Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
FRK_2/FRK22
corpus Pamela Puntel
Félix FRANK
CHANTS DE COLÈRE
1871
LES ÉPAVES
A LA FRANCE
« Songeons à nos pères, qui nous ont
légué une France compacte et indivisible…
Jurons simplement, comme des hommes
libres, de défendre envers et contre tous
la France et la République.»
Léon Gambetta.. — Bordeaux, 31 janvier 1871
JE comprends qu’on soit las de guerroyer sans trêve, 6+6 a
Sans profit, sans espoir, comme en un mauvais rêve ; 6+6 a
Qu’on s’arrête bri par tant d’efforts sanglants, 6+6 b
Que pour sauver un peuple, enfin, la Paix se lève 6+6 a
5 Et détourne le fer qui lui fouille les flancs, — 6+6 b
Mais non pas en retour de l’abjecte infamie 6+6 a
Qui rampe sous les pieds de la horde ennemie ! 6+6 a
Mais aux lâches valets, aux ventrus, aux blasés, 6+6 b
Pour qui le vin de honte est bon jusqu’à la lie, 6+6 a
10 haine éternelle, au nom des héros écrasés ! 6+6 b
Haine à qui, s’élançant au-devant de l’insulte, 6+6 a
Fût-ce au prix du drapeau, médite un pacte occulte 6+6 a
Où se rompe à jamais le fer républicain : 6+6 b
Tant la sainte Justice, objet de notre culte, 6+6 a
15 Exaspère en son cœur l’immonde amour du gain ! 6+6 b
Haine aux prostitués que nul affront n’opprime, 6+6 a
Et qui tendent, joyeux, comme dernière dîme, 6+6 a
—La face rouge encor des soufflets étrangers,— 6+6 b
A ces barbares, soûls de ripaille et de crime, 6+6 a
20 Les purs lambeaux d’honneur échappés aux dangers ! 6+6 b
Perds ton or et ta sève, et, s’il faut t’y résoudre, 6+6 a
La paix même, ô Patrie ! et tiens tête à la foudre 6+6 a
Plutôt que de marcher par ces sentiers bourbeux. 6+6 b
Dût ta force suprême être réduit en poudre, 6+6 a
25 Croise tes bras et dis simplement : « Je ne peux ! 6+6 b
« Je ne peux me souiller de mes mains ! Dans l’arène, 6+6 a
Victime déchirée et froide, qu’on me prenne 6+6 a
Pour m’attacher vivante à la dalle des morts ! 6+6 b
Vers mon sépulcre ouvert que le bourreau me traîne : 6+6 a
30 Je ne lui vendrai pas une part de mon corps !» 6+6 b
S’il faut qu’ainsi ton front d’heure en heure pâlisse, 6+6 a
Et si tu dois finir, France, dans ce supplice, 6+6 a
Tu mourras comme il sied à ceux qui furent grands : 6+6 b
tes bourreaux n’auront point ton âme pour complice 6+6 a
35 Mais tu résisteras à leurs coups impuissants ! 6+6 b
Tu vivras, si tu crois aux revanches du Juste ! 6+6 a
Un mouvement subit redressera ton buste 6+6 a
Qui gisait dans la nuit, lourdement abattu, 6+6 b
Et l’on verra soudain luire en ta main robuste 6+6 a
40 L’arme qui te fit libre aux jours de ta vertu ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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