Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
DLR_5/DLR480
Lucie Delarue-Mardrus
PAR VENTS ET MARÉES
1910
O mer ! Fond de ténèbre | et surface qui brilles, 6+6 a
Toi qu'on ne peut marquer | d'un durable sillon, 6+6 b
Je viens ici, | vindicative | entre tes filles, 4+4+4 a
Adorer ton caprice | et ta rébellion. 6+6 b
5 Mer changeante à jamais, | pourtant toujours toi-même 6+6 a
Depuis les premiers jours | du temps illimité, 6+6 b
Mer sans maître, éternel | conseil de liberté, 6+6 b
Permets qu'un-cœur humain | s'enthousiasme et t'aime. 6+6 a
Mon désir ne peut pas | me creuser un chemin 6+6 a
10 Jusques au plus caché | de ton secret royaume, 6+6 b
Mais je puis, me penchant, | te prendre dans ma paume 6+6 b
Et boire Vin fini | dans le fond de ma main. 6+6 a
Mon désir ne peut pas | me creuser un chemin 6+6 a
Jusque s au plus caché | de ton secret royaume, 6+6 b
15 Mais je puis, me penchant, | te prendre dans ma paume 6+6 b
Et boire Vin fini | dans le fond de ma main. 6+6 a
Ce sel contre mes dents, | c'est celui des eaux pâles 6+6 a
Qui vont s'assombrissant | jusqu'au domaine obscur 6+6 b
Où tu n'es plus, miroir | du ciel, gouffre d'azur, 6+6 b
20 Qu'un flot de nuit hanté | par de lumineux squales 6+6 a
Nous contenterons-nous | de l'esprit inconnu 6+6 a
Qui mène ta surface | à jamais flucteusefluctueuse ? 6+6 b
Nous contenterons-nous | que ta vague trop creuse 6+6 b
Soit la place d'un corps | énigmatique et nu ? 6+6 a
25 Laisse-nous oublier | que de grands paysages 6+6 a
Nocturnes sont en toi | pour toujours submergés. 6+6 b
O mer ! Jette à nos pieds | tes plus clairs coquillages, 6+6 a
Que nous ne songions plus | à tes sombres vergers. 6+6 b
Te voici dans ta grâce | et ta géométrie, 6+6 a
30 Dans ta furie horrible | et ton auguste paix. 6+6 b
Errons parmi ton sable, | ivres de tes aspects, 6+6 b
Sans plus pleurer | ta profondeur, | cette patrie. 4+4+4 a
Entre des cyprès noirs | et-des orangers blancs, 6+6 a
Je t'ai connue étale | et méditerranée, 6+6 b
35 Et tu te souvenais | dans tes calmes élans 6+6 a
D'avoir baigné jadis | l'hellade, cette aînée. 6+6 b
A travers des buissons | de ronces et de houx, 6+6 a
Au rythme dur des flux | et reflux retractiles, 6+6 b
Je t'ai connue au nord, | comme au temps où les Roux, 6+6 a
40 Les grands iarles, quittaient | leurs neigeuses presqu'îles. 6+6 b
Je t'ai connue ici, | là-bas, de loin, de près, 6+6 a
J'ai revêtu le voile | ardent de ta nuance. 6+6 b
C'est encor toi que j'aime | et travers les forêts, 6+6 a
Quand l'ouragan reprend | la voix de ta démence. 6+6 b
45 Dans tout ce qui m émeut | de faible ou de puissant, 6+6 a
Je me souviens de toi | qui hantes ma pensée. 6+6 b
Ta mémoire est en moi | pour toujours enfoncée, 6+6 b
Ton rythme multiforme | est resté dans mon sang. 6+6 a
Pour moi, la vie a ta | douceur ou ta tempête, 6−6 a
50 Ton royaume secret, | ton flux et ton reflux. 6+6 b
Parfois mon désespoir | est une grande fête 6+6 a
Où tournent tes oiseaux | marins aux cris aigus. 6+6 b
Je t'atteste en mon cœur, | possession immense ! 6+6 a
Toi seule je te peux | reconnaître et chérir, 6+6 b
55 Mer, éternelle joie, | éternelle souffrance, 6+6 a
Mer, dont je ne peux pas | et ne veux pas guérir ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6=6
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