Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
GLA_1/GLA1
Albert GLATIGNY
Le Fer rouge
1870
I
LE RETOUR
C'est toi, chère exilée ! | Oh ! Laisse que j'adore 6+6 a
Ta figure divine | où rayonne l'aurore, 6+6 a
Ô république, amour | vivace de nos cœurs ! 6+6 b
La fosse où, dix-huit ans, | de sinistres vainqueurs 6+6 b
5 T'ont murée, est ouverte, | et tu viens, souriante, 6+6 a
Claire étoile aux rayons | de qui tout s'oriente ! 6+6 a
Les tombeaux ne t'ont rien | laissé de leur pâleur ; 6+6 b
Tu viens la lèvre fière | et le visage en fleur, 6+6 b
Tes beaux cheveux au vent, | comme en quatre-vingt-douze, 6+6 a
10 Dire au monde : « ouvre-moi | tes bras, je suis l'épouse, 6+6 a
Je suis la fiancée ! | Aimons-nous ! Nous allons 6+6 b
Par le bois, par la plaine | et par les noirs vallons 6+6 b
Épouvanter encor | ceux qui me croyaient morte. 6+6 a
Nous allons retrouver | la France libre et forte, 6+6 a
15 Dont le regard, hâtant | les lenteurs du berceau, 6+6 b
En tirait ces enfants | sacrés, Hoche et Marceau ! 6+6 b
Les rois font leur métier | en vendant la patrie ; 6+6 a
Nous la leur reprendrons, | toujours belle, inflétrie. 6+6 a
Nous balaîrons encor | ces louches majestés, 6+6 b
20 Ces demi-dieux poussahs, | aux doigts ensanglantés, 6+6 b
Qu'on appelle césars, | rois, empereurs, que sais-je ? 6+6 a
Le sol redeviendra | vierge comme la neige 6+6 a
Des glaciers éternels, | partout où nous aurons 6+6 b
Fait retentir le chant | triomphal des clairons ! 6+6 b
25 Oh ! Lorsqu'on entendra | mon rire de gauloise, 6+6 a
Ce rire dont l'éclat | printanier apprivoise 6+6 a
Les lions du désert, | comme l'espoir joyeux 6+6 b
Rentrera dans les cœurs | sombres et soucieux, 6+6 b
Et comme on redira | follement sous les chênes : 6+6 a
30 Les tyrans sont vaincus, | l'homme n'a plus de chaînes ! » 6+6 a
Oui, c'est toi ! C'est ta voix | pure qui, ce matin, 6+6 b
A réveillé l'écho | de son timbre argentin. 6+6 b
Oh ! Je doutais ! En proie | à l'angoisse mortelle ; 6+6 a
Nous demandions depuis | si longtemps « viendra-t-elle ? » 6+6 a
35 Hélas ! Nous t'attendions | si désespérément, 6+6 b
Que nous disions : « encore | un songe qui nous ment ! » 6+6 b
C'était bien toi pourtant, | république, ô guerrière ! 6+6 a
Qui nous apparaissais | dans un flot de lumière. 6+6 a
Tu savais ton pays | presque désespéré ; 6+6 b
40 Alors, brisant du poing | le sépulcre effaré 6+6 b
Qu'avait fermé sur toi | la main d'un bandit corse, 6+6 a
Tu surgis dans ta grâce | auguste et dans ta force, 6+6 a
En criant : « me voici ! | Peuple, espère et combats ! » 6+6 b
Va, nous te garderons ! | Va, si tu succombas 6+6 b
45 Pour avoir, dans ta foi | divinement sincère, 6+6 a
Pensé qu'un prince peut | n'être pas un corsaire, 6+6 a
Qu'un serment est sacré, | que l'honneur luit pour tous, 6+6 b
Sois tranquille, à présent | nous prendrons garde à nous. 6+6 b
Te voilà revenue. | Il suffit. Qu'on te voie 6+6 a
50 Encor, encor, toujours, | messagère de joie ! 6+6 a
Que mon regard s'enivre | à force de te voir ! 6+6 b
Rappelle-nous les mots | presque oubliés : devoir, 6+6 b
liberté, dévoûment, | amour, paix et concorde. 6+6 a
Ô bonheur du retour ! | Comme le cœur déborde, 6+6 a
55 Et comme l'air se teint | d'azur, de pourpre et d'or ! … 6+6 b
Ô république ! Si | Barbès vivait encor ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
logo du CRISCO logo de l'université