Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
DES_1/DES59
Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
ÉLÉGIES
L’ISOLEMENT
Quoi ! ce n’est plus pour lui, ce n’est plus pour l’attendre, 6+6 a
Que je vois arriver ces jours longs et brûlants ? 6+6 b
Ce n’est plus son amour que je cherche à pas lents ? 6+6 b
Ce n’est plus cette voix si puissante, si tendre, 6+6 a
5 Qui m’implore dans l’ombre, ou que je crois entendre ? 6+6 a
Ce n’est plus rien ? Où donc est tout ce que j’aimais ? 6+6 a
Que le monde est désert ! n’y laissa-t-il personne ? 6+6 b
Le temps s’arrête et dort : jamais l’heure ne sonne. 6+6 b
Toujours vivre, toujours ! On ne meurt donc jamais ? 6+6 a
10 Est-ce l’éterni qui pèse sur mon âme ? 6+6 a
Interminable nuit, que tu couvres de flamme ! 6+6 a
Comme l’oiseau du soir qu’on n’entend plus gémir, 6+6 a
Auprès des feux éteints que ne puis-je dormir ! 6+6 a
Car ce n’est plus pour lui qu’en silence éveillée, 6+6 a
15 La muse qui me plaint, assise sur des fleurs, 6+6 b
M’attire dans les bois, sous l’humide feuillée, 6+6 a
Et répand sur mes vers des parfums et des pleurs. 6+6 b
Il ne lit plus mes chants, il croit mon âme éteinte. 6+6 a
Jamais son cœur guéri n’a souonné ma plainte ; 6+6 a
20 Il n’a pas devi ce qu’il m’a fait souffrir. 6+6 a
Qu’importe qu’il l’apprenne ? il ne peut me guérir. 6+6 a
J’épargne à son orgueil la volupté cruelle 6+6 a
De juger dans mes pleurs l’excès de mon amour. 6+6 b
Que devrais-je à mes cris ? Sa frayeur ? son retour ? 6+6 b
25 Sa pitié ?… C’est la mort que je veux avant elle. 6+6 a
Tout est détruit : lui-même, il n’est plus le bonheur ; 6+6 a
Il brisa son image en déchirant mon cœur. 6+6 a
Me rapporterait-il ma douce imprévoyance, 6+6 a
Et le prisme charmant de l’inexpérience ? 6+6 a
30 L’amour en s’envolant ne me l’a pas rendu : 6+6 a
Ce qu’on donne à l’amour est à jamais perdu. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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