Métrique en Ligne
GUE_1/GUE13
Charles GUÉRIN
Le Cœur Solitaire
1895
III
FENÊTRES SUR LA VIE
XIII
Qu'on ouvre la fenêtre au large, qu'on la laisse 6+6 a
Large ouverte à l'air bleu qui vient avant la nuit ! 6+6 b
Je voudrais, ah ! Marchez autour de moi sans bruit, 6+6 b
Entendre ce que dit l'automne à ma tristesse ; 6+6 a
5 Car voici la saison où la sève s'épuise. 6+6 c
C'est un des derniers soirs de septembre ; la brise 6+6 c
Promène sur les champs les cheveux de la vierge ; 6+6 d
L'ombre des peupliers est longue sur les berges ; 6+6 d
L'herbe humide vacille et tombe au fil des faux ; 6+6 f
10 Les feuilles des rameaux frissonnent, le ruisseau 6+6 f
Bouillonne au loin d'écluse en écluse ; on entend 6+6 h
L'écho sourd des fléaux qui s'abattent sur l'aire, 6+6 i
Des voix, des pas d'enfants qui font craquer les faînes. 6+6 j
Soirs de l'automne, soirs de douceur tendre et claire ! 6+6 i
15 Septembre met l'anneau d'or rouge au doigt de l'an. 6+6 h
Vous qui passez là-bas, connaissez-vous ma peine, 6+6 j
La peine que je porte au fond de l'âme ? Elle est 6+6 m
Pâle comme un soleil déclinant sur la vigne, 6+6 n
Fraîche comme le grès d'une jarre de lait, 6+6 m
20 Et frémissante aussi comme un duvet de cygne. 6+6 n
Peine qu'on ne saurait nommer, chagrin sans cause 6+6 o
D'orphelin qu'à la nuit nulle chanson ne berce, 6+6 p
Pareille sous les pleurs aux fléchissantes roses 6+6 o
Dont le calice est lourd de pluie après l'averse, 6+6 p
25 Ma peine qui jadis ressemblait à l'hostie 6+6 r
Éblouissante et nue au coeur de l'ostensoir, 6+6 s
Cette peine est vraiment trop obscure ce soir : 6+6 s
Qu'on ouvre la fenêtre au large, sur la vie ! 6+6 r
mètre profil métrique : 6+6
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