Métrique en Ligne
DLR_11/DLR986
Lucie DELARUE-MARDRUS
TEMPS PRÉSENTS
1939
BALLADE DE L'HEURE ET DU FEU
Pour distraire un petit cette saison maussade 6+6 a
Où fut le triste été sans cesse agonisant, 6+6 b
Où, nuit et jour pourris sous une averse fade. 6+6 a
Les prés n'eurent, les soirs, jamais un ver luisant, 6+6 b
5 S'il nous faut découvrir le passe-temps plaisant 6+6 b
Qui console ce cœur que l'on a sous la pluie, 6+6 c
Sagement méditons le dire paysan : 6+6 b
« Avec l'heure et le feu, jamais on ne s'ennuie. » 6+6 c
L'automne va venir, cette grande malade. 6+6 a
10 Jouant de cent reflets aux couleurs du faisan, 6+6 b
Ses feuilles s'en iront en folle débandade, 6+6 a
Et sa pourpre et son or seront, décor grisant, 6+6 b
Ouvrage de la Mort, très habile artisan. 6+6 b
En l'attendant parmi les cendres et la suie, 6+6 c
15 Rallumons dès ce soir le grand feu bienfaisant. 6+6 b
Avec l'heure et le feu, jamais on ne s'ennuie. 6+6 c
Car la pendule avec sa petite saccade 6+6 a
Qui répond dans un coin aux bruits du feu jasant, 6+6 b
Car l'heure et son refrain de gnome en embuscade, 6+6 a
20 Car le feu qui tout bas nous parle — ou soi-disant, — 6+6 b
(Monotone duo qui va nous amusant) 6+6 b
Aident à rêvasser notre front qui s'appuie, 6+6 c
Et, quand on sait goûter leur charme reposant, 6+6 b
Avec l'heure et le feu, jamais on ne s'ennuie. 6+6 c
ENVOI
25 O bûche dont l'ardeur brûle en te détruisant, 6+6 b
Tic-tac au bout duquel sera notre âme enfuie, 6+6 c
Je te mercie, ô jeu cruel et complaisant ! 6+6 b
Avec l'heure et le feu, jamais on ne s'ennuie. 6+6 c
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : petite ballade
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