Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
DES_4/DES418
Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES INÉDITES
1860
ENFANTS ET JEUNES FILLES
LE PETIT BRUTAL
J’ai vu bien des enfantsmal éclos dans ma vie ; 6+6 a
J’en ai tant vu, tant vuque les yeux m’en font mal ! 6+6 b
Mais ils valaient de l’orprès du petit brutal 6+6 b
Qui, de ne pas l’aimer,me donnerait l’envie. 6+6 a
5 Il faut aimer pourtant :que faire de son cœur ? 6+6 a
Quand il serait encorplus hardi, plus moqueur, 6+6 a
Il faut en le grondantlui faire une caresse 6+6 b
Et le changer peut-êtreà force de tendresse. 6+6 b
Gronder n’est pas si beau.
— « Viens donc, mon pauvre enfant, 6+6 a
10 Ma raison te pardonneet mon cœur te défend. 6+6 a
La malice est un dardque l’indulgence émousse. 6+6 b
Bonjour ! Prends cette orangeElle est mure, elle est douce ; 6+6 b
Fais-en ce que tu veux ;je la gardais pour toi : 6+6 a
Un jour, pour quelque enfanttu feras comme moi. 6+6 a
Tu ne dis pas merci ?
— Non.
— Pourquoi donc ?
15 — Je mange. 6+6 b
Et tu ne m’aimes pasun peu ?
— J’aime l’orange. 6+6 b
— Tu n’es pas dans ton tort.Mais poursuis ton chemin ; 6+6 a
Sois libre comme l’air.
— Je t’aimerai demain. 6+6 a
— Je le sais mieux que toi,ton regard me l’assure ; 6+6 b
20 Comme un petit serpenttu guéris ta morsure. 6+6 b
— Je n’aime pas le grandqui me fait de grands yeux, 6+6
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Et qui lève toujourssa canne sur ma tête. 6+6 a
C’est un laid, c’est un noir,c’est une grosse bête ! 6+6 a
25 Quand il sera petitet que je serai grand, 6+6 b
Nous verrons !
— Ne peux-tul’éviter en courant ; 6+6 b
Et le laisser partirsans que tu le déranges ? 6+6 a
On se distrait d’ailleursen mangeant des oranges. 6+6 a
C’est si bon, d’être bon,d’être gai, franc, loyal, 6+6 b
30 Et d’être pardonnéquand on a fait le mal ! 6+6 b
Dieu m’a traitée ainsilorsque j’étais méchante : 6+6 a
Celle bonté toujoursme rend bonne et m’enchante ! 6+6 a
— Vous avez donc crié ?
— Tais-toi, c’était affreux ! 6+6 b
Et les petits enfantsse regardaient entre eux. 6+6 b
35 J’arrachais les fruits verds,je marchais sur les roses ; 6+6 a
Je faisais, comme toi,de très-vilaines choses. 6+6 a
Et l’on me détestait.
— C’est drôle !
— C’est bien plus, 6+6 b
C’est bête, et l’on s’en moqueaux livres que j’ai lus. 6+6 b
Lis-tu beaucoup ?
— Jamais !Je déchire la page. 6+6 a
40 Quand vous étiez méchante,aimiez-vous le tapage ? 6+6 a
À t’en donner horreur.Tu verras !
— Je verrai. 6+6 b
— Viens, nous en causeronscomme amis.
— Je viendrai. 6+6 b
Mais quand ?
À la belle heureavec toi reparue. 6+6 a
Ah ! c’est que j’ai beaucoupd’affaires dans la rue ! 6+6 a
45 — Ne te gène donc paset viens quand tu voudras. 6+6 b
Je me confesserai :toi, tu me jugeras. » 6+6 b
Il vint, et de lui-mêmeouvrant d’un coup la porte 6+6 a
Il y passait sa têteaimable ou non, n’importe, 6+6 a
Et tenté par un charme,une histoire, un doux fruit, 6+6 b
50 Il oubliait de battreet de faire du bruit. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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