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DLP_2/DLP36
corpus Pamela Puntel
Albert DELPIT
POÉSIES DE GUERRE
Poèmes publiés dans LA REVUE DES DEUX MONDES (1871)
1871
I. — LES ÉTRENNES DE PARIS
Allons ! pille, assassine, arrache, égorge encore, 6+6 a
O Temps inassouvi dont la faux nous dévore ! 6+6 a
Entasse, dans tes jours plus longs qu’un siècle entier, 6+6 b
Les ruines sans nom que fait le Hun altier ! 6+6 b
5 Va ! va ! poursuis ton vol au milieu de nos plaines, 6+6 a
Où l’invasion monte en tempêtes humaines ! 6+6 a
Fais couler de la ville au pays du labour 6+6 b
Le sang de Woerth après le sang de Wissembourg ! 6+6 b
Fais tomber cet espoir qui toujours se redonne 6+6 a
10 De Sedan qu’on trahit à Metz qu’on abandonne ! 6+6 a
Va toujours ! viens cerner Paris entre ses forts ; 6+6 b
Fais-lui comme ceinture un vaste champ de morts 6+6 b
Tombés pour son orgueil et pour sa délivrance ; 6+6 a
Enfin amasse tout, deuils, sanglots et souffrance. 6+6 a
15 Tu n’empêcheras point que nous, vaincus d’hier, 6+6 b
Debout sous le grand ciel qui luit joyeux et clair. 6+6 b
Nous ne venions, du fond de ta ville cernée, 6+6 a
Te souhaiter, ô France, une superbe année ! 6+6 a
Écoute, nous avons une étrenne à t’offrir : 6+6 b
20 Trois cent mille soldats qui sont prêts à mourir ! 6+6 b
Et nous avons souffert, va, les uns et les autres. 6+6 a
Car la neige et la faim ont frappé bien des nôtres ! 6+6 a
Le froid est dur pendant les grand’gardes de nuit… 6+6 b
Mais ta sainte pensée est là qui nous conduit. 6+6 b
25 Mais ton nom bien-aimé résonne à notre oreille. 6+6 a
Et tout cela nous rend la chaleur sans pareille. 6+6 a
Mystérieux accord appris par la douleur, 6+6 b
Qui fait monter le sang plus chaud à notre cœur ! 6+6 b
C’est un beau jour de l’an dans la ville assiégée ! 6+6 a
30 Les maudits qui la croient de désespoir rongée, 6+6 a
En proie aux factions des traîtres et des fous, 6+6 b
Oh ! s’ils pouvaient nous voir unis, résolus, tous ! 6+6 b
Oh ! s’ils pouvaient la voir, notre armée aguerrie. 6+6 a
Légions qu’enfanta l’appel de la patrie ! 6+6 a
35 Tous ces dormeurs d’hier réveillés à ton nom. 6+6 b
Et qu’a déjà brunis le souffle du canon ! 6+6 b
Et tout cela pour toi, France, mère adorée ! 6+6 a
Chacun a bien compris que l’heure était sacrée. 6+6 a
Et qu’il fallait lutter jusqu’à la mort ici 6+6 b
40 Pour que l’on pût là-bas se relever aussi ! 6+6 b
N’est-ce pas que l’étrenne est belle ? — On te l’envoie ! 6+6 a
Sache que nous souffrons ce qu’on souffre avec joie ; 6+6 a
Sache que tous ont mis les douleurs en commun. 6+6 b
Et que le désespoir cherche encore quelqu’un ! 6+6 b
45 Car pour tout oublier, larmes, craintes, prières. 6+6 a
Et tout le sang des fils, et tous les pleurs des mères, 6+6 a
Et tous ceux qui partis ne sont pas revenus, 6+6 b
Pour nous faire oublier ces tourmens inconnus 6+6 b
De la faim, du danger, du froid, de l’ignorance, 6+6 a
50 Il suffit qu’on se dise un seul mot : pour la France ! 6+6 a
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Allons ! pille, assassine, arrache, égorge encore, 6+6 b
O Temps inassouvi dont la faux nous dévore ! 6+6 b
Tu n’as pas empêché que les vaincus d’hier. 6+6 a
Debout sous le grand ciel qui luit joyeux et clair, 6+6 a
55 Ne soient venus du fond de ta ville cernée. 6+6 b
Te souhaiter, ô France, une superbe année ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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