Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
DES_1/DES58
Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
ÉLÉGIES
LA FÊTE
Pour la douzième fois,hier, sur ma demeure, 6+6 a
Nuit lente, tu passaissans jeter de pavots ; 6+6 b
Sur mon cœur malheureuxje sentais tomber l’heure, 6+6 a
Et l’écho répétaitl’heure avec mes sanglots. 6+6 b
5 Je regardais, sans voir,une lampe inutile 6+6 a
Dont les rayons brûlaientma paupière immobile ; 6+6 a
« Elle s’éteint », disais-je :hélas ! c’étaient mes pleurs, 6+6 a
Qui d’un triste nuageentouraient ses lueurs. 6+6 a
Mais à travers mes pleurset cette clarté sombre, 6+6 a
10  J’ai vu partre une ombre, 6 a
Autrefois mon idole,aujourd’hui mon effroi : 6+6 a
Cette ombre était la sienne,elle avançait vers moi. 6+6 a
« Te voilà donc ! lui dis-je,on m’a désespérée ; 6+6 a
« Mon âme était si tendre !elle s’est égarée. 6+6 a
15 « On t’a nommé trompeur,et je t’ai cru trompeur, 6+6 a
« Tu ne les démens pas !tu ris… parle, j’ai peur. 6+6 a
« Tous ont fui, tous vont voirje ne sais quelle fête ; 6+6 a
« Moi je mourais. Mais parle,et mon âme s’arrête. » 6+6 a
L’ombre alors me repousseet m’entrne à la fois. 6+6 a
20 Oubliant ma faiblesseet ma fièvre brûlante, 6+6 b
Partout pour la saisirj’étends ma main tremblante : 6+6 b
Tout est lui, tout m’appelle,et tout a pris sa voix. 6+6 a
J’ai couru, j’ai suivides sentiers que j’ignore ; 6+6 a
Demi-nue, insensibleau souffle de l’hiver, 6+6 b
25 J’obéissais, mourante,à ce guide si cher : 6+6 b
Il ne m’appelait plus,j’obéissais encore. 6+6 a
La pluie à longs torrentsinondait le chemin ; 6+6 a
Le vent soufflait : « Demain !n’attends pas à demain ! » 6+6 a
Et je tombe à sa porte,et presque évanouie, 6+6 a
30 Par l’éclat des flambeaux,je m’arrête éblouie. 6+6 a
Des danses, des parfums,des voix, des chants d’amour 6+6 a
 Remplissaient ce séjour. 6 a
Au milieu de l’encensqui formait un nuage, 6+6 a
J’ai vu d’un groupe heureuxse balancer l’image ; 6+6 a
35 La plus belle au plus tendreabandonnait sa main. 6+6 a
C’était… l’ai-je rêvé ?c’était cet inhumain, 6+6 a
Comblé de tous les donsque l’amour nous envoie, 6+6 a
Plus qu’elle encor paréd’espérance et de joie ! 6+6 a
Un prestige cruelm’attachait sur le seuil. 6+6 a
40  Sous mon voile de deuil, 6 a
J’ai murmuré comme euxle chant de l’hyménée ; 6+6 a
Mais il était plus tristeà mon âme étonnée 6+6 a
Que le cri de l’oiseauqu’on entend soupirer, 6+6 a
Quand, blessé, sur la riveil est près d’expirer. 6+6 a
45 Dans l’ombre m’enchnaitma douleur curieuse, 6+6 a
 Froide et silencieuse, 6 a
J’ai contemplé longtempsma mort dans leur bonheur ; 6+6 a
Mais les flambeaux éteintsm’en ont caché l’horreur ! 6+6 a
J’ai dormi, je m’éveille,et ma fièvre est calmée. 6+6 a
50 Sommeil, affreux miroir !… Je reprends mon bandeau. 6+6 b
Voici l’aurore enfin !lentement ranimée, 6+6 a
Je vais d’un jour encoreessayer le fardeau. 6+6 b
mètre profils métriques : 6, 6+6
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