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DES_3/DES309
Marceline DESBORDES-VALMORE
BOUQUETS ET PRIÈRES
1843
À L'AUTEUR DE MARIE
M. BRISEUC
Vos vers c'est le printemps : pluie et soleil ensemble ; 6+6 a
C'est l'orage et l'oiseau dans le chêne qui tremble. 6+6 a
Moi, quand je me souviens, le front sur mes genoux, 6+6 b
J'écoute un de vos chants, jeune et vrai comme vous. 6+6 b
5 Vous ! que j'ai vu monter à la haute Italie, 6+6 a
Enfant, plein de musique et de mélancolie ; 6+6 a
Poète ! qu'une hysope arrêtait en chemin ; 6+6 b
Frère, attardant son pas pour rencontrer ma main. 6+6 b
Quand vous alliez fervent vers le peuple qui prie, 6+6 a
10 Vous portiez dans le cœur le livre de Marie ; 6+6 a
Vous aviez des parfums plein l'âme, et dans les yeux, 6+6 b
Comme au temps où l'on croit, de longs reflets des cieux. 6+6 b
Tout est dans ce beau livre écrit avec des flammes, 6+6 a
Reliquaire d'amour qui fait rêver les femmes ; 6+6 a
15 Dont chaque page pure exhale une âme en fleur, 6+6 b
Qui se répand dans l'ombre et coule pleur par pleur ! 6+6 b
Chaste et vivante école, où ma vague pensée 6+6 a
Apprit à soulever son aile embarrassée ; 6+6 a
Seuil du toit paternel où s'élève un berceau ; 6+6 b
20 Foi vive, écoutant Dieu dans la voix du ruisseau ; 6+6 b
Instinct sublime et doux, qui touche une grande âme, 6+6 a
De pitié pour l'enfant, de respect pour la femme : 6+6 a
Tout est dans ce beau livre où l'on vous voit passer, 6+6 b
Marcher seul au soleil, et sourire et penser, 6+6 b
25 Et regarder de loin l'idole reconnue, 6+6 a
Comme aux nuits du pasteur l'étoile revenue, 6+6 a
Ou comme l'églantine au front du printemps vert, 6+6 b
Qui s'étonne et sourit d'avoir vaincu l'hiver : 6+6 b
Vos mains si sagement ont touché sa couronne, 6+6 a
30 Qu'elle ne rougit pas dans l'air qui l'environne, 6+6 a
Non, la vierge allaitante et ruminant le ciel, 6+6 b
N'a pas souri plus vierge aux mains de Raphaël ! 6+6 b
Eh bien ! qu'avez-vous fait des vertes espérances, 6+6 a
Frais dictame attendu par d'amères souffrances ? 6+6 a
35 En avez-vous cueilli sur les grands Apennins ? 6+6 b
Rome s'est-elle émue à vos ennuis divins ? 6+6 b
Vos cris ont-ils troublé cette reine indolente, 6+6 a
De son sommeil d'îlote a s'éveiller si lente ? 6+6 a
Avez-vous fait bondir dans les échos dormans 6+6 b
40 Vos colères d'amour et vos espoirs charmans ? 6+6 b
Ah ! vous me regardez et vous murmurez : DANTE ! 6+6 a
Avez-vous dans l'enfer plongé votre âme ardente ? 6+6 a
Savez-vous Béatrix ? et vos traits pâlissans, 6+6 b
Disent-ils le secret de vos nouveaux accens ! 6+6 b
45 Si vous savez ce que fait l'âme sombre, 4+6 a
Bien que passant à travers beaucoup d'ombre, 4+6 a
Tant qu'au chemin pend un rayon vermeil, 4+6 b
Prenez, prenez le côté du soleil ! 4+6 b
Aimez ce roi, le plus grand roi du monde, 4+6 a
50 Illuminant la terre qu'il féconde, 4+6 a
Ne gardant rien au bout de ses rayons, 4+6 b
Des flots d'or pur qu'il répand aux sillons ! 4+6 b
Allez grandir, jeune homme, à sa lumière, 4+6 a
Et chantez Dieu, source unique et première, 4+6 a
55 Du chaud trésor également versé 4+6 b
Sur l'humble chaume et le temple élancé ! 4+6 b
Tournez à lui, tournez lyre vivante, 4+6 a
Comme Daniel, sans le savoir, savante : 4+6 a
Baignez dans l'air tous vos rhytmes brûlans, 4+6 b
60 Qui, loin du jour mûriraient froids et lents. 4+6 b
Buvez, buvez, à la source cachée, 4+6 a
Dieu vous la doit pour l'avoir bien cherchée : 4+6 a
Dieu le découvre à si peu d'entre nous 4+6 b
Ce filet d'eau que l'on boit à genoux ! 4+6 b
65 Moi, je suis ceux que la gelée offense ; 4+6 a
Que l'âpre hiver insulte sans défense ; 4+6 a
Qui, pour foyer n'ont qu'un vieux mur vermeil, 4+6 b
Chauffé par jour d'un rayon de soleil ! 4+6 b
mètre profils métriques : 6+6, 4+6
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