Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
DLR_1/DLR31
Lucie DELARUE-MARDRUS
OCCIDENT
1901
L'ÂME ET LA MER
L'ÉTREINTE MARINE
Une voix sous-marine | enfle l'inflexion 6+6 a
De ta bouche et la mer | est glauque tout entière 6+6 b
De rouler ta chair pâle | en son remous profond. 6+6 a
Et la queue enroulée | à ta stature altière 6+6 b
5 Fait rouer sa splendeur | au ciel plein de couchant, 6+6 c
Et, parmi les varechs | où tu fais ta litière, 6+6 b
Moi qui passe le long | des eaux, j'ouïs ton chant 6+6 c
Toujours, et sans te voir | jamais, je te suppose 6+6 a
Dans ton hybride grâce | et ton geste alléchant. 6+6 c
10 Je sais l'eau qui ruisselle | à ta nudité rose, 6+6 a
Visqueuse et te salant | journellement ta chair 6+6 b
Où une flore étrange | et vivante est éclose ; 6+6 a
Tes dix doigts dont chacun | pèse du chaton clair 6+6 b
Que vint y incruster | l'aigue ou le coquillage 6+6 c
15 Et ta tête coiffée | au hasard de la mer ; 6+6 b
La blanche bave dont | bouillonne ton sillage, 6+6 c
L'astérie à ton front | et tes flancs gras d'oursins 6+6 a
Et la perle que prit | ton oreille au passage ; 6+6 c
Et comment est plaquée | en rond entre tes seins 6+6 a
20 La méduse ou le poulpe | aux grêles tentacules, 6+6 b
Et tes colliers d'écume | humides et succincts. 6+6 a
Je te sais, ô sirène | occulte qui circules 6+6 b
Dans le flux et reflux | que hante mon loisir 6+6 c
Triste et grave, les soirs, | parmi les crépuscules, 6+6 b
25 Jumelle de mon âme | austère et sans plaisir, 6+6 c
Sirène de ma mer | natale et quotidienne, 6+6 a
O sirène de mon | perpétuel désir ! 6−6 c
O chevelure ! ô hanche | enflée avec la mienne, 6+6 a
Seins arrondis avec | mes seins au va-et-vient 6+6 b
30 De la mer, ô fards clairs, | ô toi, chair neustrienne ! 6+6 a
Quand pourrai-je sentir | ton cœur contre le mien 6+6 b
Battre sous ta poitrine | humide de marée 6+6 c
Et fermer mon manteau | lourd sur ton corps païen, 6+6 b
Pour t'avoir nue ainsi | qu'une anguille effarée 6+6 c
35 A moi, dans le frisson | mouillé des goëmons, 6+6 a
Et posséder enfin | ta bouche désirée ? 6+6 c
Ou quel soir, descendue | en silence des monts 6+6 a
Et des forêts vers toi, | dans tes bras maritimes 6+6 b
Viendras-tu m'emporter | pou, d'aval en amonts, 6+6 a
40 Balancer notre étreinte | au remous des abîmes ?… 6+6 b
mètre profil métrique : 6−6
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