Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
DES_1/DES29
Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
ÉLÉGIES
LA NUIT D’HIVER
Qui m’appelle à cette heure et par le temps qu’il fait ? 6+6 a
C’est une douce voix, c’est la voix d’une fille. 6+6 b
Ah ! je te reconnais ; c’est toi, Muse gentille ? 6+6 b
Ton souvenir est un bienfait. 8 a
5 Inespéré retour ! aimable fantaisie ! 6+6 a
Après un an d’exil qui t’amène vers moi ? 6+6 b
Je ne t’attendais plus, aimable Poésie ; 6+6 a
Je ne t’attendais plus, mais je rêvais à toi. 6+6 b
Loin du réduit obscur où lu viens de descendre, 6+6 a
10 L’amitié, le bonheur, la gaieté, tout a fui. 6+6 b
Ô ma Muse ! est-ce toi que j’y devais attendre ? 6+6 a
Il est fait pour les pleurs et voilé par l’ennui. 6+6 b
Ce triste balancier, dans son bruit monotone, 6+6 a
Marque d’un temps perdu l’inutile lenteur ; 6+6 b
15 Et j’ai cru vivre un siècle, enfin, quand l’heure sonne, 6+6 a
Vide d’espoir et de bonheur. 8 b
L’hiver est tout entier dans ma sombre retraite : 6+6 a
Quel temps as-tu daigné choisir ? 8 b
Que doucement par toi j’en suis distraite ! 4+6 a
20 Oh ! quand il nous surprend, qu’il est beau le plaisir ! 6+6 b
D’un foyer presque éteint la flamme salutaire 6+6 a
Par intervalle encor trompe l’obscurité ; 6+6 b
Si tu veux écouter ma plainte solitaire, 6+6 a
Nous causerons à sa clarté. 8 b
25 Petite Muse, autrefois vive et tendre, 4+6 a
Dont j’ai perdu la trace au temps de mes malheurs, 6+6 b
As-tu quelque secret pour charmer les douleurs ? 6+6 b
Viens ! nul autre que toi n’a daigné me l’apprendre. 6+6 a
Écoute ! nous voilà seules dans l’univers, 6+6 a
30 Naïvement je vais tout dire : 8 b
J’ai rencontré l’Amour, il a brisé ma lyre ; 6+6 b
Jaloux d’un peu de gloire, il a brûlé mes vers. 6+6 a
« Je t’ai chanté, lui dis-je, et ma voix, faible encore, 6+6 a
Dans ses premiers accents parut juste et sonore. 6+6 a
35 Pourquoi briser ma lyre ? elle essayait ta loi. 6+6 a
Pourquoi brûler mes vers ? je les ai faits pour toi. 6+6 a
Si de jeunes amants tu troubles le délire, 6+6 a
Cruel, tu n’auras plus de fleurs dans ton empire ; 6+6 a
Il en faut à mon âge, et je voulais, un jour, 6+6 a
40 M’en parer pour te plaire, et te les rendre, Amour ! 6+6 a
Déjà je te formais une simple couronne, 6+6 a
Fraîche, douce en parfums. Quand un cœur pur la donne, 6+6 a
Peux-tu la dédaigner ? Je te l’offre à genoux ; 6+6 a
Souris à mon orgueil et n’en sois point jaloux. 6+6 a
45 Je n’ai jamais senti cet orgueil pour moi-même, 6+6 a
Mais il dit mon secret, mais il prouve que j’aime. 6+6 a
Eh bien ! fais le partage en généreux vainqueur : 6+6 a
Amour, pour toi la gloire, et pour moi le bonheur. 6+6 a
C’est un bonheur d’aimer, c’en est un de le dire. 6+6 a
50 Amour, prends ma couronne, et laisse-moi ma lyre ; 6+6 a
Prends mes vœux, prends ma vie ; enfin, prends tout, cruel ! 6+6 a
Mais laisse-moi chanter au pied de ton autel. » 6+6 a
Et lui : « Non, non ! Ta prière me blesse ; 4+6 a
Dans le silence, obéis à ma loi : 4+6 b
55 Tes yeux en pleurs, plus éloquents que toi, 4+6 b
Révéleront assez ma force et ta faiblesse. » 6+6 a
Muse, voilà le ton de ce maître si doux. 6+6 a
Je n’osai lui répondre, et je versai des larmes ; 6+6 b
Je sentis ma blessure, et je maudis ses armes. 6+6 b
60 Pauvre lyre ! je fus muette comme vous ! 6+6 a
L’ingrat ! il a puni jusques à mon silence. 6+6 a
Lassée enfin de sa puissance, 8 a
Muse, je te redonne et mes vœux et mes chants. 6+6 a
Viens leur prêter ta grâce, et rends-les plus touchants. 6+6 a
65 Mais tu pâlis, ma chère, et le froid t’a saisie ! 6+6 a
C’est l’hiver qui t’opprime et ternit tes couleurs. 6+6 b
Je ne puis t’arrêter, charmante Poésie ! 6+6 a
Adieu ! tu reviendras dans la saison des fleurs. 6+6 b
mètre profils métriques : 8, 6+6, 4+6
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