Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
DES_2/DES247
Marceline DESBORDES-VALMORE
LES PLEURS
1830
AGAR
FRAGMENT
— Elle jeta de grands cris et se mit à pleurer.
— Or, Dieu écouta la voix de l’enfant ; et
un ange de Dieu appela Agar du ciel, et lui
dit : « Agar, qu’avez-vous ? Ne craignez point,
car Dieu a écouté la voix de l’enfant du lieu où
il est. »
Quelle mère un moment ne fut ambitieuse ? 6+6 a
Quelle mère, en plongeant son âme curieuse 6+6 a
Dans les jours où son fils ira chercher ses droits, 6+6 b
N’a dit : « Voilà mon fils ! Que sont les fils des rois ? 6+6 b
5 « Vents ! portez dans les cieux la voix de ma prière ; 6+6 a
Dieu ! versez le pardon sur l’orgueil à genoux. 6+6 b
Oui, l’orgueil m’a saisie, ô mon Dieu ! j’étais mère ; 6+6 a
Et la mère et l’enfant tendent les bras vers vous ! » 6+6 b
« Enfant, ne pleure pas. Voici des fleurs. Je t’aime. 6+6 a
10 Nous trouverons là-bas, peut-être, un frais ruisseau ; 6+6 b
Tu dormiras content sous un jeune arbrisseau ; 6+6 b
Et peut-être avec toi j’y dormirai moi-même ! » 6+6 a
Ainsi la triste Agar, un enfant par la main, 6+6 a
De son cœur oppressé brise le long silence. 6+6 b
15 L’enfant rit à sa mère ; et, plein d’obéissance, 6+6 b
Cueille une fleur mourante et poursuit son chemin. 6+6 a
Ce chemin est brûlant ; le soleil le dévore : 6+6 c
L’enfant poursuit en vain, de chaleur obsédé, 6+6 d
L’arbre vert, l’ombre et l’eau ! Triste, il a demandé : 6+6 d
20 « Ce frais ruisseau, ma mère, est-il bien loin encore ? » 6+6 c
— « Là-bas ! » répond Agar. — « Oh ! que c’est loin, là-bas, 6+6 a
Ma mère ! » Elle se tait, détourne son visage ; 6+6 b
Du voile qui la couvre elle forme un nuage, 6+6 b
Comme un linceul mouvant où se traînent leurs pas. 6+6 a
25 Ses premiers pas, à lui, l’éloignent de son père ! 6+6 a
« Ô Sarah ! de ton fils le sort est plus prospère. 6+6 a
Ô Sarah ! cet enfant pâle, nu, sans soutien, 6+6 b
C’est le fils d’Abraham… Non, mon Dieu ! c’est le tien ! 6+6 b
Sauve-le ! sauve-nous. Un peu d’air ! un peu d’ombre ! 6+6 c
30 Dieu ! ta main devant le soleil ! 8 d
Le bruit frais de l’eau vive, un arbre au rideau sombre, 6+6 c
Une pierre mouillée, un fruit, et du sommeil ! » 6+6 d
Et l’enfant tout à coup s’arrête. Elle s’arrête. 6+6 a
Du voile qui l’étouffe il dégage sa tête ; 6+6 a
35 De ses cheveux touffus lent à se découvrir, 6+6
Il tremble. Il jette enfin d’une lèvre altée : 6+6 b
« J’ai soif ! » — Et dans le ciel l’espérance est rentrée 6+6 b
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mètre profils métriques : 6+6, (8)
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