Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
GUE_1/GUE11
Charles GUÉRIN
Le Cœur Solitaire
1895
II
A FRANCIS JAMMES
XI
Ô Jammes, ta maison ressemble à ton visage. 6+6 a
Une barbe de lierre y grimpe ; un cèdre ombrage 6+6 a
De ses larges rameaux les pentes de ton toit, 6+6 a
Et comme lui ton coeur est sombre, fier et droit. 6+6 a
5 Le mur bas de ta cour est habillé de mousse. 6+6 a
La maison n'a qu'un humble étage. L'herbe pousse 6+6 a
Dans le jardin autour du puits et du laurier. 6+6 a
Quand j'entendis, comme un oiseau mourant, crier 6−6 a
Ta grille, un tendre émoi me fit défaillir l'âme. 6+6 a
10 Je m'en venais vers toi depuis longtemps, ô Jammes, 6+6 a
Et je t'ai trouvé tel que je t'avais rêvé. 6+6 a
J'ai vu tes chiens joueurs languir sur le pavé, 6+6 a
Et, sous ton chapeau noir et blanc comme une pie, 6+6 a
Tes yeux francs me sourire avec mélancolie. 6+6 a
15 Ta fenêtre pensive encadre l'horizon ; 6+6 a
Une vitrine, ouverte auprès d'elle, reflète 6+6 b
La campagne parmi tes livres de poète. 6+6 b
Ami, puisqu'ils sont nés, les livres vieilliront ; 6+6 a
Où nous avons pleu d'autres hommes riront : 6+6 a
20 Mais que nul de nous deux, malgré l'âge, n'oublie 6+6 b
Le jour où fortement nos mains se sont unies. 6+6 b
Jour égal en douceur à l'arrière-saison ; 6+6 a
Nous écoutions chanter les mésanges des haies, 6+6 a
Les cloches bourdonnaient, les voitures passaient… 6+6 a
25 Ce fut un triste et long dimanche des rameaux : 6+6 a
Toi, pleurant ton amour et plaintif comme une eau 6+6 a
Qui dans l'herbe, la nuit, secrètement sanglote ; 6+6 a
Moi, plein de mort, rêvant d'un suprême départ 6+6 b
Sur la mer où tournoient les barques sans pilotes. 6+6 a
30 Nous écoutions tinter les sonnailles des chars, 6+6 b
Pareillement émus de diverses pensées, 6+6 a
Et le ciel gris pesait sur nos âmes blessées. 6+6 a
Reviendrai-je dormir dans ta chambre d'enfant ? 6+6 a
Reviendrai-je, les cils caressés par le vent, 6+6 a
35 Attendre la première étoile sous l'auvent, 6+6 a
Et respirer dans ton coffret en bois de rose, 6−6 a
Parmi l'amas jauni des vieilles lettres closes, 6+6 a
L'amour qui seul survit dans la cendre des choses ? 6+6 a
Jammes, quand on se met à ta fenêtre, on voit 6+6 a
40 Des villas et des champs, la montagne et ses neiges ; 6+6 b
Au-dessous c'est la place où ta mère s'assoit. 6+6 a
Demeure harmonieuse, ami, vous reverrai-je ? 6+6 b
Demain ? Hélas ! Mieux vaut penser au temps d'hier. 6+6 a
Une âme sans patrie habite dans ma chair. 6+6 a
45 Ce soir, un des plus lourds des soirs où j'ai souffert, 6+6 a
Tandis que, de leur flamme éparse sur la mer, 6+6 a
Les rayons du soleil couchant doraient la grève, 6+6 a
Les cheveux trempés d'air et d'écume, j'allais, 6+6 b
Roulé comme un caillou par la force du rêve. 6+6 a
50 La terrible rumeur des vagues m'appelait, 6+6 b
Voix des pays brûlés, des volcans et des îles ; 6+6 a
Et, le coeur plein de toi, j'ai marqué d'un galet, 6+6 b
Veiné comme un bras pur et blanc comme du lait, 6+6 b
Le jour où je passai ton seuil, fils de Virgile. 6+6 a
mètre profil métrique : 6−6
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