Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
DES_1/DES31
Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
ÉLÉGIES
ÉLÉGIE
Toi qui m’as tout repris jusqu’au bonheur d’attendre, 6+6 a
Tu m’as laissé pourtant l’aliment d’un cœur tendre, 6+6 a
L’amour ! et ma mémoire où se nourrit l’amour. 6+6 a
Je lui dois le passé ; c’est presque ton retour ! 6+6 a
5 C’est là que tu m’entends, c’est là que je t’adore, 6+6 a
C’est là que sans fierté je me révèle encore. 6+6 a
Ma vie est dans ce rêve où tu ne fuis jamais ; 6+6 a
Il a ta voix ; ta voix ! tu sais si je l’aimais ! 6+6 a
C’est là que je te plains ; car plus d’une blessure, 6+6 a
10 Plus d’une gloire éteinte a troublé, j’en suis sûre, 6+6 a
Ton cœur, si généreux pour d’autres que pour moi : 6+6 a
Je t’ai senti gémir ; je pleurais avec toi ! 6+6 a
Qui donc saura te plaindre au fond de ta retraite, 6+6 a
Quand le cri de ma mort ira frapper ton sein ? 6+6 b
15 Tu t’éveilleras seul dans la foule distraite, 6+6 a
Où des amis d’un jour s’entr’égare l’essaim ; 6+6 b
Tu n’y sentiras plus une âme palpitante 6+6 a
Au bruit de tes malheurs, de tes moindres revers , 6+6 b
Ta vie, après ma mort, sera moins éclatante : 6+6 a
20 Une part de toi-même aura fui l’univers. 6+6 b
Il est doux d’être aimé ! Cette croyance intime 6+6 a
Donne à tout on ne sait quel air d’enchantement : 6+6 b
L’infidèle est content des pleurs de sa victime ; 6+6 a
Et, fier, aux pieds d’une autre il en est plus charmant. 6+6 b
25 L’as-tu dit ?… Oui, cruel, oui, je crois tout possible ; 6+6 a
Je te pardonne tout, sois heureux, tout est bien, 6+6 b
Le ciel qui t’avait fait pour me rendre sensible, 6+6 a
Oublia que pour plaire il ne me donnait rien. 6+6 b
Et je fuis ; je t’échappe au milieu de tes fêtes, 6+6 a
30 Où tant de vœux ont divisé nos pas ! 4+6 b
L’éloignement, triste bienfait, hélas ! 4+6 b
Semble un rideau jeté sur tes conquêtes. 4+6 a
Je n’entends plus ces déchirantes voix, 4+6 a
Qui vont chercher des pleurs jusques au fond des âmes ; 6+6 b
35 Ces mots inachevés, qui m’ont dit tant de fois 6+6 a
Les noms changeants de tes errantes flammes ; 4+6 b
Je les sais tous ! ils ont brisé mes vœux ; 4+6 a
Mais je n’étouffe plus dans mon incertitude : 6+6 b
Nous mourrons désunis ; n’est-ce pas, tu le veux ? 6+6 a
40 Pour t’oublier, viens voir !… qu’ai-je dit ? vaine étude, 6+6 b
Où la nature apprend à surmonter ses cris, 6+6 a
Pour déguiser mon cœur, que m’avez-vous appris ? 6+6 a
La vérité s’élance à mes lèvres sincères ; 6+6 a
Sincère, elle t’appelle, et tu ne l’entends pas ! 6+6 b
45 Ah ! sans t’avoir troublé qu’elle meure tout bas ! 6+6 b
Je ne sais point m’armer de froideurs mensongères : 6+6 a
Je sais fuir ; en fuyant on cache sa douleur, 6+6 a
Et la fatigue endort jusqu’au malheur. 4+6 a
Oui, plus que toi l’absence est douce aux cœurs fidèles : 6+6 a
50 Du temps qui nous effeuille elle amortit les ailes ; 6+6 a
Son voile a protégé l’ingrat qu’on veut chérir : 6+6 a
On ose aimer encore, on ne veut plus mourir. 6+6 a
mètre profils métriques : 6+6, 4+6
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