Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
DES_1/DES2
Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
IDYLLES
LES ROSES
L’air était pur, la nuit régnait sans voiles ; 4+6 a
Elle riait du dépit de l’Amour ; 4+6 b
Il aime l’ombre, et le feu des étoiles, 4+6 a
En scintillant, formait an nouveau jour : 4+6 b
5 Tout s’y trompait. L’oiseau, dans le bocage, 4+6 a
Prenait minuit pour l’heure des concerts ; 4+6 b
Et les zéphyrs, surpris de ce ramage, 4+6 a
Plus mollement le portaient dans les airs. 4+6 b
Tandis qu’aux champs quelques jeunes abeilles 4+6 a
10 Volaient encore en tourbillons légers, 4+6 b
Le Printemps en silence épanchait ses corbeilles, 6+6 a
Et de ses doux présents embaumait nos vergers. 6+6 b
Ô ma mère ! on eût dit qu’une fête aux campagnes, 6+6 a
Dans cette belle nuit, se célébrait tout bas ; 6+6 b
15 On eût dit que de loin mes plus chères compagnes 6+6 a
Murmuraient des chansons pour attirer mes pas. 6+6 b
J’écoutais, j’entendais couler, parmi les roses, 6+6 a
Le ruisseau qui, baignant leurs couronnes écloses, 6+6 a
Oppose un voile humide aux brûlantes chaleurs ; 6+6 a
20 Et moi, cherchant le frais sur la mousse et les fleurs, 6+6 a
Je m’endormis. Ne grondez pas, ma mère ! 4+6 a
Dans notre enclos qui pouvait pénétrer ? 4+6 b
Moutons et chiens, tout venait de rentrer, 4+6 b
Et j’avais vu Daphnis passer avec son père. 6+6 a
25 Au bruit de l’eau, je sentis le sommeil 4+6 a
Envelopper mon âme et mes yeux d’un nuage, 6+6 b
Et lentement s’évanouir l’image 4+6 b
Que je tremblais de revoir au réveil : 4+6 a
Je m’endormis. Mais l’image, enhardie, 4+6 a
30 Au bruit de l’eau se glissa dans mon cœur. 4+6 b
Le chant des bois, leur vague mélodie, 4+6 a
En la berçant, fait rêver la pudeur. 4+6 b
En vain, pour m’éveiller, mes compagnes chéries, 6+6 a
En me tendant leurs bras entrelacés, 4+6 b
35 Auraient fait de mon nom retentir les prairies ; 6+6 a
J’aurais dit : « Non ! je dors, je veux dormir ! dansez ! » 6+6 b
Mille songes couraient ; c’étaient les seuls nuages 6+6 a
Que la lune teignît de ses vagues lueurs : 6+6 b
Comme les papillons sur leurs ailes volages 6+6 a
40 De l’air qui les balance empruntent les couleurs. 6+6 b
Calme, les yeux fermés, je me sentais sourire ; 6+6 a
Des songes prêts à fuir je retenais l’essor ; 6+6 b
Mais las de voltiger, (ma mère, j’en soupire !) 6+6 a
Ils disparurent tous ; un seul me trouble encor ; 6+6 b
45 Un seul. Je vis Daphnis franchissant la clairière ; 6+6 a
Son ombre s’approcha de mon sein palpitant ; 6+6 b
C’était une ombre, et j’avais peur pourtant ; 4+6 b
Mais le sommeil enchnait ma paupière. 4+6 a
Doucement, doucement, il m’appela deux fois ; 6+6 a
50 J’allais crier, j’étais tremblante ; 8 b
Je sentis sur ma bouche une rose brûlante, 6+6 b
Et la frayeur m’ôta la voix. 8 a
Depuis ce temps, ne grondez pas, ma mère, 4+6 a
Daphnis, qui chaque soir passait avec son père, 6+6 a
55 Daphnis me suit partout, pensif et curieux. 6+6 a
Ô ma mère ! il a vu mon rêve dans mes yeux ! 6+6 a
mètre profils métriques : 8, 4+6, 6+6
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