Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
DES_1/DES51
Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
ÉLÉGIES
ÉLÉGIE
Qui, toi, mon bien-aimé, t’attacher à mon sort, 6+6 a
Te parer d’une fleur que la tombe t’envie ! 6+6 b
Lier tes jours de gloire à ma tremblante vie, 6+6 b
Et ton baiser d’amour au baiser de la mort ! 6+6 a
5 Me suivre, toi si cher, aux rives enchanes 6+6 a
Que pour jamais bientôt mes pas auront quittées ! 6+6 a
Mes pas que tu soutiens, qui te cherchaient toujours, 6+6 a
Dont la trace légère effleura le rivage 6+6 b
Où tu m’avais montré des fleurs et des beaux jours, 6+6 a
10 Où je vais devant toi passer comme un nuage ! 6+6 b
Oui, devant toi ma vie incline son flambeau, 6+6 a
De ses pâles rayons le dernier va s’éteindre. 6+6 b
Ces fleurs, ces belles fleurs, que je ne puis atteindre, 6+6 b
Tu les effeuilleras un soir sur mon tombeau. 6+6 a
15 La Mort m’a regardée, et ta plainte adorable, 6+6 a
Ma jeunesse, tes vœux, rien ne doit l’attendrir. 6+6 b
Elle m’a regardée, et cette inexorable, 6+6 a
Quand j’écoutais ton chant, m’a dit : Tu vas mourir… 6+6 b
Oh ! non ; prodigue encor les hymnes, les offrandes ; 6+6 a
20 Jette-lui ta couronne et tes lauriers en fleurs ; 6+6 b
Cache-moi dans ton sein, couvre-moi de guirlandes, 6+6 a
Et, longtemps immobile, elle craindra tes pleurs. 6+6 b
Conduis-moi près des flots. La nymphe qui soupire 6+6 a
Y rafraîchit l’air de sa voix : 8 b
25 Cet air doux et mortel, que ma bouche respire, 6+6 a
Brûle moins à l’ombre des bois. 8 b
Vois dans l’eau, vois ce lis dont la tête abaissée 6+6 a
Semble se dérober au sourire des cieux : 6+6 b
Telle, craignant l’Amour et le cherchant des yeux, 6+6 b
30 J’essayais de te fuir, innocente et blessée. 6+6 a
Je demandais aux bois l’oubli de tes accents ; 6+6 a
Un vague, un triste écho m’en rappelait les charmes, 6+6 b
Et dans les rameaux frémissants 8 a
Ton image venait s’attendrir à mes larmes. 6+6 b
35 Un jour, ce fut toi-même, un jour, à mes genoux, 6+6 a
Je te vis sous le saule, ami de mon jeune âge ; 6+6 b
Je ne m’y trouvai plus seule avec ton image, 6+6 b
Il nous cachait ensemble, il se penchait sur nous. 6+6 a
Trop tard, hélas ! trop tard ; et ta flamme timide 6+6 a
40 Enhardit vainement mes timides secrets. 6+6 b
Tu les connus trop tard ; et ma fuite rapide 6+6 a
T’abandonne à de longs regrets. 8 b
Oh ! que je crains pour toi l’aurore désoe 6+6 a
Qui ne pourra me rendre à tes vœux superflus, 6+6 b
45 Quand sa douce lueur, pour moi seule voie, 6+6 a
Ne m’éveillera plus ! 6 b
Mais le ruisseau répond, par un faible murmure, 6+6 a
Au souffle expirant des zéphyrs ; 8 b
La nymphe qui s’endort entraîne mes soupirs 6+6 b
50 À la source déjà moins pure. 8 a
Demain… L’écho plus triste a dit aussi : Demain. 6+6 a
Adieu, ma jeune vie ! adieu, toi que j’adore ! 6+6 b
Ne gémis pas. Ce soir, je serre encor ta main : 6+6 a
Ce soir, efforce-toi de me sourire encore. 6+6 b
mètre profils métriques : 8, 6+6, (6)
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