Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
GRS_1/GRS19
corpus Pamela Puntel
Charles GRANDSARD
L'ANNÉE MAUDITE
1870-1871
1871
LA GRANDE MÈRE
« Eh quoi ! me disait-on, laissez-vous la souffrance 6+6 a
Broyer ainsi votre âme entre ses dents de fer ? 6+6 b
Faut-il, pour un malheur qui tombe sur la France, 6+6 a
Faire de sa vie un enfer ? 8 b
5 « La terre a-t-elle donc, depuis l'heure fatale, 6+6 a
Couvert d'un voile noir sa fraîcheur, sa beauté ? 6+6 b
Et n'est-ce plus pour nous que la prodigue étale 6+6 a
Les dons de sa fécondité ? 8 b
« Les épis aux grains d'or, que la faucille coupe, 6+6 a
10 Vont-ils nous refuser leur savoureux froment ? 6+6 b
Le cep ne fait-il plus couler dans notre coupe 6+6 a
Les flots de son sang écumant ? 8 b
« Croyez-nous : le pays, guérissant sa blessure, 6+6 a
De ses prospérités va, reprendre le cours ; 6+6 b
15 Savourez les loisirs que la paix nous assure ; 6+6 a
Jouissez : nos instants sont courts ! » 8 b
Ainsi les insensés, caressant leur chimère, 6+6 a
Sur un monde en débris se couronnaient de fleurs, 6+6 b
Et rêvaient au plaisir, quand le corps de leur mère 6+6 a
20 Gisait sur son lit de douleurs ! 8 b
Mais je le savais bien, moi, que mon existence 6+6 a
A la tienne tenait par un lien puissant, 6+6 b
Que ma substance, à moi, n'était que ta substance, 6+6 a
Que j'étais ta chair et ton sang ! 8 b
25 Que l'une à l'autre, en toi, nos fibres enlacées 6+6 a
Ensemble éprouvaient tout : calme ou tressaillements ; 6+6 b
Qu'à ton esprit le mien empruntait ses pensées, 6+6 a
Mon cœur, au tien, ses battements ! 8 b
Aussi, dans tes beaux jours, quand par l'Europe entière 6+6 a
30 Ta force exubérante à flots se répandait, 6+6 b
Ma tête, à mon insu, se relevait, altière, 6+6 a
Et la vie en moi débordait ! 8 b
Mais depuis tes malheurs, depuis que sur la terre 6+6 a
Tu gîs, le flanc percé, le visage flétri, 6+6 b
35 Mon front blêmi se courbe, et mon sang, dans l'artère 6+6 a
Avec lenteur coule, appauvri ! 8 b
Oui ! le cœur de l'enfant, sur celui de la mère, 6+6 a
Palpite à l'unisson, triomphant ou navré ; 6+6 b
Je souffre, je languis de ton angoisse amère ; 6+6 a
40 Si jamais tu meurs, je mourrai ! 8 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
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