Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
DES_2/DES250
Marceline DESBORDES-VALMORE
LES PLEURS
1830
AUX MANES D’EDMOND GÉRAUD
« Mon fils ! lui répond l’ermite,
De Notre-Dame-des-Bois
Le pouvoir est sans limite,
Et le ciel s’ouvre à sa voix :
Mais, hélas ! sur cette terre
Où l’homme ne vit qu’un jour,
Il n’est ni croix ni rosaire
Qui guérisse de l’amour ! »
Edmond Géraud,
L’Ermite de Sainte-Avelle.
Comme tout change vite ! Arbres de Belle-Allée, 6+6 a
Quoi ! vos ombres déjà couvrent un mausolée ! 6+6 a
Une ceinture noire endeuille un jeune enfant ; 6+6 b
Son âge y veut chanter ; la mort le lui défend. 6+6 b
5 Le rossignol ému, l’hirondelle hardie, 6+6 a
Revenus au printemps sous l’ardoise ou les fleurs, 6+6 b
Ont demandé peut-être à la frêle Élodie 6+6 a
Pourquoi son doux visage est tout pâle de pleurs. 6+6 b
Elle a dit : « Taisez-vous ; laissez dormir mon père. 6+6 a
10 Il ne chante plus avec nous. 8 b
Ne couvrez point ma voix ; car tout ce que j’espère, 6+6 a
C’est qu’il la reconnaît quand je prie à genoux. 6+6 b
« Mais ne vous sauvez pas : c’est encor sa demeure ; 6+6 a
Il aimait à nourrir vos nids et vos chansons ; 6+6 b
15 Ma mère sait par cœur ses pieuses leçons, 6+6 b
Et Dieu ne veut pas qu’elle meure ! 8 a
« Taisez-vous ; elle est veuve, et tout la fait pleurer. 6+6 a
Ne lui rappelez pas votre chant le plus tendre ; 6+6 b
Une lyre est brisée ; elle croirait l’entendre ; 6+6 b
20 Laissez-lui du silence et le temps d’espérer ! 6+6 a
« Écoutez : car l’enfant du barde et du poète 6+6 a
Sait épeler la vie en : mots harmonieux, 6+6 b
Et mon père a versé sur ma bouche muette 6+6 a
Des paroles d’amour qu’il allait prendre aux cieux. 6+6 b
25 « Et je les retiendrai : Je veux avec ma mère 6+6 a
Parler comme il parlait aux pèlerins troublés ; 6+6 b
Je sais comme il rendait leur route moins amère, 6+6 a
Quand ils s’éloignaient consolés ! 8 b
« C’est lui qui me portait, pour enhardir mon âge, 6+6 a
30 Où germent les oiseaux dans leurs œufs renfermés, 6+6 b
Quand je plongeais mon cœur dans votre frais ménage, 6+6 a
Pour compter des petits, comme moi tant aimés ! 6+6 b
« Regarde ! disait-il ; oh ! regarde, ma fille ! 6+6 a
C’est ainsi que ta mère a couvé notre enfant ; 6+6 b
35 L’âme du rossignol s’use pour sa famille !… » 6+6 a
Et puis, il me berçait sur son cœur triomphant. 6+6 b
« Puis, un soir dans ses yeux tremblait une lumière, 6+6 a
Pareille à cette étoile. — Hélas ! je l’aime bien ! — 6+6 b
Et de sa bouche encor sortit une prière 6+6 a
40 Mélodieuse… et puis je n’entendis plus rien. 6+6 b
« Le lendemain, ma mère était seule et couchée ; 6+6 a
Une parure affreuse enveloppait ses pleurs ; 6+6 b
Et sous la noire étreinte à mon corps attachée, 6+6 a
Moi ! je passe un printemps sans baisers et sans fleurs. » 6+6 b
45 Mais l’enfant n’a pas dit, barde de Sainte-Avelle, 6+6 a
Ton cortège de gloire au dernier de tes jours ; 6+6 b
Et nos bouquets lointains vers une ombre nouvelle, 6+6 a
Qui s’en retourne jeune où l’on aime toujours ! 6+6 b
Oui ! le dernier adieu d’une lyre expirée 6+6 a
50 Sonne le rendez-vous pour un autre avenir ; 6+6 b
Il tinte une prière ! une plainte sacrée, 6+6 a
Qui roule avec tristesse au fond du souvenir ! 6+6 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
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