Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
GIL_1/GIL4
Charles GILL
Le Cap Éternité
1919
LE CAP ÉTERNITÉ
Chant III
Le Désespoir
Et le Chef m’apparutdevant la vieille église. 6+6 a
Un haut panache blancornait sa tête grise. 6+6 a
Il s’approcha de moi,lent et majestueux. 6+6 a
Mes sens m’ont-ils trompé,dans cette affreuse veille ? 6+6 b
5 Non ! Il était bien là :je l’ai vu de mes yeux, 6+6 a
Et sa voix d’outre-tombea frappé mon oreille : 6+6 b
— Moi non plus, ô vivant,je ne t’ai pas compris, 6+6 a
Mais je t’ai vu pleurersur ma race, et je t’aime ! 6+6 b
Ne tremble pas ! Qui donces-tu, visage blême 6+6 b
10 Qui hantes la tempête veillent les esprits ? 6+6 a
— Je suis un trépassérelégué dans la vie ! 6+6 a
Ô fantôme bercésur l’aile des grands vents, 6+6 b
Tu me comptes à tortau nombre des vivants. 6+6 b
Vieux chef dont les regretsprolongent l’agonie, 6+6 a
15 Roi des monts éternelset du grand fleuve noir, 6+6 a
Ô vieillard du passé,je suis le Désespoir ! 6+6 a
Et ma pensée au fonddu souvenir voltige 6+6 a
Et le destin d’un peupleagonisant m’afflige 6+6 a
Je suis un trépasséDans le bourdonnement 6+6 a
20 De la vie attardé,je trouve mon tourment ; 6+6 a
Mais parfois, sur ma lèvre le sanglot expire, 6+6 a
Un effrayant sarcasmeose figer le rire. 6+6 a
Mon cœur m’a précédédans l’éternelle nuit. 6+6 a
Partout sur cette terre le remords me suit, 6+6 a
25 J’emporte en moi l’horreurdes infernaux abîmes. 6+6 a
On dirait que Satana honte de mes crimes 6+6 a
Ou que sa main fatalea retardé mon glas, 6+6 a
Car s’il a bien scrutéla douleur que j’endure, 6+6 b
Et s’il connt mon sortaffreux, il ne peut pas 6+6 a
30 Dans l’enfer éternelaccrtre ma torture. 6+6 b
Sois grand par la douleuret chante ton pays ! 6+6 a
La lune, en ce moment,émergeait d’un nuage. 6+6 b
Je m’étais relevé,le front haut, et je dis : 6+6 a
Adieu ! mon vieux canotm’attend là sur la plage ; 6+6 b
35 La veilleuse du cieléclaire mon départ… 6+6 a
Adieu, Tacouérima !… Chanter ? Il est trop tard ! 6+6 a
J’ai désappris d’aimer,et tu veux que je chante ! 6+6 a
Laisse mon désespoirerrer dans l’épouvante : 6+6 a
Vainement ton couragea flagellé le mien. 6+6 a
40 Je n’aime plus personneet n’admire plus rien. 6+6 a
Comment donc célébrer,maintenant, ô Patrie, 6+6 a
Tes fleuves, tes martyrset ta chevalerie ! 6+6 a
Un tison rouge brûle mon cœur palpitait ; 6+6 b
La source de mes versépiques est tarie, 6+6 a
45 Et, sous mes doigts crispés,la lyre d’or se tait. 6+6 b
— Je hais la lâcheté,frère au visage blême ; 6+6 a
Mais je t’ai vu gémirsur ma race, et je t’aime, 6+6 a
Reprit Tacouérima ;sur mon grand fleuve noir, 6+6 a
Au pied des hauts rochers,puisque le sort t’entrne, 6+6 b
50 J’appelle à ton secoursdeux bons esprits des soirs ; 6+6 a
N’affronte pas sans euxmon tragique domaine ! 6+6 b
Contre tes souvenirsils te protégeront ; 6+6 a
Toujours, à ton premierappel, ils accourront, 6+6 a
Depuis l’heure le soirétend son voile sombre, 6+6 a
55 Jusqu’à l’heure le jourembrase le levant… 6+6 b
Et le chef Montagnaisse fondit avec l’ombre. 6+6 a
Alors je confiaices paroles au vent : 6+6 b
— Que la Mort te soit douce,ô vieillard magnanime ! 6+6 a
Rentre en paix dans la nuitqui ne doit point finir ; 6+6 b
60 Que ton chagrin s’envoleau souffle de l’abîme, 6+6 a
Et qu’un rêve éternelberce ton souvenir ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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