Métrique en Ligne
DLR_4/DLR438
Lucie DELARUE-MARDRUS
LA FIGURE DE PROUE
1908
EN MARGE
IN MEMORIAM
Pendant que je suis jeune et vivante, grand’mère, 6+6 a
Te voici morte, toi, sans rien dire, au pays. 6+6 b
Par quelque jour glacé de la saison amère. 6+6 a
Quand les prés ne sont pas encore épanouis. 6+6 b
5 Je pense tendrement : tu fus si longtemps femme. 6+6 a
Et toute la fatigue était dans tes genoux. 6+6 b
Tu te reposes donc enfin, de corps et d’âme, 6+6 a
Dans la terre foncée et fraîche de chez nous. 6+6 b
Ta beauté n’était plus qu’une feuille séchée. 6+6 a
10 Tu n’auras maintenant ni forme ni couleur. 6+6 b
Plus rien d’humain, plus de regard et plus de cœur 6−6 b
Où loger ta tristesse apparente ou cachée. 6+6 a
Ton esprit, compliqué jadis, était en toi 6+6 a
Devenu par avance aussi simple, à la longue, 6+6 b
15 Que les Heurs qui naîtront bientôt de ton corps froid 6+6 a
Lorsque, au vent, germera ta sépulture oblongue 6+6 b
Donc, l’étroit cimetière entre deux chemins creux 6+6 a
Ayant enseveli ta figure dernière. 6+6 b
Cette saine vieillesse et sa carrure fière, 6+6 b
20 Ce visage au beau nez de ruse, aux jolis yeux, 6+6 a
Requiescat sur toi, vieille dame normande ! 6+6 a
Que la terre soit douce aux os qu’elle a couverts, 6+6 b
Et que bientôt l’Avril des champs et des prés verts 6+6 b
Balance sur ta mort une branche gourmande 6+6 a
mètre profil métrique : 6−6
forme globale type : suite de strophes
logo du CRISCO logo de l'université