Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
DES_4/DES393
Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES INÉDITES
1860
FAMILLE
ONDINE À L’ÉCOLE
Vous entriez, Ondine, | à cette porte étroite, 6+6 a
Quand vous étiez petite, | et vous vous teniez droite ; 6+6 a
Et quelque long carton | sous votre bras passé 6+6 b
Vous donnait on ne sait | quel air grave et sensé 6+6 b
5 Qui vous rendait charmante. | Aussi, votre maîtresse 6+6 a
Vous regardait venir, | et fière avec tendresse. 6+6 a
Opposant votre calme | aux rires triomphants, 6+6 b
Vous montrait pour exemple | à son peuple d’enfants ; 6+6 b
Et du nid studieux | l’harmonie argentine 6+6 a
10 Poussait à votre vue : | « Ondine ! Ondine ! Ondine ! » 6+6 a
Car vous teniez déjà | votre palme à la main, 6+6 b
Et l’ange du savoir | hantait votre chemin. 6+6 b
Moi, penchée au balcon | qui surmontait la rue, 6+6 a
Comme une sentinelle | à son heure accourue. 6+6 a
15 Je poursuivais des yeux | mon mobile trésor, 6+6 b
Et disparue enfin | je vous voyais encor. 6+6 b
Vous entraîniez mon âme | avec vous, fille aimée, 6+6 a
Et je vous embrassais | par la porte fermée. 6+6 a
Quel temps ! De tous ces jours | d’école et de soleil 6+6 b
20 Qui hâtaient la pensée | à votre front vermeil, 6+6 b
De ces flots de peinture | et de grâce inspirée, 6+6 a
L’âme sort-elle heureuse, | ô ma douce lettrée ? 6+6 a
Dites, si quelque femme | avec votre candeur 6+6 b
En passant par la gloire | est allée au bonheur ? 6+6 b
25 Oh ! que vous me manquiez, | jeune âme de mon âme ! 6+6 a
Quel effroi de sentir | s’éloigner une flamme 6+6 a
Que j’avais mise au monde, | et qui venait de moi, 6+6 b
Et qui s’en allait seule : | Ondine ! quel effroi ! 6+6 b
Oui, proclamé vainqueur | parmi les jeunes filles, 6+6 a
30 Quand votre nom montait | dans toutes les familles, 6+6 a
Vos lauriers m’alarmaient | à l’ardeur des flambeaux : 6+6 b
Ils cachaient vos cheveux | que j’avais faits si beaux ! 6+6 b
Non, voile plus divin, | non, plus riche parure 6+6 a
N’a jamais d’un enfant | ombragé la figure. 6+6 a
35 Sur ce flot ruisselant | qui vous gardait du jour 6+6 b
Le poids d’une couronne | oppressait mon amour. 6+6 b
Vos maîtres étaient fiers | et moi j’étais tremblante ; 6+6 a
J’avais peur d’attiser | l’auréole brûlante. 6+6 a
Et, troublée aux parfums | de si précoces fleurs, 6+6 b
40 Vois-tu, j’en ai payé | l’éclat par bien des pleurs. 6+6 b
Comprends tout… J’avais vu | tant de fleurs consumées ! 6+6 a
Tant de mères mourir, | de leur amour blâmées ! 6+6 a
Ne sachant bien qu’aimer | je priais Dieu pour vous, 6+6 b
Pour qu’il te gardât simple | et tendre comme nous ; 6+6 b
45 Et toi tu souriais | intrépide à m’apprendre 6+6 a
Ce que Dieu t’ordonnait, | ce qu’il fallait comprendre. 6+6 a
Muse, aujourd’hui, dis-nous | dans ta pure candeur 6+6 b
Si Dieu te l’ordonnait | du moins pour ton bonheur ? 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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