Métrique en Ligne
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| = césure
DRX_1/DRX7
Léon DIERX
POÈMES ET POÉSIES
1864
Souré-Ha
I
Le dieu, source de vie et de chaleur féconde, 6+6 a
Qui déverse à flots d'or ses bienfaits sur le monde, 6+6 a
Le grand Phré, brûle. Il tend son disque au haut des cieux. 6+6 b
Le zénith embrasé s'environne de flamme. 6+6 c
5 Le Nil, père des eaux, reluit comme une lame, 6+6 c
épanchant son limon sur le berceau des dieux. 6+6 b
Partout le sable aveugle et le désert flamboie. 6+6 a
Pas un homme ne passe et pas un chien n'aboie 6+6 a
Dans les villes aux blocs d'édifices carrés. 6+6 b
10 Depuis le vert delta jusqu'à Thèbe aux cent portes 6+6 c
Dont les temples sous eux cachent des cités mortes, 6+6 c
Tout se tait et s'endort sous les rayons sacrés. 6+6 b
Comme une nécropole, elle aussi, dans la brume 6+6 a
Memphis là-bas s'étend près du désert qui fume, 6+6 a
15 Muette, et l'on dirait un silence éternel. 6+6 b
Sur les pylônes peints dressant sa silhouette, 6+6 c
L'ibis dans son jabot gonflé plonge la tête 6+6 c
Et sur un pied médite, en découpure au ciel. 6+6 b
Un plus lourd ennui plane, et tout travail fait trêve. 6+6 a
20 Les palmiers vers le sol d'où nul vent ne s'élève, 6+6 a
Penchent leurs longs cheveux dans l'air de diamant. 6+6 b
Les aiguilles de marbre en grêles colonnades 6+6 c
Jaillissent par milliers, et sur les esplanades 6+6 c
On peut voir s'avancer leurs ombres nettement. 6+6 b
25 Aux pourtours des palais, auprès des pyramides, 6+6 a
Ces monstrueux défis aux nations timides, 6+6 a
Les grands sphinx accroupis ouvrent leurs yeux sereins. 6+6 b
Trapus, le corps perlé d'une sueur divine, 6+6 c
S'enveloppant au loin d'une poussière fine, 6+6 c
30 Ils songent aux secrets qui font ployer leurs reins ; 6+6 b
Et scellés à jamais dans leur morne posture, 6+6 a
Sentinelles du temps, regardent la nature 6+6 a
Sous le pschent de granit dont s'ombrage leur front. 6+6 b
Rien ne doit les sortir de leurs longues pensées ; 6+6 c
35 Impassibles gardiens des croyances passées, 6+6 c
Ils sont les durs rêveurs qu'aucun bruit n'interrompt. 6+6 b
Ils contemplent l'Égypte avec leurs yeux énormes ; 6+6 a
Frères de tous ses dieux aux impossibles formes, 6+6 a
Ils portent sur leur dos toute l'éternité. 6+6 b
40 Seuls, quelques caïmans se traînent dans la fange ; 6+6 c
Et parfois flotte et glisse au cours droit d'une cange 6+6 c
Un chant marin qui meurt par le fleuve emporté. 6+6 b
II
Ah ! Qui pourra sonder la tristesse qui noie 6+6 a
Un jeune et doux visage accompli pour la joie ! 6+6 a
45 Qui pourra te comprendre, ô mystère des yeux, 6+6 b
Plus profond que la mer, plus vaste que les cieux ? 6+6 b
Lorsqu'un soupir se mêle à la harpe plaintive ; 6+6 a
Lorsqu'un de longs cils noirs une perle furtive 6+6 a
Brille comme une larme et tombe, et reparaît ; 6+6 b
50 Lorsqu'un mal contenu soulève d'un seul trait, 6+6 b
Sous un gorgerin d'or, un sein vierge qui tremble 6+6 a
Au battement des sons et du cœur tout ensemble, 6+6 a
Et sur lequel remonte un nuage vermeil, 6+6 b
Aurore de l'amour, chaste et brûlant éveil ! 6+6 b
55 La brune Souré-Ha comprit que la nature 6+6 a
N'avait pas de sanglot, pas de note assez pure 6+6 a
Dignes de terminer son hymne de douleurs, 6+6 b
Et s'arrêta, laissant couler en paix ses pleurs. 6+6 b
Goutte à goutte ils tombaient de leur source divine ; 6+6 a
60 Et quelque boucle sombre errant sur sa poitrine, 6+6 a
Semblait vouloir chercher et boire avidement 6+6 b
Ces pleurs, ces pleurs d'amour, ignorés de l'amant ! 6+6 b
Sur de nombreux coussins où se perd l'arabesque, 6+6 a
Les yeux distraits tournés vers les murs tout à fresque, 6+6 a
65 Samhisis, au teint clair, au beau bras délié, 6+6 b
S'abandonne, un jarret sous l'autre replié. 6+6 b
Son corps est sinueux comme une souple plante ; 6+6 a
Et s'il vient à bouger, sa gorge étincelante 6+6 a
écarte des tissus le bout d'un globe dur. 6+6 b
70 Quelle caresse aurait sa prunelle d'azur ! 6+6 b
Mais ce n'est pas l'amour qui pèse sur sa tête ; 6+6 a
Ce qui fait s'abaisser, dans une heure inquiète, 6+6 a
Comme un long vol d'oiseaux au bord d'un lac, le soir, 6+6 b
Ses sourcils, ce n'est pas un secret désespoir. 6+6 b
75 Non ; c'est l'ennui stagnant sur Memphis écrasée 6+6 a
Qui l'accable, et sa peau si fine est moins rosée, 6+6 a
Et son petit pied nu, dans l'ombre, par instant, 6+6 b
hors du pagne lamé s'éclaire en s'agitant. 6+6 b
Quand Souré-Ha se tut, ses mains encore errantes 6+6 a
80 Pour un dernier appel sur les cordes vibrantes, 6+6 a
D'une voix languissante elle lui dit : « Ma sœur, 6+6 b
Ne pense pas avoir dissipé ma torpeur : 6+6 b
Non ; tu l'as alourdie. O Souré-Ha ! Pardonne ; 6+6 a
Pour m'égayer, plutôt, si tu veux être bonne, 6+6 a
85 Au lieu d'accords plaintifs pareils aux bruits que font 6+6 b
Les vents mortels, le soir, dans un arbre profond, 6+6 b
Tu chanterais, ma sœur, quelques chansons bien folles, 6+6 a
Ou quelques airs de danse aux légères paroles 6+6 a
Qui me rendent les nerfs avec l'esprit joyeux. » 6+6 b
90 Vers elle Souré-Ha ne leva pas les yeux. 6+6 b
Rien ne semblait pouvoir troubler sa rêverie. 6+6 a
L'insoucieuse fille alors, comme attendrie, 6+6 a
Regarda de nouveau cette sœur qui pleurait : 6+6 b
« Aurais-je deviné, fit-elle, son secret ? 6+6 b
95 C'est l'amour qu'elle enferme et qui lui ronge l'âme. 6+6 a
L'amour seul dans les yeux sait mettre autant de flamme ; 6+6 a
Pour l'embellir ainsi, l'amour seul dans la voix 6+6 b
Sait mêler la douleur et l'ivresse à la fois. 6+6 b
Je le saurai bien vite ! » — Oh ! Les charmantes poses 6+6 a
100 Que prit pour se lever l'enfant aux lèvres roses ! 6+6 a
A côté de sa sœur elle s'en vint s'asseoir. 6+6 b
Souré-Ha demeurait pensive sans la voir, 6+6 b
Sans l'entendre, à son rêve intérieur fidèle. 6+6 a
La cadette sourit, se pencha plus près d'elle, 6+6 a
105 Et murmura tout bas ce seul mot : « Thaéri ! » 6+6 b
Comme un chevreau peureux et qui cherche un abri, 6+6 b
Souré-Ha, tressaillant à ce nom tout entière, 6+6 a
En trouble, se tourna vers celle qui derrière 6+6 a
Plongeait dans son regard un regard curieux. 6+6 b
110 Rougissante de honte, elle baissa les yeux. 6+6 b
« Je m'en doutais déjà, dit Samhisis ; tu l'aimes ! 6+6 a
Et c'est assez longtemps vous cacher de vous-mêmes. 6+6 a
Tout à l'heure il viendra, comme il fait chaque jour, 6+6 b
Et je prétends sur toi détourner son amour. 6+6 b
115 — Tu te trompes, ma sœur, dit Souré-Ha, confuse ; 6+6 a
Et je ne sais quel dieu t'a conseillé ta ruse. 6+6 a
— Tu l'aimes, j'en suis sûre ; et s'il vient aujourd'hui, 6+6 b
Il saura quel bonheur était là, près de lui. 6+6 b
— C'est toi seule qu'il aime, et que seule il appelle ; 6+6 a
120 Et quand donc à ses vœux te montras-tu rebelle ? 6+6 a
A quoi bon ces discours, ma sœur ? Toi-même, hier, 6+6 b
Ne me parlais-tu pas de son port libre et fier ? 6+6 b
N'as-tu pas, l'autre jour, ôté pour lui ton voile ? 6+6 a
Depuis qu'il t'aperçut, comme une blanche étoile, 6+6 a
125 Par un beau soir, portant l'amphore au puits sacré, 6+6 b
N'as-tu pas vu grandir l'amour qu'il t'a juré ? 6+6 b
D'où vient que sans raison ta bouche le renie ? 6+6 a
— Je m'amusais de lui, voilà tout. L'insomnie 6+6 a
N'a pas à mon chevet cloué son souvenir 6+6 b
130 Comme au tien. Tu pâlis quand tu l'entends venir. 6+6 b
J'y songe à peine ; toi, tu pleures dans l'attente. 6+6 a
— Je te dis que c'est toi qu'il aime ! Et sous sa tente 6+6 a
C'est pour toi qu'à genoux il invoque Rhéa. 6+6 b
Ce n'est pas pour aimer, moi, qu'Ammon me créa. 6+6 b
135 — Si tu ne l'aimes pas, alors pourquoi ton trouble ? 6+6 a
Pourquoi cette rougeur si prompte qui redouble ? 6+6 a
Ces membres affaissés, ce muet embarras, 6+6 b
Pourquoi pleures-tu donc, si tu ne l'aimes pas ? 6+6 b
D'ailleurs, si tu dis vrai, si c'est moi qu'il adore, 6+6 a
140 Si c'est moi qu'aujourd'hui son désir cherche encore, 6+6 a
Moi, je ne l'aime pas ; et peut-être demain 6+6 b
Dans l'ombre sous la sienne aura frémi ta main. 6+6 b
Espère, ô Souré-Ha ! J'ai fait un autre rêve. 6+6 a
Écoute ! Dans la pourpre, hier, près de la grève, 6+6 a
145 Au milieu de soldats, et leurs chefs à ses flancs, 6+6 b
A son poing fort les traits de quatre chevaux blancs, 6+6 b
Rhamsès passait, debout sur son char qui rayonne. 6+6 a
Dans un flot de poussière autour qui tourbillonne, 6+6 a
Son front mâle brillait sous la tiare d'or. 6+6 b
150 Son regard souverain, en un splendide essor, 6+6 b
Sur la ville en rumeur et sur son peuple immense, 6+6 a
S'abaissait plein d'orgueil, et pourtant de clémence ; 6+6 a
Il rencontra le mien ; ô mystère inconnu ! 6+6 b
Dans l'éclair à mon cœur subitement venu, 6+6 b
155 Je blêmis, et clouée à ma place, passive, 6+6 a
Je crus que s'avançait dans la lumière vive 6+6 a
Quelque fils de Rhéa, quelque dieu tout puissant ! 6+6 b
En moi ce souvenir est toujours renaissant. 6+6 b
Le cortège passa ; je l'admire sans cesse. 6+6 a
160 Depuis lors, Souré-Ha, je connais la tristesse. 6+6 a
Ah ! Le beau sort serait de réunir sur moi 6+6 b
La puissance et l'amour de Rhamsès, le grand roi ; 6+6 b
De régner sur celui qui règne sur la terre ; 6+6 a
De l'asservir lui-même ainsi qu'un tributaire ; 6+6 a
165 D'être reine et de voir les peuples assemblés 6+6 b
Se courber sous mon souffle ainsi qu'un champ de blés ! » 6+6 b
III
Le fils d'Aménophis, Rhamsès, que Phré protège, 6+6 a
Las d'encens, a chassé loin de lui son cortège, 6+6 a
Et, sombre, vient s'asseoir sur des gradins portés 6+6 b
170 Par des captifs d'argent, de bronze et d'or sculptés. 6+6 b
Son œil terne s'emplit d'indicibles détresses ; 6+6 a
Sa barbe est inflexible et pend en larges tresses. 6+6 a
Comme dans le granit ses traits semblent pétris. 6+6 b
Impassible, il est là, plus calme qu'Osiris. 6+6 b
175 Il songe et l'on dirait, à ses lèvres si pâles, 6+6 a
Typhon, le dieu commis aux vengeances fatales. 6+6 a
Quelque puissant qu'il soit, il a des jours mauvais 6+6 b
Qui par tous ses vouloirs assouvis lui sont faits. 6+6 b
Il est frère des dieux, maître des rois esclaves ; 6+6 a
180 Son char lourd fait couler du sang par chaudes laves ; 6+6 a
Mais il arrive une heure où les coupes en vain 6+6 b
Lui versent les cruels projets avec le vin. 6+6 b
Dans le néant il voit déjà fondre sa gloire ; 6+6 a
L'abîme est sans échos, sans éclairs sa mémoire. 6+6 a
185 Il ne peut sans répit faire la guerre. Il a, 6+6 b
Sur les plans colossaux que l'orgueil assembla, 6+6 b
Vingt peuples pour bâtir son palais et sa tombe. 6+6 a
Il fait du doigt un signe. Alors un homme tombe 6+6 a
Dans la fosse où grommelle un lion favori. 6+6 b
190 Un jour, nul ne dit plus : « Le roi Rhamsès a ri ! » 6+6 b
Il ne sait inventer de délices nouvelles, 6+6 a
Et connaît les plaisirs des femmes les plus belles ; 6+6 a
Il émousse à la fin dans leurs yeux ses yeux froids ; 6+6 b
Il les détourne aussi de tout, le roi des rois ! 6+6 b
195 Sur l'univers conquis son char est la charrue ; 6+6 a
L'humanité servile à son trône se rue, 6+6 a
Et contemple en tremblant ses sourcils épiés ; 6+6 b
La beauté, l'or, la myrrhe, il les foule à ses pieds ; 6+6 b
Il peut tout ; il s'ennuie, et le monde le raille ; 6+6 a
200 Il est homme, et plus frêle ici-bas qu'une paille. 6+6 a
Vimupht, le serviteur qui veille à ses côtés, 6+6 b
Et qui d'avance tient ses ordres apprêtés, 6+6 b
Fit un geste ; et l'eunuque à la face glacée 6+6 a
Frappa trois fois des mains devant le gynécée. 6+6 a
205 Une porte aussitôt sur les tapis moelleux 6+6 b
Roula sans bruit. Alors, entre des brouillards bleus, 6+6 b
Dans la salle envahie avec un frais murmure, 6+6 a
Comme des flancs ouverts de la grenade mûre 6+6 a
Ruissellent à l'envi la nacre et le carmin, 6+6 b
210 Cent femmes, se pressant par le même chemin, 6+6 b
Parurent, foule agile aux grâces ingénues. 6+6 a
Toutes devant Rhamsès, les unes demi-nues, 6+6 a
Les autres le corps ceint d'un voile transparent, 6+6 b
Vinrent, selon le rite, et leur âge, et leur rang, 6+6 b
215 Molle ondulation de poses provocantes, 6+6 a
écrin épanoui de lèvres éloquentes, 6+6 a
Chaîne adorable où tout chaînon vaut un trésor. 6+6 b
Et tout autour fumaient les cassolettes d'or ; 6+6 b
Et les désirs flottaient dans l'air plein de spirales, 6+6 a
220 Aux chants voluptueux des harpes inégales ; 6+6 a
Et les voix des castrats au fond montaient en chœur. 6+6 b
Mais le roi sur son trône était un dieu sans cœur. 6+6 b
Confuses, près de lui, ses quatre favorites, 6+6 a
Ta-Hé, Thméa, la blonde aux mains toutes petites, 6+6 a
225 Rhamel aux bras ambrés, et Marphris aux grands yeux, 6+6 b
S'assirent. Puis, le reste en cercle harmonieux 6+6 b
Se groupa loin du maître à la morte pensée, 6+6 a
Chacune par le fouet de l'eunuque cassée. 6+6 a
Celui-ci de nouveau frappa trois coups. Alors 6+6 b
230 S'élancèrent au rythme où s'enfièvrent leurs corps 6+6 b
Des esclaves dansant au son de la cithare, 6+6 a
La molle ibérienne et la svelte barbare, 6+6 a
La jeune fille aux dents si blanches, au cou noir, 6+6 b
Qui sourit de passer devant chaque miroir, 6+6 b
235 Et la circassienne indolente et massive, 6+6 a
Et d'autres qui faisaient dans leur gaîté lascive 6+6 a
Reluire l'éclat nu de leurs formes au jour, 6+6 b
Ou sonner les anneaux de leurs bras, tour à tour. 6+6 b
Le roi dédaigna tout ; jusqu'à la plus aimée, 6+6 a
240 Jusqu'à Marphris, qui vint, rieuse et parfumée, 6+6 a
Lui tendre l'échiquier qui sait vaincre l'ennui. 6+6 b
Toutes sur un signal s'éloignèrent de lui, 6+6 b
Tête basse, et, frappant ensemble leurs poitrines, 6+6 a
Déchiraient sur leurs seins gonflés les gazes fines, 6+6 a
245 Pleuraient d'avoir perdu la faveur du grand roi, 6+6 b
Qui devant leurs beautés, nul ne savait pourquoi, 6+6 b
y restait insensible, et tel qu'un sphinx de pierre. 6+6 a
Quand il fut seul, Rhamsès releva sa paupière 6+6 a
En regardant Vimupht, qui, prosterné plus bas, 6+6 b
250 Presque à genoux, lui dit : « O roi ! Dans les combats 6+6 b
Égal à Phré, le dieu qui brûle solitaire ; 6+6 a
Roi, très chéri d'Ammon, tu domines la terre ; 6+6 a
Commande à ton esclave ! Entendre est obéir ! 6+6 b
Si je manque à ton ordre, il me faudra mourir. 6+6 b
255 Roi, j'écoute. » — et Rhamsès lui dit : « Avant une heure, 6+6 a
Malgré tous ses refus et son père qui pleure, 6+6 a
Il me faut Samhisis, la fille du savant ! » 6+6 b
Alors il se leva, puis sortit en rêvant. 6+6 b
IV
Au fond des corridors, dans sa grave retraite, 6+6 a
260 Memmaratkha toujours se renferme. Il s'arrête, 6+6 a
Comme en extase, auprès d'un cippe déterré, 6+6 b
Par les griffes du temps monolithe échancré ; 6+6 b
Puis, sur des papyrus couverts d'hiéroglyphes, 6+6 a
Approfondit leur sens qui se cache aux pontifes, 6+6 a
265 Médite un autre arcane, héritage plus vieux, 6+6 b
Ou déchiffre un par un les cartouches des dieux. 6+6 b
Aussi jaune que l'est la peau d'une momie, 6+6 a
Sous la lampe jamais éteinte ! Unique amie ! 6+6 a
Son crâne large et ras se plisse abondamment. 6+6 b
270 Silencieux, perdu dans son recueillement, 6+6 b
Plein d'horreur, il épelle un livre fatidique 6+6 a
Dans les rites anciens qu'un prêtre mort indique, 6+6 a
Et tous les jours de feu, tous les soirs constellés, 6+6 b
Il sonde avec Hermès les siècles écoulés. 6+6 b
275 Sa robe aux bords salis serpente sur les dalles ; 6+6 a
Et sur les bouts pointus de ses larges sandales 6+6 a
Un nombre s'illumine en traits mystérieux. 6+6 b
Que le Nil, débordé de son lit, furieux, 6+6 b
Menace d'engloutir Memphis sur son passage : 6+6 a
280 Il n'aurait aucun pli d'effroi sur le visage ; 6+6 a
Sans entendre, sans voir, sans un geste, il mourrait ; 6+6 b
Car il cherche l'obscur et terrible secret ; 6+6 b
Car son regard perçant plonge à travers le vide, 6+6 a
Car son doigt décharné qu'il promène est avide 6+6 a
285 De soulever enfin le grand voile d'Isis. 6+6 b
Il vit tout seul au sein d'un rêve immense assis. 6+6 b
Déjà l'ombre au dehors croissait dans les savanes. 6+6 a
C'était, loin des faubourgs, l'heure où les caravanes 6+6 a
Vont replier la tente, et sur les sables blancs 6+6 b
290 Reprendre le chemin du désert, à pas lents. 6+6 b
Quelqu'un entré sans bruit souilla l'austère asile 6+6 a
Du vieux mage, et lui dit : « Sors du songe où s'exile 6+6 a
Ta vie ! Écoute-moi ! Lève ton corps penché ! 6+6 b
Et si dans quelque membre un muscle moins séché 6+6 b
295 Sous un reflet royal peut tressaillir de joie, 6+6 a
Sois content, car Rhamsès est celui qui m'envoie ! 6+6 a
Le bien-aimé puissant d'Ammon-Ra, le soutien 6+6 b
Des cinq fils de Rhéa, mon roi, comme le tien, 6+6 b
Daigne, c'est un honneur suprême pour ta race, 6+6 a
300 Sur Samhisis, ta fille, ouvrir les yeux par grâce. 6+6 a
Demain dans son palais en reine elle vivra, 6+6 b
Et le peuple à ses pieds ainsi l'adorera. 6+6 b
Pour ton obéissance, ô vieux prêtre ! Il te laisse 6+6 a
Souré-Ha, car il prend pitié de ta vieillesse, 6+6 a
305 Et te donne en surplus dans ces coffrets pesants, 6+6 b
Pour le prix qu'il te doit, ces précieux présents. 6+6 b
Réponds ! » — Memmaratkha laissa l'homme tout dire, 6+6 a
Et sans qu'un poil frémît sur son masque de cire, 6+6 a
Lui dit : « Tu peux garder aussi bien mes deux parts ! 6+6 b
310 Prends mes filles, et l'or avec elles. Mais pars ! 6+6 b
Mais va-t'en ! Car la vie est de courte durée, 6+6 a
Car la science est longue et cette heure est sacrée ! » 6+6 a
L'envoyé disparut sur-le-champ ; soucieux, 6+6 b
Le mage avait repris sa lutte avec les dieux. 6+6 b
315 Vimupht entra bientôt dans une salle étroite. 6+6 a
Là, tout près du jet d'eau qui bruit dans l'air moite, 6+6 a
Les deux sœurs caressaient leurs désirs opposés, 6+6 b
Songeant, l'une au bonheur modeste, aux longs baisers 6+6 b
Sur la grève, le soir, et l'autre, à la paresse 6+6 a
320 Du royal gynécée où l'orgueil la caresse, 6+6 a
Où chacune humilie à son tour sa beauté 6+6 b
Devant elle et lui paie un tribut mérité. 6+6 b
« Laquelle est Samhisis de vous deux ? dit l'esclave ; 6+6 a
Qu'en signe de bonheur, trois fois elle se lave 6+6 a
325 Le visage et les mains dans une eau d'oasis ! 6+6 b
— Parle ! Que lui veux-tu ? C'est moi ! Par l'œil d'Isis ! 6+6 b
N'étais-tu pas hier près du roi, quand la foule 6+6 a
Affluait devant lui comme une épaisse houle ? 6+6 a
— Oui, femme ! Il a daigné jeter les yeux sur toi. 6+6 b
330 Triste, depuis hier il t'aime ; et c'est pourquoi 6+6 b
Je viens pour t'emmener. Durci par la science, 6+6 a
Memmaratkha, ton père, avec insouciance 6+6 a
Me permet, si je veux, de prendre aussi ta sœur, 6+6 b
Car tout lien terrestre est brisé dans son cœur. 6+6 b
335 — Souré-Ha ! Tu l'entends ! La déesse elle-même 6+6 a
A pris soin d'exaucer mon souhait. Rhamsès m'aime ! 6+6 a
Son messager vers moi, sur un ordre pressant, 6+6 b
Accourt, et je le suis, et mon père y consent ! » 6+6 b
Et la si triomphante et folle jeune fille, 6+6 a
340 Sans voir, en ses apprêts, cette larme qui brille 6+6 a
Aux yeux de Souré-Ha, lui dit : « Dans ton amour, 6+6 b
Dans ta simplicité sois heureuse à ton tour ! 6+6 b
Puisque tu préférais un bonheur qu'on ignore, 6+6 a
Reste donc, et l'attends ! Vers le palais sonore 6+6 a
345 Isis me pousse ; adieu ! — va donc ! » dit Souré-Ha, 6+6 b
Qui pensait : « Quant à moi, ce jour décidera ! » 6+6 b
V
L'horizon au dieu Phré rouvrait ses beaux portiques. 6+6 a
Cependant par le Nil qui court aux mers antiques, 6+6 a
Sans peur de l'amphibie au guet sous les roseaux, 6+6 b
350 Un homme nage et fend rapidement les eaux. 6+6 b
A travers les lotus de la berge il arrive 6+6 a
Et touche aux bords. À peine a-t-il franchi la rive, 6+6 a
Que sur ses membres nus, sur son torse bronzé, 6+6 b
Les rayons du soleil dans un air embrasé 6+6 b
355 Avaient bu l'eau du fleuve et guéri la fatigue. 6+6 a
Il est tout jeune et beau. La nature prodigue 6+6 a
Lui donna plus : la force ; et l'on voit la fierté 6+6 b
Ennoblir sa démarche avec la volonté. 6+6 b
Il sait droit devant lui regarder un obstacle ; 6+6 a
360 Il n'est pas de ceux-là qui traînent en spectacle 6+6 a
La blessure d'un cœur lâchement résigné ; 6+6 b
Pour chérir un supplice atroce, il n'est pas né. 6+6 b
Il marchait au hasard, solitaire, et très calme ; 6+6 a
Comme un dieu méprisant qui réserve sa palme, 6+6 a
365 Jusqu'ici pour la femme il n'avait qu'un dédain. 6+6 b
Nul sourire n'usait sa rigueur. Mais soudain 6+6 b
Il a vu Samhisis paraître, et dans son âme 6+6 a
Il a senti l'éclair, et le flot d'un cinname 6+6 a
épanoui l'emplir de langueurs ; et l'espoir 6+6 b
370 A fait son pas moins sûr et son regard plus noir. 6+6 b
Il déplie à la hâte et sur son corps il jette 6+6 a
Ses vêtements portés hors de l'eau sur sa tête, 6+6 a
Et s'élance, tout plein d'une fièvre d'amour, 6+6 b
Vers le seuil fortuné qu'il revoit chaque jour. 6+6 b
375 « C'est gémir trop longtemps, pense-t-il, dans le doute ; 6+6 a
Tout entière, à la fin, j'ai vidé goutte à goutte 6+6 a
La coupe des poisons que m'offre cette enfant. 6+6 b
C'est assez supplier ; l'amour me le défend. » 6+6 b
Il entre. Souré-Ha, les paupières baissées, 6+6 a
380 Seule et triste, suivait le cours de ses pensées ; 6+6 a
Quand tout près retentit le bruit d'un pas si cher, 6+6 b
On eût pu voir pâlir et frissonner sa chair. 6+6 b
La nuit venait de près, et des ombres voraces 6+6 a
Couvraient les hauts plafonds, les murs et les terrasses. 6+6 a
385 Il était arrivé ; mais un pressentiment 6+6 b
Le retint sur le seuil, anxieux. Un moment, 6+6 b
Sans voix, il contempla cette vierge isolée, 6+6 a
Et qui pensait à lui, sous sa peine accablée. 6+6 a
Mais tout à Samhisis, l'absente, il ne lut pas 6+6 b
390 Le douloureux secret de si proches combats. 6+6 b
D'un seul mot il pouvait en ces yeux faire luire 6+6 a
Une flamme, en ces pleurs rayonner un sourire. 6+6 a
Mais il ne connaissait qu'un nom, et qu'un souci : 6+6 b
« Samhisis ? cria-t-il ; n'est-elle plus ici ? 6+6 b
395 Vous vous taise ! Parlez ! Dites-moi qu'elle est morte, 6+6 a
Plutôt que pour un autre elle ait franchi la porte ! 6+6 a
Je saurais me venger. — Hélas ! dit Souré-Ha, 6+6 b
Dont le si pur visage à sa voix s'empourpra ; 6+6 b
Rhamsès est plus qu'un homme, et loin de tous il siège ; 6+6 a
400 Et ses aïeux divins le gardent de tout piège ! 6+6 a
— Voilà donc le bonheur qu'elle préfère ! Hé quoi ! 6+6 b
Tous mes serments n'étaient, pour la fille sans foi, 6+6 b
Qu'un vain jeu, qu'un mensonge ! Au long récit des rêves 6+6 a
Que je faisais pour nous, en ces heures trop brèves, 6+6 a
405 A genoux à ses pieds, et les yeux dans ses yeux, 6+6 b
Peut-être songeait-elle à ce sort glorieux ! 6+6 b
O honte ! Elle accepta pour elle un rang infâme ! 6+6 a
C'est le fouet de l'eunuque insolent et sans âme 6+6 a
Qu'elle couru chercher sans horreur, sans regret 6+6 b
410 Pour le crédule amant qui vers elle accourait ! 6+6 b
— Peut-être existe-t-il quelqu'une plus fidèle, 6+6 a
Dont l'amour deviné vous consolera d'elle. » 6+6 a
Et pourpre, elle n'osa lui dire un mot de plus. 6+6 b
Le jeune homme, la voix et les traits résolus : 6+6 b
415 « Souré-Ha ! Je ne sais si les autres oublient ; 6+6 a
J'ignore si les cœurs ici-bas se délient ; 6+6 a
Mais moi, je ne veux pas oublier, et je sens 6+6 b
Une soif de vengeance envahir tous mes sens ; 6+6 b
La jalousie étreint et brûle tout mon être ; 6+6 a
420 Par Typhon ! Souré-Ha, je le saurai peut-être, 6+6 a
Si la mort peut aussi délivrer de l'amour ! » 6+6 b
Et, repassant le seuil, il s'enfuit sans retour. 6+6 b
Comme un ramier blessé qui dans les airs tournoie 6+6 a
Poursuivi par le bec d'un sombre oiseau de proie, 6+6 a
425 Souré-Ha mesurait l'abîme de son sort. 6+6 b
« Comme il l'aime ! Dit-elle. Eh bien ! Mieux vaut la mort. 6+6 b
C'est moi qu'il frappera ; moi, qui mourrai, contente 6+6 a
Si c'est lui qui me tue, en ses bras palpitante ! » 6+6 a
La nuit dans le vieux Nil baignait son pied charmant, 6+6 b
430 Et, sereine, invitait l'homme au recueillement. 6+6 b
VI
Rêves inassouvis des amours impossibles, 6+6 a
Rongerez-vous toujours de vos dents invincibles 6+6 a
Le misérable fou qui de vous s'est épris ? 6+6 b
Quoi ! Parce qu'aux éveils de la chair, et surpris 6+6 b
435 Par les vagues chaleurs montant d'une étincelle, 6+6 a
Il but l'amer venin qu'un azur faux recèle, 6+6 a
Serpents mélodieux, le mordrez-vous toujours ? 6+6 b
Ne fuirez-vous jamais, charmes de ses beaux jours ? 6+6 b
Est-ce un crime d'aimer ? C'est donc un culte impie 6+6 a
440 Que l'amour ? Jusqu'à quand faudra-t-il qu'on expie 6+6 a
Les parfums qu'on brûla sur l'ineffable autel ? 6+6 b
Le songe des vingt ans doit-il être immortel ? 6+6 b
L'homme est né pour souffrir, oublier et se taire ; 6+6 a
C'est un homme, celui qui dans la route austère 6+6 a
445 Marche vite à son but, les deux bras en avant, 6+6 b
Et ne se tourne pas aux surprises du vent. 6+6 b
Qu'importe l'horizon ? Sans rappels en arrière, 6+6 a
Le fort ne se résout jamais à la prière. 6+6 a
Que peut-il espérer, celui qu'un souvenir 6+6 b
450 étreint plus qu'un remords, et qui ne peut bannir 6+6 b
Le mirage infécond de sa jeunesse vaine ; 6+6 a
Qui lui-même resserre autour de lui sa chaîne, 6+6 a
Dans sa prison factice est son propre geôlier, 6+6 b
Et, n'osant pas mourir, ne veut pas oublier ? 6+6 b
455 Depuis trois jours et trois mortelles nuits, farouche, 6+6 a
Comme un fauve affamé qui roule son œil louche, 6+6 a
Thaéri frémissant rôde autour du palais 6+6 b
Où Samhisis se mire aux feux des bracelets. 6+6 b
Prêt à frapper, dans l'ombre, attentif, il épie. 6+6 a
460 Depuis ces trois longs jours, dans son secret tapie, 6+6 a
Soué-Ha par des dons a gagné la faveur 6+6 b
Des gardiens, et gaîment veille auprès de sa sœur. 6+6 b
Mais peut-être bientôt viendra l'heure indécise 6+6 a
Où doit partir le trait que la vengeance aiguise, 6+6 a
465 Car cette nuit Rhamsès veut fêter Samhisis. 6+6 b
Il est aux bords du Nil une ronde oasis ; 6+6 b
Et c'est là qu'il ira. — Courage ! Voici l'heure 6+6 a
Où l'âme se roidit au fond du corps qui pleure. 6+6 a
Regarde si ton arc, jeune homme, est bien tendu ; 6+6 b
470 Jeune fille, aguerris ton regard éperdu ! 6+6 b
Depuis longtemps déjà sous les dunes de sable 6+6 a
Phré cachait le brasier de son disque implacable. 6+6 a
Déjà le fleuve au loin reflétait mille feux ; 6+6 b
Tout un peuple attendait sur la grève, envieux 6+6 b
475 D'étaler son opprobre en concerts d'allégresse. 6+6 a
Le roi venait. Et belle et savourant l'ivresse, 6+6 a
Sous un dais fastueux, par vingt femmes porté, 6+6 b
Samhisis s'avançait heureuse à son côté, 6+6 b
Projetant ses lueurs d'en haut sur une foule 6+6 a
480 Qui lui semble un tapis vivant que son pied foule. 6+6 a
Aux hommages rendus pour la première fois, 6+6 b
Elle croyait, parmi les parfums et les voix, 6+6 b
Sentir comme un lotus divin dans sa prunelle. 6+6 a
Oh ! Ce soir, le passé, qu'il était mort en elle ! 6+6 a
485 Au milieu des flambeaux et des astres, au bruit 6+6 b
Du cortège pompeux qui la guide et la suit, 6+6 b
Qu'ils étaient loin, ses jours de paix et d'innocence, 6+6 a
Sous le toit paternel qu'un jeune amour encense ! 6+6 a
Comme elle avait alors oublié Thaéri ! 6+6 b
490 Souré-Ha, toujours prête à retenir un cri, 6+6 b
L'escortait, pâle, en proie à sa muette angoisse, 6+6 a
Et le sein soulevé sous la main qui le froisse. 6+6 a
Mais avec plus de hâte aussi, sur le parcours 6+6 b
Elle paraît chercher quelqu'un aux alentours. 6+6 b
495 Enfin, sorti de l'ombre, un homme noir se dresse 6+6 a
Derrière elle : « Ma tâche est faite. Avec adresse, 6+6 a
J'ai pu suivre celui que tu m'as indiqué ; 6+6 b
Là-bas, dans les roseaux, il se tient embusqué, 6+6 b
L'arc en main, à l'endroit où le Nil fait un coude, 6+6 a
500 Sur la digue à laquelle une oasis se soude. 6+6 a
— C'est bien ! dit Souré-Ha ; tiens ! Prends vite, et t'enfuis ! » 6+6 b
Il disparut d'un bond. Le Nil flamboyait. Puis 6+6 b
Il emporta bientôt sur les canges royales 6+6 a
Le cortège et les chants des lyres triomphales. 6+6 a
505 « Que regardes-tu donc, ma sœur, autour de toi ? 6+6 b
Dit Samhisis. Je veux que ce soir, près de moi, 6+6 b
Chacune ait sa chanson comme sa banderole. 6+6 a
Tous tes désirs, dis-les. N'as-tu pas ma parole ? 6+6 a
Parle ! » — Alors, Souré-Ha : « Si je te demandais 6+6 b
510 De m'asseoir à ta place un instant sous ton dais, 6+6 b
Et d'essayer un peu ta pose et ta parure ? 6+6 a
J'en serais plus rieuse après, je te le jure ! » 6+6 a
Ce caprice jaloux sut plaire à Samhisis. 6+6 b
Comme la conque d'or de la déesse Isis, 6+6 b
515 La cange suit le fleuve auguste en sa descente. 6+6 a
Souré-Ha sous le dais se tient, éblouissante ; 6+6 a
Et tandis que son être est brisé de douleurs, 6+6 b
En s'efforçant de rire, elle arrête les pleurs, 6+6 b
Les derniers, que ramène une pensée amère. 6+6 a
520 Qu'elle était belle ainsi, dans sa gloire éphémère ! 6+6 a
Belle comme l'étoile au ciel tout constellé 6+6 b
Qui surgit et qui meurt après avoir brillé ! 6+6 b
Mais près des joncs mêlant sur les bords verts de l'île 6+6 a
Leurs rameaux plus touffus, la barque vient, tranquille. 6+6 a
525 Aussitôt Thaéri s'est levé dans la nuit. 6+6 b
Il croit voir Samhisis ; — et la corde sans bruit 6+6 b
Sous ses doigts est tendue. — Il demeure immobile 6+6 a
Une seconde. Il vise avec un art habile. 6+6 a
Puis la corde a vibré… ce ne fut qu'un soupir. 6+6 b
530 L'âme de Souré-Ha qui rêvait de partir 6+6 b
S'envola. — Son beau corps roulait dans le sillage. 6+6 a
Ce soir, les caïmans qui rôdaient sur la plage 6+6 a
Se sont repus entre eux dans un double festin, 6+6 b
Car le flot ne rendit nul cadavre au matin. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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