Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
DES_1/DES176
Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
POÉSIES INÉDITES
MÉLANGES
LE VER LUISANT
Juin parfumait la nuit, | et la nuit transparente 6+6 a
N’était qu’un voile frais | étendu sur les fleurs : 6+6 b
L’insecte lumineux, | comme une flamme errante, 6+6 a
Jetait avec orgueil | ses mobiles lueurs. 6+6 b
5 « J’éclaire tout, dit-il, | et jamais la Nature 6+6 a
N’a versé tant d’éclat | sur une créature ! 6+6 a
Tous ces vers roturiers | qui rampent au grand jour, 6+6 a
Celui qui dans la soie | enveloppe sa vie, 6+6 b
Cette plèbe des champs, | dont j’excite l’envie, 6+6 b
10 Me fait pitié, me nuit | dans mon vaste séjour. 6+6 a
Nés pour un sort vulgaire | et des soins insipides, 6+6 a
Immobiles et froids | comme en leurs chrysalides, 6+6 a
La nuit, sur les gazons, | je les vois sommeiller. 6+6 a
Moi, lampe aventureuse, | au loin on me devine ; 6+6 b
15 Étincelle échappée | à la source divine, 6+6 b
Je n’apparais que pour briller. 8 a
Sans me brûler, j’allume | un phare à l’espérance ; 6+6 a
De mes jeunes époux | il éveille l’amour ; 6+6 b
Sur un trône de fleurs, | belles de ma présence, 6+6 a
20 J’attire mes sujets, | j’illumine ma cour. 6+6 b
Et ces feux répandus | dans de plus hautes sphères, 6+6 a
Ces diamants rangés | en phares gracieux, 6+6 b
Ce sont assurément mes frères 8 a
Qui se promènent dans les cieux. 8 b
25 Les rois qui dorment mal | charment leur insomnie 6+6 a
À regarder courir | ces légers rayons d’or ; 6+6 b
Au sein de l’éclatante | et nocturne harmonie, 6+6 a
C’est moi qu’ils admirent encor : 8 b
Leur grandeur en soupire, | et rien dans leur couronne 6+6 a
30 N’offre l’éclat, vivant | dont seul je m’environne ! » 6+6 a
Ainsi le petit ver | se délectait d’orgueil ; 6+6 a
Il brillait. Philomèle, | à sa flamme attentive, 6+6 b
Interrompt son hymne de deuil 8 a
Que le soir rendait plus plaintive. 8 b
35 Jalouse, ou rappelant | quelque exilé chéri, 6+6 a
Mélodieuse encor | dans son inquiétude, 6+6 b
Amante de ses pleurs | et de la solitude, 6+6 b
Elle épuisait son cœur | d’un lamentable cri. 6+6 a
N’ayant de tout le jour | cherché la moindre proie, 6+6 a
40 Par instinct, sans projet, sans joie, 8 a
Elle descend à la lueur 8 a
Qui sert de fanal pour l’atteindre ; 8 b
Et, sans même goûter | de plaisir à l’éteindre, 6+6 b
S’en nourrit, pour chanter | plus longtemps sa douleur. 6+6 a
mètre profils métriques : 8, 6+6
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