLLIS
XXXVIII
Ne mêle pas l'esprit | aux choses de la chair. 6+6 a
Sache, aux moments secrets | où le corps est en fête, 6+6 b
Redescendre à l'obscur | délire de la bête. 6+6 b
Tumultueux et sourd | et fort comme la mer, 6+6 a
5 Laisse gronder tes sens | en orgues de tempête, 6+6 a
Et que sous l'onde en feu | de tes baisers halète 6+6 a
L'orgueilleuse impudeur | de la beauté parfaite. 6+6 a
Il faut qu'au fond des soirs | lourds et silencieux 6+6 a
Où la bouche à la bouche | enfin veut être unie, 6+6 b
10 Tu puisses concentrer | tout en toi l'harmonie 6+6 b
Qui fait chanter le char | des nuits sur ses essieux, 6+6 a
Que l'éternel effort | des êtres t'aide à vivre 6+6 a
Au delà du désir | humain, que ton sang ivre 6+6 a
Murmure comme l'eau, | les blés et la forêt : 6+6 a
15 Emplis-toi, comme un broc | qu'on plonge au puits, d'un trait ; 6+6 a
Alors la nuit d'amour | éteindra ta pensée, 6+6 a
Ta chair que la nature | étreint en épousée 6+6 a
Bourdonnera sans fin | d'une immense rumeur : 6+6 a
Sois simple et grand ; ton grain | porte un monde, semeur ! 6+6 a
20 Le ciel des premiers jours | rit dans la femme nue 6+6 a
Pour qui l'adore avec | les yeux naïfs d'Adam ; 6+6 b
Mais lorsque, à tisonner | le désir moins ardent, 6+6 b
L'esprit rêve un baiser | de saveur inconnue, 6+6 a
Le démon dans l'amour | comme un ver s'insinue. 6+6 a
25 Aussi reste le fort | qui se rue au tournoi, 6+6 a
N'obéis qu'au superbe | instinct ; que ton émoi 6+6 a
Éclate en grand sanglot | d'aveugle. Garde-toi 6+6 a
D'ouvrager le plaisir | charnel comme un orfèvre. 6+6 a
Évite que ta lèvre, | agile à ce jeu mièvre, 6+6 a
30 En papillon lascif | erre autour de la lèvre, 6+6 a
Évite les langueurs | où le toucher subtil 6+6 a
À fleur de peau palpite | à peine comme un cil, 6+6 a
Et les baisers que l'on | suspend avec paresse, 6+6 a
Et le regard | plus délicat | que la caresse : 4+4+4 a
35 Que ta fougue ingénue | et puissante d'amant 6+6 a
Ignore l'âcreté | des larmes libertines ; 6+6 b
À raffiner le vieil | amour trop savamment 6+6 a
Tu trouverais l'enfer | au fond de tes courtines, 6+6 b
Car le maître des eaux, | de la terre et des cieux, 6+6 a
40 Qui souffle le pollen | sur le pistil, n'assure 6+6 b
L'auréole et la paix | éternelles qu'à ceux 6+6 a
Pour qui la volupté | ne fut pas la luxure. 6+6 b
mètre profil métrique : 6=6
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