Métrique en Ligne
GLA_2/GLA22
corpus Pamela Puntel
Albert GLATIGNY
ROUEN
1451-187O
1871
ROUEN
Lorsque viendra le jour de la grande revanche, 6+6 a
Lorsque tu sortiras immaculée et blanche 6+6 a
De ce fleuve de sang qui déborde sur toi, 6+6 b
O France ! quand Paris, ardent et plein de foi. 6+6 b
5 Conduisant par la main la jeune République 6+6 a
Jettera de sa voix vibrante et métallique 6+6 a
A tous les vents du ciel le cri de Liberté ; 6+6 b
Quand verdira l'épi sur le sol dévasté, 6+6 b
Quand la Patrie enfin respirera, clémente, 6+6 a
10 Ne se souvenant plus même de la tourmente 6+6 a
Qui mugit à cette heure et cache le soleil ; 6+6 b
Quand de l'horrible nuit naîtra le doux réveil, 6+6 b
O France ! parmi ceux qui sèmeront des roses 6+6 a
A tes pieds et viendront, alertes virtuoses, 6+6 a
15 Célébrer ta victoire, et te demanderont 6+6 b
Un brin de ton laurier pour en parer leur front, 6+6 b
France ! les déserteurs, les traîtres au cœur lâche, 6+6 a
Ceux qu'on aura vu fuir devant la noble tâche, 6+6 a
Ceux qui, pour épargner leur maison et leur sang, 6+6 b
20 Auront plongé, ceux-là seront au premier rang. 6+6 b
Et lorsque tes vrais fils, mains vaillantes et sûres, 6+6 a
Silencieusement panseront leurs blessures, 6+6 a
Jouissant de ta joie et graves à l'écart, 6+6 b
Les autres à grands cris réclameront leur part 6+6 b
25 Dans le triomphe auguste, et ces geais vils et chauves 6+6 a
Prendront alors des airs de matamores fauves 6+6 a
Et diront : « J'en étais ! » en parlant des héros ! 6+6 b
Non ! quand je vois qu'on tombe aux genoux des. bourreaux, 6+6 b
A cette heure d'angoisse où mon pauvre village 6+6 a
30 Désarmé subira peut-être le pillage, 6+6 a
Demain, ce soir ; à l'heure où, pendant que ces vers 6+6 b
S'échappent de mon cœur navré, court à travers 6+6 b
La forêt un frisson de honte et d'épouvante ; 6+6 a
Quand j'entends résonner sur la terre mouvante 6+6 a
35 Le sabot des chevaux prussiens ; au milieu 6+6 b
De ce pays couvert de chaumières en feu, 6+6 b
Je vous dénoncerai du moins, ô lâches villes, 6+6 a
Prêtres fourbes, préfets couards, maires serviles 6+6 a
Arrachant les fusils des mains des habitants, 6+6 b
40 Ouvrant à l'ennemi la porte à deux battants ! 6+6 b
O triste Normandie ! oh ! je pleure de rage 6+6 a
En songeant que ton sol sans gloire et sans courage 6+6 a
Est le mien ! que c'est là que j'ai grandi ! Vraiment, 6+6 b
Si je vis, je ne veux plus me dire Normand ! 6+6 b
45 Depuis hier Évreux et Rouen, sans bataille, 6+6 a
Rendus, vendus, livrés, foulés comme la paille 6+6 a
Sous.les pieds des uhlans ivres-morts ! Lieux maudits ! 6+6 b
Pierre Corneille a vu, sous ses yeux interdits, 6+6 b
Défiler en chantant les soldats de Guillaume. 6+6 a
50 Bronze auguste ! ô romain ! ô sévère fantôme, 6+6 a
O grand homme inflexible en ton honneur abrupt, 6+6 b
Vois ce que ton pays fait de ton : « QU'IL MOURUT ! » 6+6 b
Les ouvriers voulaient courir aux barricades, 6+6 a
S'embusquer dans les bois, tendre des embuscades ; 6+6 a
55 Ils étaient désarmés, on n'avait plus le temps ! 6+6 b
Car l'ennemi venait, joyeux, tambours battants. 6+6 b
Pendant que les soldats, sur une fausse route, 6+6 a
Trompés, trahis, vendus, se tenaient à l'écoute. 6+6 a
Cela s'est fait, c'était d'avance comploté ! 6+6 b
60 Par qui ? — maire ? préfet ? évêque ? ô lâcheté ! 6+6 b
Un ancien sénateur, un nommé Bonnechose ? 6+6 a
Qui donc a résolu l'abominable chose ? 6+6 a
Oh ! que ces Rouennais sont bien les fils de ceux 6+6 b
Qui, tenant une torche entre leurs doigts graisseux, 6+6 b
65 Ont jeté Jeanne d'Arc sur le. bûcher en flammes ! 6+6 a
O peuple de marchands et de boursiers, infâmes 6+6 a
Et dans les temps nouveaux et dans les temps anciens ! 6+6 b
Leurs femmes ont léché les pieds des Prussiens ! 6+6 b
O France ! quand viendra l'heure de délivrance, 6+6 a
70 Voudras-tu recevoir encore, ô noble France ! 6+6 a
Dans ton sein généreux ce pays éhonté ? 6+6 b
Fais-en un bagne, un lieu sinistre et redouté, 6+6 b
Un Montfaucon où rampe une foule avilie ; 6+6 a
Arrache à tout jamais cette page salie 6+6 a
75 De ton histoire, ô France ! et jette sur ce nom 6+6 b
La cendre des cités qu'abattit le canon, 6+6 b
La cendre de Phalsbourg, de Toul, de Thionville, 6+6 a
De la fière Strasbourg, de Châteaudun, la ville 6+6 a
Qui renaîtra demain une couronne au front ! 6+6 b
80 Vous Évreux et Rouen, conservez votre affront, 6+6 b
Gardez-le ; vautrez-vous sans pudeur et sans honte 6+6 a
Aux pieds du caporal allemand qui vous dompte ; 6+6 a
Payez tant pour garder intacte votre peau 6+6 b
Et celle du goujat qui vous mène en troupeau, 6+6 b
85 Mais n'essayez jamais de relever la tête, 6+6 a
Car l'avenir vengeur a déjà la main prête 6+6 a
Et levée, ô hideux refuges de valets, 6+6 b
Pour rabattre aussitôt votre face à soufflets ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite de distiques
schéma : 44((aa))
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