Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
DUC_2/DUC46
Alexandre DUCROS
Les Caresses d'Antan
1896
NI JAMAIS NI TOUJOURS
Ni Jamais ni Toujours !
CLÉON berger
MYRTIL berger
IANTHÉ bergère
THIMAS bergère
LYCENION mariée
Un site pittoresque.
CLÉON à Ianthé
Veux-tu, belle Ianthé, qu'avec toi dans la plaine 6+6 a
Je guide mes troupeaux à l'abondante laine ? 6+6 a
MYRTIL à Thimas
Veux-tu, jeune Thimas, mener dans les halliers 6+6 b
Tes timides agneaux avec mes grands béliers ? 6+6 b
CLÉON à Ianthé
5 Je ferai des colliers d'osier franc pour tes chèvres. 6+6 a
MYRTIL à Thimas
Je sais une chanson faite exprès pour tes lèvres. 6+6 a
IANTHÉ à Cléon
Mes chèvres ont dé des colliers, ô Cléon ! 6+6 b
THIMAS à Myrtil
Mes lèvres ont dé murmuré ta chanson ! 6+6 b
CLÉON à Ianthé
Seule, n'as-tu point peur ?
IANTHÉ
Non, mon chien m'accompagne. 6+6 a
MYRTIL à Thimas
10 Et toi, Thimas ? on dit que Pan dans la campagne 6+6 a
Suit la bergère seule à travers les roseaux ? 6+6 b
THIMAS
Tant mieux ! — J'écouterai sa flûte aux sept tuyaux. 6+6 b
CLÉON à Ianthé
O méchante !
MYRTIL à Thimas
O cruelle !
LYCENION, arrivant
Eh ! bien, que signifie 6+6 a
Et pourquoi ces soupirs ?
MYRTIL
Thimas me sacrifie 6+6 a
15 A quelque autre berger plus fortuné que moi ! 6+6 b
CLÉON
L'insensible Ianthé se moque de ma foi ! 6+6 b
LYCENION aux deux bergers
N'est-il plus en ces lieux d'autres bergères ? — Certes, 6+6 a
Lorsque Helios nous fait, sous les ramures vertes, 6+6 a
Chercher une retraite, on entend des chansons, 6+6 b
20 Des rires frais et purs derrière les buissons, 6+6 b
Dont chacun pourrait dire une amoureuse histoire ! 6+6 a
Et, le soir, près des puits où les troupeaux vont boire, 6+6 a
On entend rire encor, quand Diane, ô bergers ! 6+6 b
De son rayon limpide argenté les vergers. 6+6 b
25 Et c'est l'essaim joyeux des belles jeunes filles, 6+6 a
Causant tout bas d'amour loin du seuil des familles, 6+6 a
Qui rit et chante ainsi, groupe aimable et charmant, 6+6 b
Où la vierge pour être amante attend l'amant ! 6+6 b
Et vous désespérez ? et votre cœur soupire ?… 6+6 a
CLÉON
Je vis pour Ianthé !
MYRTIL
30 Pour Thimas je respire ! 6+6 a
LYCENION
Ne vous plaignez donc pas puisque votre tourment 6+6 b
Fait aussi votre joie. — Et c'est heureux, vraiment, 6+6 b
Que les dieux aient pla dans cette douleur même, 6+6 a
Dans la douleur d'aimer, une ivresse suprême ! 6+6 a
35 Car l'amour satisfait est bien près de l'oubli ; 6+6 b
Il survit rarement au désir accompli ! 6+6 b
(Avec un soupir :)
Je le sais, moi !
CLÉON et MYRTIL
Comment ?
IANTHÉ et THIMAS
Lycenion, achève. 6+6 a
LYCENION
Après trois mois d'hymen ; envolés comme un rêve ! 6+6 a
Seule, un soir, au logis, j'attendais mon époux. 6+6 b
40 Mille parfums montaient dans l'air tiède et doux, 6+6 b
Et le soleil couchant, dans ses métamorphoses, 6+6 a
Sur les grands arbres verts jetait des teintes roses. 6+6 a
Les oiseaux des bosquets chantaient à qui mieux mieux. 6+6 b
Puis les sources avaient des murmures joyeux. 6+6 b
45 J'écoutais ces doux bruits, j'aspirais cette haleine 6+6 a
Qui me venaient des bois, des monts et de la plaine, 6+6 a
Et je ne sais alors quelle étrange langueur, 6+6 b
Pour enivrer mes sens vint captiver mon cœur !… 6+6 b
C'était comme une extase ! — Oh ! la belle soie ! 6+6 a
50 Les étoiles dé sur la voûte azue 6+6 a
S'allumaient ; — diamants dont la blanche lueur, 6+6 b
Éclaire dans la nuit les pas du voyageur… 6+6 b
Mon être frissonnait !
LES AUTRES PERSONNAGES, curieusement
Et pourquoi ?
LYCENION, baissant les yeux
Je l'ignore ! 6+6 a
(Reprenant son récit avec plus de force)
J'appelais mon époux, je l'appelais encore ! 6+6 a
55 Vingt fois j'interrogeais, du seuil de la maison, 6+6 b
Et le sentier désert et jusqu'à l'horizon. 6+6 b
Mon regard épiait les ombres fugitives, 6+6 a
Que la lune en courant fait glisser sur les rives ; 6+6 a
Mais il n'aperçut rien !… Si ce n'est au repos, 6+6 b
60 Un berger indolent qui sifflait ses troupeaux. 6+6 b
Et j'appelais toujours, mon époux, mon doux maître 6+6 a
Trois ans sont écoulés ; j'attends encoreencor le traître ! 6+6 a
CLÉON
Traître ? Et s'il était mort ?
LYCENION
Non pas ! j'ai su depuis 6+6 b
Qu'il est vivant, Cléon, et bon vivant ! — Je puis 6+6 b
65 L'affirmer ; — un marchand de Métymne, naguère, 6+6 a
M'assura l'avoir vu, ne s'inquiétant guère 6+6 a
De sa Lycenion qu'il croit bien morte, lui ! 6+6 b
Aussi, voilà pourquoi je vous dis aujourd'hui 6+6 b
Qu'il n'est pas de serment, de promesse éternelle, 6+6 a
70 Que l'amour satisfait s'enfuit à tire-d'aile, 6+6 a
Papillon inconstant que mène le désir ; 6+6 b
Que le plaisir fait vivre et qui meurt du plaisir ! 6+6 b
Et maintenant, allez, garçons et jeunes filles, 6+6 a
Par les sentiers ombreux, sous les vertes charmilles, 6+6 a
75 Vous tenant par la main, riches de vos vingt ans, 6+6 b
Ensemble allez… cueillir les roses du printemps. 6+6 b
CLÉON et MYRTIL
Nous aimerons toujours !
IANTHÉ et THIMAS
Nous, jamais !
LYCENION
Têtes folles ! 6+6 a
L'amour se rit tout bas de ces vaines paroles. 6+6 a
Pour le rendre propice à vos cœurs, désormais, 6+6 b
(Aux bergers)
Ne dites point : Toujours !
(Aux bergères)
80 Ne dites point : Jamais ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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