Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
DLR_4/DLR433
Lucie DELARUE-MARDRUS
LA FIGURE DE PROUE
1908
EN MARGE
MUSIQUE
I
La musique a frô mon âme de ce soir 6+6 a
Et je suis devenue ivre et obéissante. 6+6 b
Faut-il que, jusqu’au fond de l’être, je la sente 6+6 b
Et ne comprenne pas ce qu’elle peut vouloir ? 6+6 a
5 N’auras-tu pas pitié ? Nous nous sentons si lasse 6+6 a
D’être le violon de ton archet nerveux. 6+6 b
O Musique, torture et douceur, grâce !… grâce !… 6+6 a
Qu’y a-t-il donc en toi qui prend comme des yeux ? 6+6 b
Ah viens ! tords-nous les mains, musique, spasme chaste 6+6 a
10 Tu fais lever en nous, à travers des sanglots. 6+6 b
Toute une âme de fond passionnée et vaste 6+6 a
Comme le vent, comme le ciel, comme les flots. 4+4+4 b
II
La musique m’a prise et faite son esclave, 6+6 a
Quand ces musiciens, ce soir, chantaient entre eux. 6+6 b
15 Ils chantaient et jouaient toute leur âme slave. 6+6 a
Menés par la guitare au profond ventre creux. 6+6 b
Ils croyaient s’amuser un peu sur la guitare. 6+6 a
Mais leur race sortait des cordes et du bois. 6+6 b
Et le grand crescendo qui leur gonflait la voix 6+6 b
20 Exhalait leur douceur charmeresse et barbare. 6+6 a
Caucasiens, bohémiens, petits-russiens, 4+4+4 a
Tous les rythmes formaient une géographie 6+6 b
Intangible, qui rit du temps et le défie ; 6+6 b
Et le pays entier reconnaissait les siens. 6+6 a
25 — Rythmes slaves, bouffée inconsciente et pure, 6+6 a
Musique de ce soir ! leur Révolution 6+6 b
Coulait aussi, comme du sang, de la mesure. 4+4+4 a
Avec son rêve triste, avec sa passion. 6+6 b
Et, seule, je tenais entre mes mains ma tête. 6+6 a
30 Et mon cœur défaillait, et je songeais tout bas : 6+6 b
« Toute réali pour eux est la défaite. 6+6 a
Car ils ne veulent pas, car ils ne savent pas… » 6+6 b
mètre profil métrique : 6=6
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