Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
GAU_4/GAU138
Théophile GAUTIER
POÉSIES
édition Maurice Dreyfous
1833
LA TÊTE DE MORT
Ton test n'aura plus de peau,
Et ton visage si beau
N'aura veines ni artères,
Tu n'auras plus que des dents
Telles qu'on les voit dedans
Les têtes des cimetières.
Pierre Ronsard.
La mort nous fait dormir une éternelle nuit.
Joachim du Bellay.
Personne ne voulaitaller dans cette chambre, 6+6 a
Surtout pendant les nuitssi tristes de décembre, 6+6 a
Quand la bise gémitet pousse des sanglots, 6+6 b
Et que du ciel obscurtombe la pluie à flots. 6+6 b
5 Car c'était une chambreantique, inhabitée, 6+6 a
A minuit, disait-on,de revenants hantée, 6+6 a
Une chambre les aisdu parquet désuni 6+6 b
S'agitent sous vos pieds, le plafond jauni 6+6 b
Se partage et s'écroule, la tapisserie 6+6 a
10 A personnages tremble,et sur la boiserie 6+6 a
Ondule à plis poudreuxau moindre ébranlement. 6+6 b
On en avait ôtéles meubles ; seulement, 6+6 b
Entre de vieux portraits,un crucifix d'ivoire, 6+6 a
Avec du buis bénit,sur une étoffe noire, 6+6 a
15 Pendait du mur : au bas,en guise de support, 6+6 b
On avait mis jadisune tête de mort ; 6+6 b
Et me ressouvenantdes fables qu'on débite, 6+6 a
Enfant, je croyais voirau fond de cet orbite 6+6 a
Que l'œil n'anime plus,de blafardes lueurs ; 6+6 b
20 Et, quand il me fallaitpasser là, des sueurs 6+6 b
M'inondaient, tour à tourbrûlantes et glacées : 6+6 a
J'aurais fait le sermentque les dents déchaussées 6+6 a
De cet épouvantailen ricanant grinçaient, 6+6 b
Et que confusémentdes mots s'en élançaient. 6+6 b
25 A présent jeune encor,mais certain que notre âme, 6+6 a
Inexplicable essence,insaisissable flamme, 6+6 a
Une fois exhalée,en nous tout est néant, 6+6 b
Et que rien ne ressortde l'abîmeant 6+6 b
vont, tristes jouetsdu temps, nos destinées, 6+6 a
30 Comme au cours des ruisseauxles feuilles entrnées, 6+6 a
Sans peur je la regarde,et je dis : Quelques ans, 6+6 b
Que sais-je ! quelques mois,un espace de temps 6+6 b
Beaucoup plus court, demain,après-demain peut-être, 6+6 a
Les yeux de mes amisne pourront me conntre, 6+6 a
35 Tête de mort livideà mon tour. — Celle-ci 6+6 b
Est celle d'une femmeautrefois morte ici, 6+6 b
Dont voilà le portraitqui, dans son cadre, semble 6+6 a
Vous regarder, sourireet remuer ; l'ensemble 6+6 a
De ses traits ingénus,de frcheur éclatants, 6+6 b
40 Montre qu'elle touchaità peine à son printemps. 6+6 b
Pourtant elle mourut ;bien des larmes coulèrent 6+6 a
Sans doute à son convoi,bien des fleurs s'effeuillèrent 6+6 a
Sur sa tombe, tributsde pieuses douleurs 6+6 b
Sans doute. — Mais le tempssait arrêter les pleurs, 6+6 b
45 Et, des premiers chagrinsl'amertume passée, 6+6 a
Bientôt l'on oubliala belle trépassée. 6+6 a
— Belle, qui le dirait ? sont ces cheveux blonds, 6+6 b
Qui roulent vers son colsi soyeux et si longs ; 6+6 b
Cette joue aux contoursondoyants, aussi frche 6+6 a
50 Qu'au beau soleil d'étéle duvet d'une pêche, 6+6 a
Ces lèvres de corailau sourire enfantin, 6+6 b
Ce front charmant à voir,cette peau de satin, 6+6 b
comme un fil d'azurtranspart chaque veine, 6+6 a
Ces yeux bleus que l'amour,passion creuse et vaine, 6+6 a
55 N'a jamais fait pleurer ?Un crâne blanc et nu, 6+6 b
Deux trous noirs et profonds l'œil fut contenu, 6+6 b
Une face sans nez,informe et grimaçante, 6+6 a
Du sort qui nous attendimage menaçante ; 6+6 a
Voilà ce qu'il en resteavec un souvenir 6+6 b
60 Qui s'éteindra bientôtdans le vaste avenir. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
logo du CRISCO logo de l'université