Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
GIL_1/GIL17
Charles GILL
Le Cap Éternité
1919
LES ÉTOILES FILANTES
Les Cloches
Les cloches par trois fois, dans l’heure fugitive 6+6 a
Du jour, viennent frapper notre oreille attentive, 6+6 a
En tout endroit chrétien où nous portons nos pas. 6+6 b
Et comme dans les jours, trois fois dans notre vie, 6+6 c
5 Aux instants solennels, vibre leur harmonie : 6+6 c
Le baptême, l’hymen et les sanglots du glas ! 6+6 b
Car elles ont un sens, comme l’accent des lèvres ; 6+6 a
Elles disent l’ardeur de nos mystiques fièvres, 6+6 a
Elles ont des sanglots comme nos désespoirs ; 6+6 b
10 Elles sonnent l’orgueil de nos apothéoses, 6+6 c
Et semblent s’attendrir sur les larmes des choses, 6+6 c
Ou palpiter d’extase en le calme des soirs. 6+6 b
Sublimes seulement alors que nous le sommes, 6+6 a
Avec la barbarie et la haine des hommes 6+6 a
15 Leur inerte métal connaît les noirs destins : 6+6 b
Se laissant abaisser à l’horreur de la guerre, 6+6 c
Il peut sonner, clairon, la charge meurtrière ; 6+6 c
Ou gronder dans la voix des canons assassins. 6+6 b
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Quand les pâleurs de l’aube ont chassé les étoiles, 6+6 a
20 Déjà sont disparus les brouillards et les voiles ; 6+6 a
L’horizon s’illumine à l’orient vermeil, 6+6 b
Sur le satin des fleurs le cristal des nuits tremble. — 6+6 c
La cloche et les oiseaux vont célébrer ensemble 6+6 c
La gté toujours belle et neuve du réveil. 6+6 b
25 Lorsque des cieux muets la volonté profonde 6+6 a
Jette un être de plus à l’arène du monde, 6+6 a
La cloche sonne encor : c’est un autre matin ! 6+6 b
Vers le secret d’en haut, sa musique envolée, 6+6 c
Pour l’enfant qui survient dans la rude mêlée, 6+6 c
30 Doit sans doute implorer l’implacable destin. 6+6 b
Il est l’heure où tout luit. La rose qui se pâme. 6+6 a
Tend son front aux baisers de la céleste flamme ; 6+6 a
Sur les floraisons d’or le soleil glorieux 6+6 b
Répand à pleins rayons la chaleur généreuse… 6+6 c
35 L’Angélus va jeter sa note harmonieuse 6+6 c
Dans l’éblouissement du midi radieux. 6+6 b
Les humains ont aussi leurs midis de lumière. 6+6 a
Dans l’opulence digne ou la pauvreté fière, 6+6 a
Quand deux cœurs amoureux, par un serment loyal, 6+6 b
40 Joignent leurs avenirs dans la même espérance, 6+6 c
L’airain, comme pour l’astre à l’apogée immense 6+6 c
Clame aux échos lointains l’hosanna triomphal ! 6+6 b
Voici l’heure où le vent s’apaise dans les branches. 6+6 a
Les colombes des bois, fermant leurs ailes blanches, 6+6 a
45 Arrêtent, pour dormir, leur babil réjoui… 6+6 b
Dans la limpide paix du divin crépuscule, 6+6 c
C’est encore l’accent des cloches qui module 6+6 c
Un adieu solennel au jour évanoui. 6+6 b
Quand nos sombres déclins touchent à leurs limites ; 6+6 a
50 Quand déjà la grande ombre envahit nos orbites 6+6 a
Où l’éclair du regard éteint les feux sacrés ; 6+6 b
Pour scander le chagrin de ceux qui nous regrettent 6+6 c
Et pour qu’au fond des cœurs des sanglots les répètent, 6+6 c
Le glas gémit dans l’air ses adieux éplorés. 6+6 b
55 Planant sur la clameur sourde des multitudes, 6+6 a
Les cloches vont troubler les fières altitudes, 6+6 a
Pour pleurer nos chagrins dans les abîmes bleus ; 6+6 b
Car l’azur est trop loin de la misère humaine, 6+6 c
Pour que, de notre voix impuissante, il apprenne 6+6 c
60 Ce que la vie impose à nos cœurs douloureux. 6+6 b
Pendant bien des midis, pendant bien des aurores, 6+6 a
Et pendant bien des soirs, les mêmes bruits sonores 6+6 a
Charmeront l’avenir. Et leurs vibrations 6+6 b
Salueront les berceaux de leurs tendresses saintes, 6+6 c
65 Ou sur d’autres cercueils feront tomber leurs plaintes, 6+6 c
Seules auront chan les générations ! 6+6 b
Ainsi, tout notre orgueil à peine dure une heure, 6+6 a
Mais ce qu’il a créé dans cet instant, demeure 6+6 a
Pour narguer la morsure outrageante du Temps ! 6+6 b
70 Cloches ! nous enfermons dans vos flancs une idée 6+6 c
Pour que votre harmonie en nos cœurs accordée, 6+6 c
Redise notre extase aux échos éclatants. 6+6 b
Hélas ! nous nous taisons avant vous sur la terre. 6+6 a
Mais quand vous résonnez, ainsi qu’une prière, 6+6 a
75 Sur le recueillement de la foule à genoux, 6+6 b
Vous n’êtes que le bruit ; nous sommes la Pensée !… 6+6 c
Votre bronze sublime où notre âme est passée, 6+6 c
Ne peut parler à Dieu qu’en lui parlant de nous ! 6+6 b
Sonnez !… Quand vos accents s’éteindront dans l’espace 6+6 a
80 Quand vous aurez subi le sort de ce qui passe 6+6 a
Par l’instabili des empires mortels ; 6+6 b
Après votre néant, dans l’éther insondable, 6+6 c
Le souvenir ému de l’âme impérissable 6+6 c
Apprendra votre gloire aux demains éternels ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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