Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
GIL_1/GIL18
Charles GILL
Le Cap Éternité
1919
LES ÉTOILES FILANTES
Neige de Noël
I
Le soleil de décembre est disparu sans flammes. 6+6 a
Il neige. C’est Noël. Le mystère des cieux 6+6 b
Donne, en la grande paix du soir silencieux, 6+6 b
La blancheur à la terre et la lumière aux âmes. 6+6 a
5 L’onde qu’en pur cristal l’abîme constella, 6+6 a
Veut embellir la nuit de la très sainte fête ; 6+6 b
C’est le rêve éthéré de l’espace, qui jette 6+6 b
Sur les sombres vivants ce rayon d’au-delà. 6+6 a
Avec le flot lacté des plages éternelles, 6+6 a
10 Les anges sont venus ; ils veillent près de nous ; 6+6 b
Et le cœur attendri des croyants à genoux 6+6 b
Peut rythmer son extase aux frissons de leurs ailes. 6+6 a
Le tourbillon s’engouffre à pleine immensité ; 6+6 a
Déjà, la terre a mis sa robe à blanche traîne ; 6+6 b
15 Ville, fleuve, forêt, montagne, gouffre et plaine, 6+6 b
D’innocence vêtus, sont prêts, Divinité ! 6+6 a
II
Quand la goutte d’eau monte avec l’envol des nues, 6+6 a
Jusqu’au sein glacial des sphères inconnues 6+6 a
Dont le regard stellaire est l’unique témoin, 6+6 b
20 Elle se cristallise en fin duvet de cygne. 6+6 c
Mais, marquée au rayon d’un plus céleste signe, 6+6 c
La neige de Noël doit venir de plus loin. 6+6 b
Les lys majestueux que des soleils féeriques 6+6 a
Font fleurir sous les pas des groupes séraphiques, 6+6 a
25 Sont morts dans le jardin sans fin du pays bleu ; 6+6 b
Comme des fleurs d’en bas, qu’un jour sans astre afflige, 6+6 c
Ils ont penché leur front expirant sur leur tige, 6+6 c
Quand ils ont vu partir le petit bébé Dieu. 6+6 b
Le trépas a laissé du ciel sur leurs pétales ; 6+6 a
30 Son souffle a respecté ces virginités pâles, 6+6 a
Car un rayon divin sur elles avait lui ; 6+6 b
C’est donc du ciel qui tombe avec leur beauté morte, 6+6 c
Éperdument livrée au souffle qui l’emporte, 6+6 c
Dans l’orgueil de descendre en même temps que Lui. 6+6 b
35 Et les lys trépassés ont caché les épines ; 6+6 a
Ils ont enseveli la pente des collines 6+6 a
Où, bientôt, le Martyr succombera trois fois ; 6+6 b
Ils ont enveloppé, dans l’éclat froid des marbres, 6+6 c
Les oliviers, et les roseaux, et ces grands arbres 6−6 c
40 Que les hommes pervers assembleront en croix. 6+6 b
Étale-toi, splendeur, entre le globe infime 6+6 a
Où l’humanité rampe, et l’insondable abîme ! 6+6 a
Croule aux quatre horizons, avalanche de lys ! 6+6 b
Tombe, tombe toujours, pureté, tombe encore, 6+6 c
45 Pour que Ses yeux, demain, à leur première aurore, 6+6 c
Retrouvent en notre ombre un peu du Paradis ! 6+6 b
III
Tombe, tombe, cristal ! La paille de l’étable, 6+6 a
Entre le bœuf stupide et l’âne misérable, 6+6 a
Reçoit le corps frileux du grand Nazaréen. 6+6 b
50 Mais le Monde lassé du mensonge ancien, 6+6 b
Le Monde que remplit Son cœur et Son génie, 6+6 a
Le Monde est le berceau de l’Idée infinie !… 6+6 a
Tombe, tombe, cristal ! Le vertige des cieux 6+6 b
Déchaîne, cette nuit, tes prismes radieux 6+6 b
55 Sur l’aube des pardons et sur la fin des haines, 6+6 a
Sur la rédemption des faiblesses humaines, 6+6 a
Sur la miséricorde et la fraternité, 6+6 b
Sur l’espoir des mortels en leur éternité !… 6+6 b
Drape-toi dans la neige immaculée, ô terre ! 6+6 a
60 Pare-toi de candeur, pare-toi de lumière ! 6+6 a
Les principes du Maître, enfin, te sont donnés… 6+6 b
Sur le recueillement de nos fronts inclinés, 6+6 b
Tombe, tombe, cristal de la voûte profonde : 6+6 a
Il faut des langes blancs dans le berceau du Monde ! 6+6 a
mètre profil métrique : 6−6
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