Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
DES_2/DES234
Marceline DESBORDES-VALMORE
LES PLEURS
1830
LA CRAINTE
Non, tout n’est pas perdu quand une chose
arrive contre votre attente. C’est moi qui connais
les peines cachées ; quand vous vous croyez
éloigné de moi, souvent je suis le plus près de
vous.
Imitation de J.-C.
Ouvre-toi, cœur malade ! et vous, lèvres amères, 6+6 a
Ouvrez-vous ! plaignez-moi ! Dieu m’oublie ou me hait ; 6+6 b
Sa pitié n’entend plus mon désespoir muet ; 6+6 b
Sa main jette au hasard mes heures éphémères ; 6+6 a
5 Comme des oiseaux noirs dans les vents dispersés, 6+6 c
Lasses avant d’éclore, et sans bonheur perdues, 6+6 d
Elles traînent sur moi leurs ailes détendues ; 6+6 d
Et Dieu ne dit jamais : « C’est assez ! c’est assez ! » 6+6 c
J’ai pleuré ; mais des pleurs blessent-ils sa puissance ? 6+6 a
10 Faible, où trouver des cris pour les jeter aux cieux ? 6+6 b
Enfant, quand je pleurais, sans le voir de mes yeux, 6+6 b
D’un ange autour de moi je sentais la présence : 6+6 a
Il était sous les fleurs que relevait ma main ; 6+6 c
Il me parlait souvent dans la voix de ma mère ; 6+6 d
15 Et si je soupirais d’une voix éphémère, 6+6 d
Penché sur moi, le soir, il me disait : « Demain ! » 6+6 c
Et je ne l’entends plus. J’entends toujours mon âme ! 6+6 a
Toujours elle se plaint ; jamais elle ne dort ! 6+6 b
Et cette âme où passa tant de pleurs, tant de flamme, 6+6 a
20 Le ciel qui la sait toute en voudra-t-il encor ? 6+6 b
Ciel ! un peu de bonheur ! ciel ! un peu d’espérance ! 6+6 a
Un peu d’air dans l’orage où s’éteignent mes jours ; 6+6 b
Un souffle à ma faiblesse, un songe à ma souffrance, 6+6 a
Ou ce sommeil sans rêve et qui dure toujours ! 6+6 b
25 Mais si quelque trésor germe dans nos alarmes, 6+6 a
Laissez aux pieds souffrants leurs sentiers douloureux, 6+6 b
Dieu ! tirez un bienfait du fond de tant de larmes, 6+6 a
Et laissez-moi l’offrir à quelque malheureux ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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