Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
FRA_2/FRA31
Anatole FRANCE
IDYLLES ET LÉGENDES
1896
La Dernière Image
Pas un de ses cheveux, pas un pli
de sa robe ne bougeait.
CHARLES DICKENS.
Par un matin d'hiver | aux âpretés sereines, 6+6 a
L'enfant dans la carriole | est monté tout pensif. 6+6 b
Le voiturier a bu | du gin ; il prend les rênes, 6+6 a
Et la blanche jument | renâcle dans l'air vif. 6+6 b
5 L'écolier va rentrer | dans la demeure noire 6+6 a
D'encre, de châtiments, | de grilles et d'ennui : 6+6 b
Le cœur gros, il rappelle | en sa tendre mémoire 6+6 a
Que tout, où l'on le mène, | est étranger pour lui. 6+6 b
Sur la vitre abaissée | il s'accoude et se penche, 6+6 a
10 Méditant plein d''effroi | l'exil déjà subi : 6+6 b
Il voit, sur le perron, | sa mère en robe blanche, 6+6 a
Élevant dans ses bras | son tout petit baby. 6+6 b
Et le fouet du départ | a claqué ; Jeune et pâle, 6+6 a
La mère a prolongé | son doux geste d'adieu. 6+6 b
15 De son sein, dirait-on, | nul souffle ne s'exhale : 6+6 a
Rien n'a fait vaciller | son regard fixe et bleu ; 6+6 b
Pas un pli n'a tremblé | de sa robe légère ; 6+6 a
Son teint pâle, son teint | changeant n'a pas changé. 6+6 b
Et sur sa tête nue, | à l'exilé si chère, 6+6 a
20 Pas un seul des cheveux | blonds et fins n'a bougé. 6+6 b
Son enfant ne doit plus | la revoir en ce monde ; 6+6 a
Mais après cet adieu | simple et mystérieux, 6+6 b
Certe ! il emporte d'elle | une image profonde, 6+6 a
Calme, et faite pour vivre | à jamais dans ses yeux. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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