Métrique en Ligne
DLR_6/DLR616
Lucie DELARUE-MARDRUS
SOUFFLES DE TEMPÊTE
1918
VI
PROPHÉTIQUES
CHAMPIGNY
Sur nos chevaux, dressés de toute notre taille, 6+6 a
Nous avons traversé cette plaine du soir. 6+6 b
Je ne me lassais point, au passage, de voir 6+6 b
Ces monuments qui crient : Champigny la Bataille ! 6+6 a
5 Héros ! C'est à cheval et non pas à genoux 6+6 a
Que je vous saluais, ce soir, vivante cible 6+6 b
Sous l'exécrable feu germain. Est-il possible 6+6 b
Que l'on ait pu venir tuer nos gens chez nous ! 6+6 a
Des drapeaux, de la pierre au large de la plaine, 6+6 a
10 Bornes montant moins haut que les meules de blé, 6+6 b
Et qui marquent l'endroit où repose, assemblé, 6+6 b
Un groupe de Français ivres de mâle haine. 6+6 a
Au creux du crépuscule à droite s'effaçant, 6+6 a
Paris quotidien s'allume dans la brume. 6+6 b
15 Mais, parmi ce couchant pacifique, je hume 6+6 b
Je ne sais quelle odeur ancienne de sang. 6+6 a
Patrie ! O cruel mot qui ne veut pas se taire ! 6+6 a
Je songeais à ces morts couchés sous les labours. 6+6 b
Je disais : « Leur sang coule aux veines de la terre, 6+6 a
20 Et cette odeur, ici, persistera toujours. » 6+6 b
Ce Paris violé, jadis, comme une femme, 6+6 a
Le regardant au loin dans son couchant câlin, 6+6 b
Tout bas je répétais, la colère dans l'âme : 6+6 a
« A nous d'entrer un jour en vainqueurs à Berlin ! » 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite de strophes
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