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Quoi ! ce n’est plus pour lui, ce n’est plus pour l’attendre, |
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Que je vois arriver ces jours longs et brûlants ? |
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Ce n’est plus son amour que je cherche à pas lents ? |
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Ce n’est plus cette voix si puissante, si tendre, |
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Qui m’implore dans l’ombre, ou que je crois entendre ? |
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Ce n’est plus rien ? Où donc est tout ce que j’aimais ? |
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Que le monde est désert ! n’y laissa-t-il personne ? |
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Le temps s’arrête et dort : jamais l’heure ne sonne. |
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Toujours vivre, toujours ! On ne meurt donc jamais ? |
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Est-ce l’éternité qui pèse sur mon âme ? |
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Interminable nuit, que tu couvres de flamme ! |
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Comme l’oiseau du soir qu’on n’entend plus gémir, |
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Auprès des feux éteints que ne puis-je dormir ! |
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Car ce n’est plus pour lui qu’en silence éveillée, |
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La muse qui me plaint, assise sur des fleurs, |
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M’attire dans les bois, sous l’humide feuillée, |
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Et répand sur mes vers des parfums et des pleurs. |
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Il ne lit plus mes chants, il croit mon âme éteinte. |
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Jamais son cœur guéri n’a soupçonné ma plainte ; |
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Il n’a pas deviné ce qu’il m’a fait souffrir. |
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Qu’importe qu’il l’apprenne ? il ne peut me guérir. |
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J’épargne à son orgueil la volupté cruelle |
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De juger dans mes pleurs l’excès de mon amour. |
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Que devrais-je à mes cris ? Sa frayeur ? son retour ? |
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Sa pitié ?… C’est la mort que je veux avant elle. |
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Tout est détruit : lui-même, il n’est plus le bonheur ; |
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Il brisa son image en déchirant mon cœur. |
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Me rapporterait-il ma douce imprévoyance, |
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Et le prisme charmant de l’inexpérience ? |
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L’amour en s’envolant ne me l’a pas rendu : |
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Ce qu’on donne à l’amour est à jamais perdu. |
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