Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
GRS_1/GRS24
corpus Pamela Puntel
Charles GRANDSARD
L'ANNÉE MAUDITE
1870-1871
1871
A L'EUROPE
Le voilà donc enfin couché sur la poussière, 6+6 a
Le lutteur hasardeux dont l'existence entière 6+6 a
Ne fut qu'un long combat, sans trève, sans repos ! 6+6 b
Vous qui, quand il était vigoureux et dispos, 6+6 b
5 N'osiez le regarder, et qui, suivant l'usage, 6+6 a
Depuis qu'il est vaincu lui crachez au visage, 6+6 a
Approchez, maintenant :la chose est sans danger ; 6+6 b
Garrotté, tout saignant, il ne saurait bouger ! 6+6 b
Sur la poitrine, il a le pied de l'adversaire, 6+6 a
10 Dont une main crispée à la gorge le serre, 6+6 a
Tandis que l'autre, en l'air, brandit un long couteau ! 6+6 b
Menacé par le fer, étranglé par l'étau, 6+6 b
Il ne saurait plus rien tenter pour sa défense. 6+6 a
Venez donc l'accabler de la suprême offense ! 6+6 a
15 Oui ! si d'un coup de pied quelqu'un veut l'achever, 6+6 b
Qu'il ne se gêne pas : chacun peut le braver ! 6+6 b
Car ces muscles d'acier, dont jadis avec crainte, 6+6 a
Au temps de sa vigueur, vous évitiez l'étreinte, 6+6 a
Maintenant comprimés sous ce poids étouffant, 6+6 b
20 Ne pourraient plus, hélas ! renverser un enfant ! 6+6 b
Ah ! pour le préserver de l'affreuse agonie. 6+6 a
Pendant ces sombres jours de sang, d'ignominie, 6+6 a
Il fut un court moment, un moment précieux : 6+6 b
Quand, les bras enchnés, un bandeau sur les yeux, 6+6 b
25 Conduit à cette lutte inégale, stupide, 6+6 a
Par ceux qu'il honorait dans son cœur intrépide, 6+6 a
Au bord du précipice ouvert devant ses pas 6+6 b
Il s'arrêta soudain… Vous savez, n'est-ce pas, 6+6 b
Comme il jeta son guide infâme sur la terre, 6+6 a
30 Comme il sacrifia son renom militaire, 6+6 a
Et, faisant bon marché de tout respect humain, 6+6 b
Tendit à l'adversaire, une loyale main ; 6+6 b
Comme, pour racheter une sœur asservie, 6+6 a
Son passé glorieux, son or, son pain, sa vie, 6+6 a
35 Il offrit tout… pourvu qu'on lui laissât l'honneur ! 6+6 b
C'était l'instant propice ! Alors, si par bonheur, 6+6 b
A défaut de pitié pour la grande victime, 6+6 a
Le soin le plus vulgaire et le plus légitime 6+6 a
Pour votre sûreté, dans un proche avenir, 6+6 b
40 En face du péril avait pu vous venir, 6+6 b
Il fallait empêcher par un effort rapide 6+6 a
Le Germain d'enlever, comme le Juif cupide, 6+6 a
Au blême débiteur un lambeau de sa chair ! 6+6 b
Vous ne l'avez pas fait… mais vous le paierez cher ! 6+6 b
45 Je ne vous parle pas de la reconnaissance ! 6+6 a
Et cependant, naguère, au temps de sa puissance, 6+6 a
Quand le Russe lança contre les Ottomans 6+6 b
Le formidable essaim de ses noirs régiments, 6+6 b
Qui donc a préservé l'oublieuse Angleterre 6+6 a
50 De lui voir conquérir ce centre de la terre, 6+6 a
D'où ses flottes pouvaient sans peine dominer 6+6 b
La route qui vers l'Inde allait bientôt mener ? 6+6 b
Qui donc, au prix du sang d'une vaillante armée, 6+6 a
Occupa dix-huit mois les steppes de Crie, 6+6 a
55 Refoula des Kalmouks le rugissant troupeau, 6+6 b
Et sur Sébastopol arbora son drapeau ? 6+6 b
Plus tard, quand l'Autrichien à la tunique blanche 6+6 a
Sur le petit Piémont roulait son avalanche, 6+6 a
Et s'en allait broyer sous son rude talon 6+6 b
60 L’œuf où couvait un règne et son royal aiglon, 6+6 b
Qui donc l'arrêta net dans sa rage guerrière, 6+6 a
Le fit, à Magenta, retourner en, arrière, 6+6 a
Près de Solferino l'acheva, de façon 6+6 b
Qu'il rendit et Venise et Milan pour rançon ? 6+6 b
65 Enfin, à Sadowa, quand l'Autriche brie 6+6 a
S'offrait à l'Aigle noir comme une proie aie, 6+6 a
Quand Vienne, en s'éveillant, de ses brillants faubourgs, 6+6 b
Entendait du Prussien résonner les tambours, 6+6 b
Qui donc s'interposa dans cette heure fatale ? 6+6 a
70 Qui donc a préservé la molle capitale 6+6 a
Devoir ce drapeau noir et blanc, sombre coup d’œil, 6+6 b
S'étaler dans ses murs comme un crêpe de deuil ? 6+6 b
Mais passons ! Toutefois, à la France affaiblie, 6+6 a
Que gagnez-vous, Autriche, Angleterre, Italie ? 6+6 a
75 Je cherche ; j'examine, et je ne trouve rien ! 6+6 b
Les deux géants du Nord, le Russe et le Prussien, 6+6 b
Libres de tout souci, forts de notre détresse, 6+6 a
Vont unir contre vous leur main rude et trtresse ; 6+6 a
Bientôt vous apprendrez quel est le juste fruit 6+6 b
80 De cette indifférence aux misères d'autrui ! 6+6 b
Déjà, je sens venir du côté du Bosphore 6+6 a
Je ne sais quelle odeur de soufre et de phosphore ! 6+6 a
Un orage, là-bas, est suspendu dans fair : 6+6 b
Attendez-vous, bientôt, à voir briller l'éclair ! 6+6 b
85 Si le Russe, enjambant les riches Dardanelles, 6+6 a
Qu'il couve sans repos de ses fauves prunelles, 6+6 a
Dérobe un jour, avec le canal de Suez, 6+6 b
Tant d'or et de sueurs que d'autres ont sués, 6+6 b
Et s'ouvre par la mer la route du Bengale, 6+6 a
90 Si ses hordes, qu'en nombre ici-bas rien n'égale, ' 6+6 a
Du Thibet franchissant les sables, les marais, 6+6 b
Vont par terre enserrer Calcutta, Benarès ; 6+6 b
Si bientôt le Prussien, ce vorace vampire, 6+6 a
Jaloux de compléter son colossal empire, 6+6 a
95 Vient réclamer, le fer et là flamme à la main, 6+6 b
Ce qui reste à l'Autriche, encor, de sang germain ; 6+6 b
Si l'Italie, enfin, dans la secousse immense 6+6 a
Voit sa grande unité, dont le règne commence, 6+6 a
Édifice qu'un jour cimenta notre sang, 6+6 b
100 Sur le sol ébran crouler en gémissant, 6+6 b
Alors, peut-être, Autriche, Italie, Angleterre, 6+6 a
Vers le brave lutteur étendu sur la terre 6+6 a
Dans votre désespoir vous tournerez. les yeux, 6+6 b
Vous rappelant combien il était-soucieux 6+6 b
105 Des intérêts sacrés des peuples qu'on opprime, 6+6 a
Combien de la conquête il détestait le crime. 6+6 a
Et comme il prodiguait ses vaillantes sueurs 6+6 b
Pour arracher leur hache aux illustres tueurs ! 6+6 b
Mais alors, haletant sur l'arène rougie, 6+6 a
110 Il ne pourra lever ce bras, dont l'énergie 6+6 a
Souvent se fit sentir aux plus fiers combattants ; 6+6 b
Et vous regretterez… il ne sera plus temps ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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