Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
DLR_4/DLR479
Lucie DELARUE-MARDRUS
LA FIGURE DE PROUE
1908
AINSI SOIT-IL
AINSI SOIT-IL
A J.C.M.
Je souris maintenant à mon rêve exaucé, 6+6 a
A cette destinée imprévue et fatale 6+6 b
Qui ramène de loin vers la côte natale 6+6 b
Mon cœur qui s y était, malgré tout, fiancé. 6+6 a
5 Ainsi soit-il ! Je vais vivre et mourir à l'aise 6+6 a
Dans ce morceau du sol normand qui m'appartient, 6+6 b
Contempler de longs ans, autour de moi, mon bien, 6+6 b
A travers la clarté des vitres Louis seize. 6+6 a
En haut, c'est le seuil fer ou s'inscrira mon nom. 6+6 a
10 En bas, au bout des prés, c'est la ferme et l'étable. 6+6 b
Et le tout agencé comme en ce siècle aimable 6+6 b
Qui mit la métairie auprès de Trianon. 6+6 a
Ma maison est au cœur d'une noble avenue 6+6 a
Où d'anciens tilleuls font un jour sombre et clair. 6+6 b
15 Du fond de ma maison je 'pourrai voir la mer 6+6 b
Et la ville, écouter leur allée et venue. 6+6 a
Les corbeaux sur son toit chantaient dies iræ, 6+6 a
Les ronces l'étreignaient on la disait hantée. 6+6 b
Pour qu elle soit aussi par mon âme habitée, 6+6 b
20 Moi, fantôme vivant, je la restaurerai. 6+6 a
Des roses fleuriront le ciel le long des rampes ; 6+6 a
Des soupirs et des ris de jeunesse et d’amour 6+6 b
S'entendront. Ce sera comme sur les estampes 6+6 a
De mon délicieux ancêtre Debucourt, 6+6 b
25 Les relents vigoureux qui montent des herbages 6+6 a
S'orneront d'un parfum de rose et de tilleul 6+6 b
Et j'entendrai, bercée au fond de mon fauteuil, 6+6 b
Les bruits du port d'Honfleur qui parlent de voyages. 6+6 a
Or, je repartirai ! Mais que soit mon espoir 6+6 a
30 Fait de pâle soleil, de verdure étoilée ; 6+6 b
Je veux toujours chérir, le long de mon allée, 6+6 b
Après les jeux du jour, les tristesses du soir. 6+6 a
Je veux le beau temps bleu, l'orage couleur d'encre, 6+6 a
Toute la vie au creux des mêmes horizons. 6+6 b
35 Que la succession de mes quatre saisons 6+6 b
S'accomplisse en ce lieu choisi : j'ai jeté l'ancre ! 6+6 a
Puissé-je désormais ne jamais oublier 6+6 a
A travers Orients, sables et cités blanches, 6+6 b
Mes tilleuls, ma maison, ma ferme, et ce noyer 6+6 a
40 Qui porte doucement ma ville entre ses branches. 6+6 b
Puissé-je n'aimer rien que mon domaine en fleur 6+6 a
Et le vieux médaillon au-dessus de la porte 6+6 b
Le foyer où mon âme, enracinée et forte… 6+6 b
Doit accomplir, jusqu'à la fin, tout son bonheur. 6−6 a
mètre profil métrique : 6−6
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